Cap à l'Ouest !
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 Un trésor princier? [PV: équipage du Prince des Tempêtes]

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Charlie Withmore

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Charlie Withmore

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MessageSujet: Un trésor princier? [PV: équipage du Prince des Tempêtes]   Un trésor princier? [PV: équipage du Prince des Tempêtes] EmptyDim 14 Aoû - 16:25

Le canot tanguait, oscillant sur les vagues agitées qui, plus loin, allaient lécher de leur écume blanche les plages de l’île. Minuscule reflet du Prince des Tempêtes qui mouillait plus au large, l’embarcation était tout aussi fiable et bien entretenue ; hors de question pour son capitaine de débarquer à bord d’un vulgaire tas de planches, non. En bon ambassadeur, tout canot se devait d’être aussi fier et impeccable que le bâtiment dont il était issu. Sa coque fendant les flots, il se rapprochait de plus en plus, propulsé par les puissants coups d’avirons de Charlie Withmore. Les manches de sa chemise blanche retroussée sur ses bras épais, l’écossais maniait les rames avec adresse et sans grands efforts. La distance était trop courte pour qu’il y trouve réellement le temps de s’épuiser, et un tel exercice n’arrivait finalement qu’à le stimuler. Il aurait évidemment pu ordonner à quelque mousse costaud de se charger des rames mais, de temps à autre, l’écossais n’aimait rien tant que de mettre les mains à la pâte. Simplement pour se prouver qu’il en était toujours capable, et pour montrer aux matelots qu’il était prêt à y mettre du sien au moins autant que chacun d’entre eux. Selon lui, on ne pouvait bien mener ses hommes lorsqu’on passait son temps en retrait à donner ses ordres. Afin de mériter son respect de son équipage, il fallait que ce dernier sache qu’on n’hésiterait pas à le joindre dans l’effort. Plus d’une fois, lors de son temps dans la marine anglaise, Charlie avait vu des soldats perdre confiance en des officiers ne mouillant jamais leur uniforme. Et dans le monde de la piraterie plus encore que dans un autre, il était capital de ne pas faire douter de ses capacités ceux qui assuraient vos arrières lors d’un abordage…

Voila donc pourquoi le second du Prince des Tempêtes avait décidé d’amener lui-même l’engin à bon port. Les yeux plissés sous le soleil, il plongeait sans jamais se plaindre les rames dans l’eau, l’esprit serein. Toute tâche physique avait ceci d’agréable qu’elle vous apaisait l’esprit, et Charlie tenait à se lancer dans l’expédition une fois à terre avec les idées claires. Car le moment était enfin venu pour les compagnons du Prince de se lancer sur la piste du trésor dont le sabre d’Evan Lenoir était la promesse. Après les spéculations dans la cambuse, le capitaine Lewis n’avait pas mis longtemps avant de donner ses ordres. On avait gonflé les voiles, manœuvré le gouvernail et le vaisseau s’était tourné tout entier vers son nouveau but. Qu’il était bon d’avoir à nouveau un cap, d’autant plus prometteur d’aventures et de richesses ! Trop heureux d’être enfin à la poursuite d’un objectif, les membres d’équipage avaient commencé à muer leur tension malsaine en une excitation fébrile. Dans les voilures, dans la cale, sur le pont, les rumeurs allaient bon train quant à la nature du trésor et à ce qu’on ferait de sa part de butin. Bien sûr, l’île de Nueva Mallorca n’était que la déduction la plus probable à laquelle étaient arrivés les instigateurs de cette chasse au trésor, mais hors de question de jouer les pessimistes et de s’imaginer rentrer bredouille ! On était en mer depuis trop longtemps pour cela, et il était plus que temps de changer d’air et de s’en mettre plein les poches. Et Charlie espérait vivement que ce serait effectivement le cas, n’ayant aucune envie d’imaginer l’effet sur le moral à bord si cette folle équipée ne s’avérait être qu’un coup d’épée dans l’eau. Et à cette pensée, Withmore observa du coin de l’œil Jan Mainwaring, le bosco à la triste réputation. Jusqu’à maintenant et malgré la déconfiture d’autant de temps sans la moindre prise, le maître d’équipage ne semblait pas avoir profité de la situation, continuant d’accomplir son travail avec son efficacité coutumière. Car malgré ses manières et ses yeux froids, le maître d’équipage avait l’oreille de tous ou presque, et son rôle était donc d’autant plus crucial. Ce qui poussait sans cesse Charlie à avoir l’impression de se retrouver avec une véritable bombe à retardement, même si l’irlandais n’avait pas encore fait montre des vilénies qu’on voulait bien lui prêter. Comme toujours, Charlie s’en remettait au jugement du capitaine Lewis qui, installée à la proue de la barque, fixait la plage de l’air décidé qui était chez elle une seconde nature.

