Voilà un an que je parcourais les mers. Un an que j’écumais les bars, pillaient les bateaux d’honnête gens et ce dans le but de retrouver l’assassin de ma défunte famille. Me rappelant des gros détails, je m’apercevais que petit à petit ces souvenirs aussi lointains que ressent commençaient à disparaître. Pourtant, au fil du temps et des aventures qui faisaient de moi le pirate que j’étais aujourd’hui, ma rancœur envers mes assassins s’amenuisait. Ainsi je faisais maintenant mon travail et m’efforçais d’être un bon membre de cet équipage qui je devais bien l’avouer était ma seule famille. Devenu aigri et quelque peu désenchanté, je m’accrochais à ce qui me répugnais autrefois.
Tuer, piller sans scrupule de presque honnête gens m’aurait rien qu’à y pensé filer la nausée il y a de cela un an. Mais aujourd’hui, alors que Pietr Lancaster, le célèbre coutelier coulait toujours dans mes veines, je n’étais qu’Oeil Sombre un pirate sans réel vergogne apparente.
Revêtant de sombre vêtement, je préservais toujours mes deux derniers couteaux, seul rescapé de ma vie passée. Et pourtant, ce matin alors que le ciel portait toujours sa parure brillant aux mille éclats et que le feu n’avait pas encore embrasé l’horizon, je me levais des dortoirs pour vaquer à mes occupations de charpentier.
T’auras un peu d’aide l’Oeil Sombre ! Qu’on m’avait dit ! Pfeuh ! Comme si j’en avais besoin ! Je me levais donc, les yeux et le caractère plus sombre encore que d’habitude. Un pas devant l’autre, encore quelques peu enivré par la boisson de la veille, je sortais à présent de la pièce quand un morveux m’interpella… Moi… M’interpeller de si mauvais matin… L’imprudent…
Tout le monde sur ce rafiot sais pourtant que parler n’est pas mon fort, tout le monde sait aussi qu’être sociable n’est pas non plus mon fort, tout comme tout le monde sait aussi que le matin de si tôt personne n’ose trop parler à qui que ce soit… Qui était-il donc pour ignorer tout cela. Posant alors mes yeux exaspéré dans les siens je m’aperçus que ce n’était qu’un enfant et qui plus ait, un enfant avec une frimousse qui m’était inconnue.
Un nouveau. Manquait plus que ça… Grognant devant le mot charpentier je le toisais quelques instants.
« L’a comme qui dirait d’la chance l’Nouveau ! C’moi le charpentier ! Alors prends ça ! Suis-moi ! Et surtout ferme là, j’veux rien entendre avant que cette bouteille soit vide ! »
Plutôt dure, il fallait dès à présent lui forger une carapace qui lui permettrait de survivre, car la vie de pirate bien que sujet de mille rêverie et aventures, était il ne fallait pas l’oublier une des plus dangereuse ! Et se taire le matin était déjà un grand pas dans sa lutte pour sa survie ! Lui donnant donc mes outils, je me dirigeais vers ce qui allait être notre atelier, car la mousse et l’eau avait attaqué à cet endroit la coque de ce maudit rafiot !