Une lame décapita une pauvre plante qui n'avait rien demandé. Elle profitait paisiblement de la compagnie de ses soeurs, s'abreuvant à sa source, se nourrissant grâce à ses racines. Elle vivait, poussait et fut implacablement tranchée en menus morceaux. Le sabre du Capitaine faisait des merveilles et frayait un chemin praticable pour son expédition. Mary Bell était en tête. Personne d'autres n'avait le droit de prendre les devants. C'était sa place. Quelques dangers qu'il puisse y avoir au-delà de l'épais feuillage qu'elles traversaient, la pirate n'aurait permis à personne de s'imposer devant elle. C'était à elle d'ouvrir la voie. A elle d'explorer les lieux. A elle de poser son pied avant les autres sur ses terres inexplorées – depuis un moment. En effet, il fallait bien reconnaître que quelqu'un était déjà passé par là, car sinon comment pouvaient-elles espérer trouver un trésor en ces lieux ?

C'était donc le bras fort, vif et sans merci que Mary Bell avançait à travers la Jungle de Cozamalotl, ses filles à sa suite.

[Bon, et bien, comme convenu... è_é
Ema, si tu es toujours là, tu peux répondre à la suite ! ]

Et quelques filles involontairement à sa suite.

Chacune était bien partie de son côté, les taches avaient été exécutées simplement et sans désordre. Thétis avait à sa suite quelques filles, mais contrairement à sa glorieuse capitaine, elle laissait bien volontiers une mousse un peu zélée et enthousiaste de la grande aventure balayer le chemin. La seconde n'avait pas envie de se fatiguer inutilement le bras (pourquoi faire ce que l'on peut faire faire à d'autre ?), peiner et suer sous un efforts contraignant. Elle s'en passait bien volontiers.

À la place, elle gardait sous ses yeux sa plume, qui lui avait donné l'idée de venir ici. Et maintenant, était-ce toujours une bonne idée ? Ou une entreprise vaine ? Bah. Au moins, ça faisait de l'activité, pensait-elle en un sourire. Elle caressa encore un peu la tranche douce avant de rentrer brutalement dans la mousse qu'elle suivait. Cette dernière avait les yeux ronds, la bouche entrouverte et émettait des « heu » fort peu confiant. La seconde leva la tête et un sourire irradiât de son visage.

« Je le savais ! S'exclama-t-elle, Je savais que cette plume me conduirait vers le plus beau de tout les trésors ! »

Thétis bondit en avant, saisit le bras de son trésors présentement incarné sous la forme de Mary Bell et lui lança un regard amoureux.

« La mia principessa, je suis si heureuse de te revoir ! Ton absence m'en a horriblement coûtée ! Écoute, je pense que c'est le destin qui m'a fait retrouver ton chemin. Et tu sais que je refuse de luter contre le destin. »

L'égyptienne fit un demi-tour théâtrale, brandit sa plume en avant et chantonna :

« Allons, Bello, là où la plume nous l'indique ! Ensemble ! Bravons les dangers et trouvons la suite de ce destin qui nous a fait nous retrouver !»

Thétis s'accorda à penser que si cette plume avait le pouvoir de retrouver Mary Bell quand elle le voulait, alors, ce serait la plus merveilleuse des trouvailles qu'elle avait un jour acquis.

Du sable, du sable, et encore du sable! Rien de bien interessant... Et aucun indice qui aurait pu les mettre sur la voie du tresor. Alors quand elles decidérent de penetrer un peu plus loin dans les terres, Ema fut un peu soulagée : au moins elle trouverait plus facilement des herbes et de quoi ravitailler la reserve de la coquerie! Mais il faut croire que la plume de Thétis avait choisit un autre chemin, car au bout de quelques minutes ou Ema commençait à se demander si elles étaient perdues, elle s'enfoncérent plus profondément dans la jungle et retrouvérent l'autre groupe! Mais visiblement elles n'avaient pas fait plus de progrés qu'elles. Mais à moins que les propriétaires du tresor aient prit le risque de l'enterrer sur la plage, il y avait plus de chance qu'il se trouve dissimulé dans la jungle! Ou alors ils avaient pensé que tout le monde se dirait que c'était trop facile de trouver un tresor sur une plage et qu'un tresor de cet ampleur serait mieux caché à l'interieur de l'île, et du coup la cachette la plus sûre serait la plus évidente : en plein milieu de la plage! Et donc... Oula, Ema du s'arrêter un instant de penser pendant que les deux groupes se rejoignaient, car si elle continuait à laisser ses pensées aller ainsi, elle allait finir par se faire un mal de crâne horrible!