Outre Scarlett Lewis et Jan Mainwaring, le canot transportait aussi Evan Lenoir, le borgne dont le sabre avait déterminé toute cette expédition, ainsi que les deux matelots enthousiastes qu’étaient Billie Carter et Joachim Fisher. Si tous semblaient aussi enthousiastes qu’un autre à l’idée de cette aventure, Evan n’en semblait pas moins plus circonspect, notamment concernant la présence de Mainwaring à leurs côtés, l’irlandais s’étant joint à eux au dernier moment. Là encore, Charlie avait de la peine à ne pas imaginer le bosco doté d’un sombre agenda mais Scarlett ne s’était pas opposée à sa venue, et ce n’était pas le rôle de Chip que de se heurter au maître d’équipage sans raison valable. Ce qui ne l’empêchait pas d’apprécier savoir Evan aussi attentif que lui ; ils ne seraient pas trop de deux à scruter les moindres faits et gestes de l’animal… Embarqué avec eux, le matériel nécessaire encombrait le pont du canot : vivres, machettes, pelles, boussole et tout ce qui ne pouvait manquer d’être utile lors d’une bonne chasse au trésor. Des mots qui sonnaient agréablement aux oreilles de Charlie, semblant tout droit sortir de ces romans d’aventures dont il était si friand …

Alors, quand leur embarcation atteint enfin la plage, ce fut avec un enthousiasme non feint que Charlie sauta par-dessus bord, ses bottes plongeant dans l’eau jusqu’aux genoux. Tirant la barque à sec, il aida les autres à décharger et, d’un air ravi, contempla le décor de l’île qui s’offrait à eux… Le temps était clément, le Prince n’avait rencontré aucune marine d’une couronne ou d’une autre, et un trésor les attendait peut-être quelque part sur ces terres, au cœur des arbres verts ou dissimulé au fin fond d’une caverne, allez savoir… Hissant un sac de toile chargé de matériel sur son épaule, il se tourna vers Lewis et les autres, un franc sourire aux lèvres à l’idée de partir à l’aventure :

« Nous voici arrivés : Nueva Mallorca ! Du sable, des arbres, des cailloux et dieu sait quoi d’autre ! L’aventure nous tend les bras, et nous n’avons plus qu’à l’accueillir ! Rien de tel pour vous mettre un homme en joie ! »

Et voilà, il ne leur restait plus qu’à se décider de la marche à suivre maintenant qu’ils étaient à terre, ainsi que l’ordre de leur capitaine, prête à mener leur fière expédition comme les avait menés tant de fois en abordages victorieux. Nueva Mallorca et ses secrets n’attendaient plus qu’eux…


Charlie >> Joacquim >> Billie >> Jan >> Evan >> Scarlett
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Joacquim Fisher

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MessageSujet: Re: Un trésor princier? [PV: équipage du Prince des Tempêtes]   Un trésor princier? [PV: équipage du Prince des Tempêtes] EmptyMar 16 Aoû - 14:00

Joacquim avait d'abord accueillit d'un air dubitatif la nouvelle (parce que encore une fois il n'avait rien pigé à ce qu'on lui avait dit) avant de littéralement sauter au plafond de la cuisine après qu'on ai prît le temps de lui expliquer lentement qu'il faisait partie des quelques moussaillons que Miss Scarlett avait choisit pour l'accompagner lors du premier accostage sur la fameuse île de nueva Mallorca.
Un mot dont il ignorait totalement la signification et qui était pourtant automatiquement synonyme d'espoir! C'est vrai! Déjà qu'un pique-nique sur une île aussi paradisiaque avait de quoi mettre de bonne humeur mais là en plus ils y allaient pour chercher un trésor, comment ne pas bondir dans tous les sens même si bon... il aurait moins de temps pour siroter un jus de coco sur le sable, forcément...
Levant le visage vers le ciel bleu, Joacquim huma l'air délicieux de la mer des caraïbes. En y repensant, entamer ce voyage à l'autre bout du monde était bien la meilleure chose qu'il aurait pût faire malgré les sacrifices... De tels sacrifices d'ailleurs, pas sûr qu'il serait prêt à les refaire s'il le devait mais en tout cas maintenant il était là et ne regrettait pas vraiment le ciel grisé d'Amsterdam et son eau glaciale... Les quelques îles qui parsemaient la mer des caraïbes valaient à elles-même leur pesant d'or quand on y pensait! Aller y chercher un trésor était donc un comble! Mais un comble dont le jeune garçon s'accommoderait sans problème se disait-il.

