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 [Flashback] Naissance d'un praticien...

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Invité

Anonymous

[Flashback] Naissance d'un praticien... Vide
MessageSujet: [Flashback] Naissance d'un praticien...   [Flashback] Naissance d'un praticien... EmptySam 22 Jan - 23:19

Balthazar-Antxoka. Un prénom composé peu courant, pour un individu à la trajectoire peu courante. La première partie de ce prénom, il la devait à sa couleur de peau. La seconde, aux origines de son maître.

Cinq ans auparavant, Balthazar-Antxoka s'appelait Mopu Makutu. Il élevait, au sein de sa tribu de Sénégambie, des vaches. Il ne parlait pas un traître mot de français et n'avait jamais vu d'hommes blancs. Désormais, Balthazar-Antxoka pouvait, dans la langue de Molière deviser, des heures durant, sur la subtile ironie déployée par Fontenelle dans son
Histoire des Oracles, ou même sur les relations entre politique et économie telles que décrites par Condillac. Le jeune esclave était un animal savant, modelé par son maître.

D'ailleurs, si cet homme noir, richement vêtu et joliment apprêté, déambulait d'un pas pressé dans les rues de Tortuga, c'était en service commandé pour ce même maître. Il était accompagné de deux garnements édentés, lourdement entravés de précieux chargements : divers ouvrages, signés Pierre Dionis, Bernardino Ramazzini, Wiliam Harvey ou Marcello Malpighi, mais aussi et surtout plusieurs mallettes d'instruments médicaux et autres outils de coupe. Tout ce qu'il fallait pour faire illusion.

Le petit convoi fit escale dans une boutique bancale et miteuse, pompeusement nommée "Boucherie". Et c'est finalement renforcé d'un porcelet hurlant que l'équipage reprit son chemin. Arrivés dans une ruelle, assombrie par les encorbellements, Balthazar-Antxoka et ses blancs porteurs, disparurent dans une maison.

Deux étages plus haut, des bougies, des livres et des miroirs. Louis-Isidore Sarria de Berrakatza, dont la verve littéraire se vit subitement freinée par le bruit des cris porcins, fronça les sourcils, déposa délicatement la plume puis quitta son bureau. Passant devant un miroir, le Basque esquissa un sourire. Ode à la beauté, son reflet ne cesserait jamais de flatter ses pupilles. Mais trêve d'émerveillement, Sarria de Berrakatza déploya ses félins talents pour avaler une trentaine de marches et rallier la cuisine où son nègre venait de congédier les deux mioches.

Louis-Isidore passa une main sur la tête crépue de Balthazar-Antxoka. Ce dernier ne put réprimer un large sourire. Il appréciait particulièrement les quelques marques d'affection que daignait parfois lui manifester son maître, fussent-ils de même nature que ceux que l'on adresse à un chien.



"Je me passerai bien de sa complainte. Fais le taire…"


Réfugié sous la table, le porcelet semblait décidément peu enclin à se faire discret. Ne lui en déplaise, il n'était pas là pour chanter, mais bien pour se faire charcuter. Balthazar-Antxoka, enfila la cagoule de bourreau et se munit d'une épée à la colichemarde. Peu expérimenté dans le domaine de la chasse en milieu cuisinier, le jeune esclave tenta une première estocade à la base de la tête. Cris et sang. Le porcelet quitta furieusement son refuge pour disperser son hémoglobine dans toute la pièce. Le boucan était terrible. Et le pauvre Balthazar-Antxoka, frappant d'estoc et de taille, finit par mortellement toucher la bête qui vint magnifiquement cracher son dernier souffle aux pieds de l'impassible Basque.


"Efficacité douteuse et hygiène incertaine. Voilà qui aura, néanmoins, l'avantage de me fournir matière à exercer mes talents pour la suture."


On ne devient pas médecin sans faire couler de sang…

Il y avait deux semaines de cela, Louis-Isidore Sarria de Berrakatza vantait, devant un certain Bram Alkemade, sa longue expérience de médecine dans la Royale. Il parlait, avec force de détails de ces amputations, dans un orage de canonnades. Il exposait aussi les mesures élémentaires de lutte contre le scorbut, à base de citrons, d'oranges et de choux. Il concluait en affirmant modestement être le plus compétent disciple d'Hippocrate de toutes les Caraïbes.

Alors, évidemment, après de telles promesses, Louis-Isidore n'avait d'autres choix que d'oeuvrer d'arrache-pieds. D'autant plus qu'Alkemade l'avait engagé. Le Docteur Sarria de Berrakatza embarquait dans trois jours. Après les sutures, il s'exercerait aux amputations, puis à l'arrachage de dents. Comme rien ne ressemble plus à un pirate qu'un porc sanguinolant, le Basque ne doutait pas de ses capacités à faire un excellent médecin à bord du Bloody Revenge...
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