Mais aprés tout, comme on dit, plus on est de folles, plus on rit, et plus on trouve de tresor? Il n'y avait plus qu'à ratisser toute la jungle... Une entreprise qui risquait de leur prendre plus d'une journée! Heureusement, la coque avait prévue de quoi faire un bon bivouac, et en ajoutant ce qu'elle avait déniché sur le chemin, elles pourraient se regaler pendant au moins 2 jours!
Elle adressa un sourire à sa seconde en ajoutant d'un air enjoué:
"On vous suit!"
Bien que la cuisiniére plaçait plus sa confiance en l'équipage plutôt que dans une plume...

Puis soudain, un cri. Reconnaissable entre milles, avec un léger accent du sud... Thétis fit une apparition virevoltante devant ses yeux avant de s'accrocher à son bras, le regard énamouré. Mary fut surprise, bien évidemment. Elle avait laissé sa second sur la plage avec la moitié de l'équipage pour couvrir plus de terrain... et elle la retrouvait déjà dans ses pattes.
En effet, Mary pouvait croire que le destin s'acharnait à ne pas vouloir les séparer. Ce qui n'était pas une mauvaise chose en soi. Évidemment que Mary tenait beaucoup à son égyptienne de trublion, mais cela contrariait ses plans du moment. Ce fut pourquoi elle n'accueillit pas Thétis avec un franc sourire. Elle la regarda tourbillonner devant elle, déclamant sa poésie. Pour Mary, les paroles de la croyante mystique étaient musique. Même si elle ne faisait que lire le menu du coq.

Soudain, alors que Thétis venait de prendre sa pose finale et de finir son discours improvisé, il y eut un son, connues de toutes. Une corde qui se tend. La surprise sur les traits de Thétis, une seconde avant qu'elle ne prenne son envol. Littéralement. Toutes levèrent la tête au ciel, suivant l'étrange prise au filet à laquelle elles venaient d'assister.
La poigne sur son épée se resserra. Qui avait osé ? S'indigna la Capitaine. La colère montait aussi sûrement et rapidement que ne l'avait fait le piège.
Elle beugla un chapelet de jurons qui firent rougir la plupart de ses filles.

« Qu'on la détache ! Saborder moi ce piège ! Je veux ce filet réduit en miettes ! » cria-t-elle fort à son équipage qui s'empressa d'obéir aux injonctions.

« Comment osent-ils s'en prendre à ma Thétis ! » fulmina Mary.

L’œil vif, elle épiait le moindre mouvement des feuillages. Elle se sentait traquée, suivie. Elle détestait cette sensation.

«Fouillez les alentours ! Je ne veux pas qu'un tel spectacle se reproduise. Exécution !! »

Ce qui fut ordonné, fut fait.

Thétis en eut le souffle coupé. La surprise était si totale qu'elle ne pu que se crisper en boule, de peur qu'autre chose se produise. Elle s'étranglait, même sa peau balzanée devenait d'un rouge inquiétant. Elle se gigota et parvint à présenter son dos au sol et enfin, l'air afflua dans ses poumons et un long trémolo chargé d'amour s’échappa des lèvres de l'égyptienne.

Mary avait dit « ma Thétis ».

La seconde en oubliait presque où elle était d'ailleurs, totalement plongé sur son petit nuage d'euphorie. Pourtant, la chute promettait d'être douloureuse. Une des mousse agita les bras, interprétant tout ses signes comme annonciateurs d'un trépas prochain de sa supérieur. La cordes fut coupée, la prisonnière relâchée.

«  Hieeeeerk !! »

Oui, plus haut était l'effet planant, plus dur était la chute, Thétis pouvait en témoigner. La voix rauque par la douleur, de nouveau sur terre de manière littéral et imagée, elle commenta :

«  Depuis quaaaand une îles déserte produit-elle des pièges ? »

Elle aurait voulu se relever, mais son dos était trop douloureux. À la place, elle agrippa du bout des doigts le pièges et l'examina.

«  Ce n'est pas animal, ça, Bello. C'est même trop bien fait pour être l’œuvre d'un amateur. Y'aurait-il quelqu'un ? Équipage, même ? On est pas seule. Et c'est très ennuyeux. »

Thétis laissa sa tête tomber contre le sol et soupira. Elle ouvrir les yeux et observa une volée d'oiseau tâcher le ciel bleu comme de l'encre qui éclabousse un parchemin. C'était joli, pensa-t-elle.