En tout cas, ne serait-ce que le moment présent à profiter de l'air marin non loin d'une plage de sable fin justifiait à elle seule la vie de piraterie qu'il avait embrassé un peu par hasard un mois plus tôt. Monsieur le second comme il l'appelait avait décidé de se charger lui-même des avirons et Joacquim n'allait pas s'en plaindre car même s'il avait la technique comme lui, pas sûr qu'il réussisse comme lui à donner une telle vitesse à la barque avec tout le chargement qu'elle comptait. Et puis après tout, en tant que mousse, pouvoir se reposer pendant que d'autres bossaient c'était quelque chose de suffisamment rare pour être apprécié!
Joacquim regarda donc la plage approcher avec excitation, pouvoir fouler le sable de ses pieds nus lui manquait après un mois en mer, ces choses qui rappelaient que malgré qu'il ait été à bonne école, il ne pouvait pas aller à l'encontre de la nature humaine : faite malgré tout pour la terre. Avec son grand sourire en banane, il plaça les mains de chaque côté de ses fesses, prêt à bondir tel un félin dès qu'ils seraient à terre et ce fût ce qu'il fît : sans attendre l'ordre, il sauta hors de la barque et commença à tirer la barque sur le sable de ses petits bras maigrichons qui n'arrivèrent d'ailleurs pas à grand chose sans l'aide de quelques autres.
Ceci étant fait, il attrapa une pelle qu'il porterait sur l'épaule, signe manifestant son impatience et se mettrait en rang comme tous les autres pour écouter le speech de Charlie.
Une fois de plus il n'avait rien pigé tellement il parlait vite mais n'en perdît pas son sourire pour autant, à force il avait appris à s'en foutre complètement.
Il donna néanmoins un petit coup de coude à Billie et le regarda avec sa frimousse toute souriante et ses yeux qui disaient "en version lente ça donne quoi?".
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MessageSujet: Re: Un trésor princier? [PV: équipage du Prince des Tempêtes]   Un trésor princier? [PV: équipage du Prince des Tempêtes] EmptyMar 16 Aoû - 22:11



Ca y est. Ils y étaient presque.


C'est ce que s'était dit la matelote alors que la barque d'accostage avait mouillé et se dirigeait, plutôt rapidement - grâce à l'aide de Charlie et de ses bras -, vers la plage. L'opposition entre la couleur clair du sable fin, et celle, plus profonde, du bleu de la mer, était un magnifique spectacle. Mais pour Billie, tout était clair: c'était l'océan qu'elle préférait. Il était synonyme pour elle, au même titre que le ciel, de liberté, et d'étendue infinie. La terre la ramenait à cette époque où elle fut heureuse, puis malheureuse du jour au lendemain. Mais ce bonheur éphémère de l'époque n'était rien, comparé à ce qu'elle ressentait depuis qu'elle avait embarqué à bord du Prince des Tempêtes. La vie était, certes, devenue plus dure. Il fallait sans cesse s'activer sur le pont, parfois devait-on se battre, et notre vie était exposée à un danger quasi constant. Mais qu'est-ce que c'était bon ! Et la jeune femme ne remercierait sans doute jamais assez son capitaine de l'avoir embarquée avec elle. Remerciements silencieux qui se démontraient plutôt par les actes que par les paroles. Mais aussi par un très grand respect qui ne changerait pas de sitôt.

Comme elle était fière, justement, cette Capitaine. Ce bout de femme dont le regard vous découragerait de vous en prendre à elle. Elle fixait l'horizon, sans ciller, malgré un soleil éblouissant et une chaleur étouffante. Ca, c'était du modèle. Juste derrière elle se trouvait le petit Joacquim, dont l'attitude était contradictoire par rapport à celle de sa supérieure. Il était tellement excité que si ses yeux étaient sortis de ses orbites, Billie ne s'en serait même pas étonnée. Elle souriait de cette scène, parce qu'au fond, elle était pareille. Les émotions bouillonnaient en elle, et l'idée de se mettre à chercher un coffre empli de milles joyaux de la couronne la faisait frémir de joie. Situé à sa droite, le jeune Evan, celui à qui l'on devait cette chasse au trésor. Mais celui qui attirait toute son attention, c'était le dernier homme à bord, le maître d'équipage. Elle ne le connaissait pas, et ne l'avait aperçu qu'en de très rares occasions. Elle ne se souvenait même pas qu'il ait pu un jour lui donner des ordres sur le navire. Cependant, les regards que lui accordaient le borgne et le second lui indiquaient qu'il valait mieux le garder à l'œil. C'est donc ce qu'elle se décida de faire, tout au long de ce périple.

