La tour dut être impressionnante avant que la mer ne commence son travail de dégradation lente et efficace et ne gronde contre la pierre chaque jour de tempête. Erafflé, abîmé, le phare se dresse tout contre la mer, perché sur une falaise à quelques mètres à l'Est du port. La lumière étant prodiguée par un feu de bois coûteux que personne n'a envie de payer, on l'allume seulement lors des jours de gros temps ou quand un navire est en vue. Quand le brasier flamboie du haut de sa plateforme, nombre sont les marins qui crachent dans l'eau en pensant au pécule qu'il faudra donner au gardien, une fois arrivés au port.

Lieu à moitié abandonné, il domine la mer, en prévision d'une quelconque attaque qui ne viendra pas, puisque les attaquants, c'est nous. On y conserve pourtant religieusement deux canons d'une puissance considérable ainsi qu'une réserve de poudre et de balles. Au-dessous du sol de terre battue, des cachots humides qu'on n'utilise plus depuis des lustres et dont les clés sont rouillés a du servir un jour, peut être, avant que l'île ne soit aux mains des prisonniers...