La barque avait à peine touché la côte que Joacquim sauta à terre, et s'évertua à tirer l'embarcation. Sans grand succès. Billie pouffa, et descendit tout aussi vite afin de l'aider. A deux, ils avaient réussi à amarrer le canot, et le mousse se précipita ensuite pour attraper une pelle et se mettre au garde-à-vous. La jeune femme lui ébouriffa les cheveux en éclatant d'un rire franc, et prêta la plus grande attention au petit discours de Charlie, dont les paroles avaient le don de donner du courage aux hommes. Un petit coup de coude au niveaux des côtes lui indiqua que son petit protégé, lui, n'avait pas compris grand-chose à ce charabia. Mais en voyant son sourire, il était évident qu'il n'avait pas besoin de ça pour être motivé ! Elle se baissa cependant à sa hauteur pour lui souffler à l'oreille tandis que le capitaine s'avançait vers ses hommes.


._C'est parti pour l'aventure, mon petit Joacquim ! Ta première mission de pirate !


Elle se redressa, attrapa elle-même une pelle, et en tendit une vers Evan.


._Puisque c'est grâce à toi que nous sommes ici, à toi l'honneur, je présume., lui dit-elle en souriant


Son regard s'égara sur les palmiers qui se dressaient devant elle. L'île, bien que petite, lui paraissait maintenant très vaste. C'était un peu comme chercher une aiguille dans une botte de foin. Bien qu'elle ne disait pas non à de l'ouvrage et de la sueur, elle se fierait désormais à l'expérience de ses aînés, et à son instinct qui, jusqu'ici, ne lui avait presque jamais fait défaut.

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Jan Steed Mainwaring

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MessageSujet: Re: Un trésor princier? [PV: équipage du Prince des Tempêtes]   Un trésor princier? [PV: équipage du Prince des Tempêtes] EmptyMer 17 Aoû - 12:33

L'ennui peut motiver n'importe quoi.
C'est à cette réjouissante pensée que se consacrait Jan Steed Mainwaring, maître d'équipage présentement fort désabusé, assis à l'arrière d'un rafiot élégant certes, mais rafiot quand même. Les mains croisées devant son visage, ses yeux inexpressifs s'attardaient sur les mouvements rythmiques et répétitifs du second, propulsant la barque en avant avec régularité. Un travail qu'il ne pouvait plus, pour sa part, effectuer sans payer le prix fort. Mais il n'y songeait pas, non: il était bien trop occupé à déplorer mentalement cette expédition, à laquelle il avait pourtant souhaité se joindre: il faut bien parfois dépoussiérer ses vieux paradoxes et retrouver une âme de forban digne de ce nom! Pour vaincre la lassitude des longues journées de mer et des murmures d'un équipage qui s'échauffait, il s'était piqué d'intérêt pour une expédition, essayant de rallumer quelque flamme… qu'il avait perdue.

Pas mécontent de fuir un peu les haubans qui craquent et les hommes qui geignent, l'homme à la sinistre réputation avait bondit sur la chance qui s'offrait, confié son poste de surveillance à un homme pas assez benêt pour faire tout brûler en son absence, pris sabre et armes, et tenté, vaillamment, de respirer air marin et aventure. Il était le seul officier en contact permanent avec l'équipage, et si son talent pour ressentir les humeurs lui était fort utile pour manier les foules et faire travailler convenablement tout ce petit monde, c'était également terriblement usant quand les hommes étaient nerveux, colériques ou las.
On lui avait relaté, brièvement, les faits et les pistes: cela l'avait refroidi. C'était peu de choses, vraiment. Quoi, pas même une carte? Juste une inscription, qui avait guidé par association d'idée à la Nueva Mallorca, île vaste au demeurant quand il s'agissait de creuser, et… rien. Un grain de folie dans quatre crânes. Un espoir que pas grand-chose nourrissait. Jan soupira: tout ceci avait quelque chose de ridicule, son esprit cartésien se cabrait sous l'effort d'envisager, ne serait-ce qu'un peu, que cette folle expédition donne quelque résultat.

L'île se dessinait doucement à l'encre noire, les lignes pures de ses plages tranchant d'un gris étincelant ses contours dans un monde bleu. Tout occupé qu'il était à ruminer ses idées d'échec et de sombres pensées, le bosco distrait ne remarqua pas immédiatement les deux… non, trois regards qui s'appesantissait sur sa personne. Il n'accorda aucune importance à celui, lourd de méfiance mais tellement familier qu'il en était devenu invisible, de Charlie Withmore. Il offrit une brève attention à l'œil unique du Borgne, nouveau marin qu'il n'avait guère eut le temps d'évaluer, avant d'hausser deux sourcils surpris devant celui de Billie. Pourquoi diable cette jeune mousse, dont il ne savait pas grand-chose, le fixait de la sorte? Dépoussiérant ses souvenirs, il estima que les rumeurs qui couraient dans les quartiers de l'équipage avaient dû atteindre ses juvéniles oreilles. Amusé, il lui adressa un sourire en coin: une enfant qui ne savait point cacher ses doutes, dans ce monde impitoyable, apprendrait vite… ou périrait.

Dans un grincement, l'embarcation écrasa sa proue contre le sable sombre, et tous bondirent à terre, certains avec empressement, et lui en prenant surtout soin de ne pas mouiller ses bottes ni surtout la poudre à sa ceinture. Il avait pris ses armes, bien sûr: on n'est jamais trop prudent: l'irlandais avait placé suffisamment de dagues dans le dos des gens pour le savoir. Accessoirement, l'île était espagnole, et pour parler leur langue et les avoir côtoyés, il les savait… irritables.
Au petit discours de Charlie, le maître d'équipage échangea un regard avec Scarlett et leva les yeux au ciel, ne masquant pas son agacement, mais pris tout de même une pelle. Davantage pour l'image qu'autre chose: il ne creuserait sans doute pas. Ce genre de travaux n'était pas dans ses possibilités physiques, tout comme manier l'aviron. Il le déplorait parfois un peu, mais ce n'était, dans sa vie et ses projets, qu'un détail sans importance qui ne le rendait pas moins redoutable.

Il posa brièvement la main sur l'épaule de la jeune mousse qui distribuait les outils, tentant de modérer ses ardeurs, et prit la parole de son habituelle voix calme et modulée, celle qui attirait irrémédiablement l'attention.

- Allons, ne nous emballons pas. Si trésor il y a, il n'est probablement pas sur la plage. Le sabre du gamin est ancien, et les vagues auraient, depuis le temps, déterré le reste, et ce même s'il était enfouit profondément. Procédons avec méthode.

Son regard reptilien s'égara un instant sur les contours adoucis de l'île, réfléchissant sans grand enthousiasme mais consciencieusement. Son regard s'attarda sur le ruisseau d'eau claire, et il songea brièvement qu'on pourrait refaire les réserves d'eau douces du Prince… Il en toucherait un mot à Scarlett ou Charlie tout à l'heure. Quant au trésor… Jan se tourna vers Lenoir, machinalement, alors qu'il pensait au sabre, avant de reprendre la parole, sa voix atone laissant filtrer un soupçon d'âpreté ironique:

- Si je devais planquer quelque chose ici, je l'aurais fait en amont. Bien sûr, je ne suis pas un expert de la chasse au trésor, mais j'apprécierais que nous ne retournions pas toute l'île à la force du poignet…

Après tous, les serpents ne sont pas êtres à apprécier l'effort inutile.
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Evan Lenoir

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MessageSujet: Re: Un trésor princier? [PV: équipage du Prince des Tempêtes]   Un trésor princier? [PV: équipage du Prince des Tempêtes] EmptySam 27 Aoû - 10:28

L'histoire d'un homme quelquefois possède l'indicible saveur du recommencement. Comme les toiles d'un maître peintre possèdent toutes la même empreinte inspirée de l'artiste, les étapes successives d'une vie se teintent des mêmes émotions, qui ne diffèrent que par le contexte, et jamais par la trame de fond. J'étais un homme perdu du monde civil à la recherche d'une vie libre et sortant de l'ordinaire. Toute ma pensée, chacun de mes pas et de mes efforts étaient, réunis par la volonté, une éternelle marche en quête de trésors enfouis, qu'ils se nomment liberté, aventure ou exaltation, et cela même dans les plus petites occasions. Cette naviguation éperdue vers Nueva Mallorca n'était en cela qu'un nouveau chapitre de la même histoire : nous partions à l'avanture vers l'inconnu, à la recherche d'un trésor hypothétique, garant d'un bonheur inoui si nous le trouvions, promesse de deception cruelle en cas d'échec. Nous n'étions certains de rien, pas même de survivre à la traversée, à l'île ou au retour ; mais c'était ainsi la véritable vie de pirate. Aventure, encore et toujours, et l'amour de l'horizon!

Charlie Withmore - que je n'osais point encore appeller Chap', malgré toute la sympathie auditive que j'éprouvais pour la claquante sonorité de son surnom - menait promptement notre petite mais fière embarquation vers cette rutilante promesse d'or, avec toute la force des muscles que l'on voyait saillir sous la peau mate de ses bras. Le sourire carnassier qui animait ses lèvres formait un constraste saisissant avec la sombre figure du bosco, acoudé au bastinguage un peu devant lui. Mainwaring avait semblé se rajouter dans la barque plus par dépit que par réel entousiasme, et malgré la répulsion instinctive que j'éprouvais à son égard, je ne pouvais m'empêcher de penser qu'il offrait là un bien triste spectacle. L'homme, tout corrompu soit-il, était avant tout dépité. Bien avant d'être mutin,il avait été jeune, pirate enhardi. La faiblesse de ses membres et la froideur de ce qui un jour fut un coeur fougueux ne devait pas être un constat facile à porter, et au fond de moi, une infime fibre de pitié le plaignait. Sentiment rapidement étouffé par les reflets luisants de ses yeux de serpent, et je ne portais somme toute sur lui qu'un regard de défiance, qu'il devait bien sentir peser sur son front, augmenté de la défiance de Charlie... Et de Billie. La jeune matelot était sans aucun doute la passagère la plus vivante et la plus lumineuse de cette courte traversée, et plus je la regardais, plus mon habituelle gêne vis-à-vis de la gente féminine s'amenuisait ; on ne pouvait que se laisser gagner par tant de franche sympathie et de sourires conquérants. Elle aussi semblait se méfier du bosco, par ouï-dire ou par instant, je ne le savais que trop peu, mais cette troisième vigilance était la bienvenue.

Joacquim, en revanche, semblait se soucier des affaires internes de l'équipage comme de sa première culotte! Il était littéralement monté sur ressort, et ses vains efforts pour remorquer la barque une fois que nous touchâmes terre m'arrachèrent des éclats de rire. Je sautai aussitôt à l'eau et me mit à pousser l'embarcation par la poupe tandis que Billie aidait son hollandais à la tirer sur le sable, puis trempé jusqu'aux genoux, je posai le pied sur la terre ferme de Nueva Mallorca. Mainwaring, peu soucieux de nous prêter main-forte, n'avait pas même humecté le bout de sa botte. Décidément cet homme n'accordait aucune importance à ce qu'on appellait l'altruisme... J'ignorais même si ce mot lui était connu! Après le discours bref mais énergique de Charlie, je me sentais remonté à bloc, prêt à arpenter l'île en tout sens pour aboutir au succès dont mon sabre avait enclenché la promesse. J'acceptais la pelle de Billie avec un sourire - décidément, cette fille avait le chic pour communiquer sa sympathie! - et me plaçai en rang à deux pas d'elle, juste après Joacquim à qui la matelot expliquait lentement ce que le second avait énnoncé avec confiance. J'allais ajouter ma part d'explication néerlandaise à la compréhansion du mousse, quand la voix affreusement mielleuse du bosco vint tiquer mon amour-propre.

"Gamin". Il m'avait appellé "gamin"! Je sentis le rouge me monter au nez ; jamais encore un seul pirate n'avait osé m'appeller ainsi depuis que j'étais entré dans l'état! Même à 16 ans, on me nommait garçon, jeune homme, on respectait le travail que j'avais accompli, mais jamais on ne m'avait qualifié de ce mot réservé aux jeunes mousses sans expérience.Même Joacquim n'y avait pas droit de ma part! J'avais un temps porté le titre de second, mon nom n'était pas inconnu à Tortuga, Lewis même avait entendu parler de moi avant de m'engager... Je n'étais pas orguilleux, loin de là. Mais il me fallut déployer des trésors de patience et d'humilité pour encaisser ce surnom presque humiliant qu'il venait de m'accorder. Je dus serrer les dents pour prendre la parole sans laisser paraitre le moindre courroux.


- Je ne pense pas non plus qu'il faille retourner toute l'île, mais même en excluant la plage, nous aurons du mal à explorer toutes les zones où un trésor soit susceptible d'être enterré. La prairie qui s'étend au nord doit faire plusieurs kilomètres de long!

En parlant, j'avais désigné l'étendue verdoyante qui couvrait l'île sur toute sa moitié. Et ce faisant, je réalisais à quel point l'entreprise allait s'averer difficile. Il y avait là des dizaines d'arpents à fouiller! Peu désireux de m'adresser au bosco, je me tournais vers Lewis, qui n'avait pas encore prononcé un mot, mais qui de nous tous, possédait le regard le plus enflammé à l'idée de l'expédition.

- Si je puis me hasarder à faire une supposition, je dirais que les hommes qui ont enterré ce trésor ont du le faire près de la petite rivière qui parcours la prairie, ne fut-ce que pour pouvoir se ravitailler en eau durant le travail. Et ce doit être à un endroit facilement repérable pour qu'ils n'aient pas eut à chercher longtemps s'ils avaient un jour eut l'idée de venir le rechercher. L'île n'est pas hostile aux haltes, et si l'endroit est assez fréquenté ils auront eut tout interêt à opérer rapidement.

Tout reposait maintenant sur le capitaine, et je scrutai avec impatience ses lèvres, en attente du signal qui lancerait la chasse.

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Scarlett C. Lewis

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MessageSujet: Re: Un trésor princier? [PV: équipage du Prince des Tempêtes]   Un trésor princier? [PV: équipage du Prince des Tempêtes] EmptyLun 5 Sep - 12:15

    Une enfant tremblotte de froid et de peur dans une barque qui flotte sur une eau poisseuse et embrumée. Autour d'elle, des hommes décharnés et meurtris par la vie et le vent. Leur odeur rance se mêle à celle des embruns qui font frissonner le petit corps couvert d'une pellicule de sel et de boue. Et les hommes, autour d'elle, étourdis de joie fortunée et perdus face à ce visage d'ange muet, se taisent. Les questions, non formulées, circulent malgré tout entre eux, véhiculées par des regards pressés. Une femme à bord ? Elle est toute jeune, mais... Et qui est-elle, cette petite nymphe mal grandie qui les regarde de ses yeux ronds ? Et que va-t-on en faire ?
    L'un parvient quand même à ouvrir la bouche :

    - Et comment qu'on va l'appeler ?

    ***


    Scarlett secoua la tête. Le soleil, à l'éclat si violent par cette fin de matinée, l'engourdissait malgré l'excitation qui régnait en elle. Et les souvenirs affluaient, drogue douce-amère s'écoulant d'une bouteille mal refermée. Pourtant, la réalité était urgente, fébrile. Depuis son réveil qu'un matelot avait précipité par un cri : "Nueva Mallorca en vue !", la capitaine n'avait pas encore écouté ce que la chasse au trésor lui évoquait. Et ce lâcher-prise ne se reproduirait pas. Withmore ramait régulièrement, et le regard de chacun était rivé à la plage qui se rapprochait. Pas un mot n'était prononcé, on entendait que le clapotis de l'eau contre la coque lustrée de la petite embarcation. Comme autrefois.

    La capitaine aspira une bouffée d'air marin et contempla l'île. Elle était grande, et ils avaient peu d'informations sur l'endroit où se trouvait leur hypothétique trésor. Pourtant Scarlett avait confiance. S'ils rentraient bredouilles, ils auraient au moins exploré une île nouvelle et secrète, et l'adrénaline aurait regonflé le moral des troupes. Et s'ils faisaient fortune, chacun verrait comme il est bon de se fier, comme la Lewis, à son instinct et à la fièvre d'un équipage amoureux de l'aventure. Elle les regarda tour à tour, Charlie si paisible et solide au milieu de la fébrilité des autres, Jan en retrait, distant mais présent, cynique mais pourtant assoiffé comme eux tous d'aventures et de frissons. Billie et Joaquim, eux, retenaient leur souffle. Tout juste sortis de l'enfance, ils vivaient pour la première fois des aventures qu'il y a peu ils devaient se contenter d'imaginer. L'impatience se lisait dans leurs yeux sans difficulté. Quant à Evan Lenoir, il observait les autres, avec sympathie ou méfiance, et fut prompt à aider les autres quand il fallut tracter la barque à terre. Scarlett se laissa tomber à l'eau à sa suite, veillant à maintenir loin de l'humidité son pistolet. Laissant à ses matelots la charge de pousser l'embarcation, elle parcourut à grandes enjambées maladroites la distance qui la séparait de la plage. Là, elle sortit son compas et se remémora ce qu'elle savait de l'île. Ils avaient accosté sur une plage au Sud, une rivière se trouvait à quelques kilomètres au Nord, juste avant que la forêt ne reprenne ses droits sur la prairie balayée de vents marins, protégée seulement par quelques palmiers qui poussaient là où se mêlent sable, herbe et terre. Au Nord-est, elle trouva tout de suite la fière colline dont on lui avait parlé, qui s'élevait bien trop haut pour qu'ils puissent tout explorer aujourd'hui. Peu importait, ils chercheraient ailleurs.

    Alors que Billie commençait la distribution des pelles -Scarlett nota furtivement la complicité qui s'installait, non seulement entre elle et Joacquim mais aussi avec Lenoir, ce qui la fit sourire. Une équipe soudée ne peut que mieux réussir.- tandis que Chap' et et Jan prenaient en main l'expédition et posaient la première question qui méritait d'être posée : Où chercher ? Le bosco écarta la plage en soulignant l'ancienneté du trésor, Lenoir proposa la rivière, prenant en compte le confort de ceux qui avaient dû enterrer le trésor. Son courroux mal masqué en réponse au dédain de Mainwaring la fit légèrement sourire. Comme chacun s'était tourné vers elle en attendant des ordres, elle s'éclaircit la gorge et prit la parole rapidement.

    - Chip, vous m'avez dit l'autre jour que l'île servait parfois de poste avancé aux corsaires. Quelqu'un a une idée de l'endroit où leurs navires mouillent quand ils y sont ? C'est sans doute près de leur ancien campement qu'il faudra chercher, les corsaires ne sont pas des explorateurs.

    Laissant à son second le temps d'y réfléchir, elle se munit elle aussi d'une pelle et la planta fermement dans le sable avant de chasser nerveusement les boucles de cheveux raides de sel et de vent qui lui tombaient dans les yeux. Elle fixa encore une fois la plaine d'un air déterminé. Déception ou joie, le résultat de cette chasse au trésor devrait venir bientôt. Soudain fébrile, Scarlett ne rêvait que de se mettre en marche. Que la chasse commence.
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MessageSujet: Re: Un trésor princier? [PV: équipage du Prince des Tempêtes]   Un trésor princier? [PV: équipage du Prince des Tempêtes] EmptyMar 6 Sep - 13:02

Charlie n’était pas expert en chasses au trésor, mais celle-ci lui donnait l’impression de débuter sous des auspices prometteurs. Le temps et la température étaient pour le moins cléments, ce qui faciliterait sans doute leurs recherches, du moins tant que cela durerait. Ils n’avaient croisé nul indésirable au large de l’île, et rien ne laissait penser que d’autres avaient débarqué dernièrement de ce côté de Nueva Mallorca. Les Princiers descendus à terre formaient qui plus est un groupe motivé et prêt à l’ouvrage –le cas de Jan Mainwaring mis à part- et ils disposaient de tout le matériel et les vivres nécessaires. Ce qui leur manquait, c’était la fameuse carte en parchemin jauni par le temps, celle qui offrait aux regards des dessins grossiers de palmiers tracés d’une encre baveuse et un grand X maladroit marquant l’emplacement. De préférable récupérée dans une bouteille échouée sur les récifs ou au fond de la vieille malle poussiéreuse dans une boutique qui l’était tout autant ou, mieux encore, dans les affaires héritées d’un grand oncle un peu fantasque et aventureux (1).

Mais la vie d’un pirate n’avait que rarement à faire avec de telles découvertes, Charlie l’avait appris à la sueur de son front. En fait, il l’avait déjà appris bien avant de se reconvertir dans la flibuste lorsque, jeune soldat du roi, il partit sillonner les mers pour le compte de l’Angleterre. La vie n’avait que faire de vous mettre entre les mains une carte avec en pointillés un chemin tracé jusqu’à la fortune. La fortune se méritait plus que tout autre chose, et ne manquait pas de se montrer des plus capricieuses à ceux qui s’attendaient à la recevoir toute cuite dans la bouche. Et en se demandant vaguement quel goût aurait la fortune si on avait pu en mordre un bout, Charlie s’appuya avec décontraction sur la longue pelle qu’il avait planté dans le sable. Son grand sac marin chargé de vivres et de matériel dans le dos dont le poids ne le gênait nullement –tout en sachant qu’il le regretterait certainement après des heures à crapahuter dans la jungle ou parmi le sable et les rochers- il contempla la plage, le canot qui les y avait tous amenés et, au loin, cherchait du regard la silhouette du Prince des Tempêtes. Il avait toute confiance en l’équipage à bord pour le maintenir en état et éviter les ennuis, mais un second ne cessait jamais vraiment de réfléchir à l’état du bâtiment sur lequel il servait et à ceux qui l’occupaient. Il y avait toujours des détails à revoir, des changements à effectuer et de quoi s’inquiéter. Même pour quelqu’un d’aussi bonhomme que Withmore, il y avait toujours bien trop de choses à prendre en considération pour la bonne marche d’un navire pour cesser totalement de s’en soucier. Il en allait sans doute de même avec Scarlett, toujours soucieuse de la perfection. Mais le capitaine sourit, et Charlie sut qu’elle se laissait enfin emporter par le souffle de l’aventure. Pas moins enthousiaste qu’un autre, elle était malgré tout restée plus réservée qu’on aurait pu s’y attendre depuis l’annonce de la vigie comme quoi l’île était à l’horizon. Mais maintenant qu’elle pouvait la fouler du pied, la jeune femme était comme ragaillardie, prête à mettre la main à la pâte au moins autant que n’importe quel mousse, comme elle le prouva en empoignant une pelle. Il n’y avait bien que le bosco qui n’avait fait mine de s’encombrer de sa part d’équipement, se contentant de modérer l’enthousiasme ambiant de sa voix traînante. Une fois encore, Charlie fut incapable de deviner les pensées qui pouvaient bien se cacher derrière les yeux froids de Mainwaring, mais refusa de laisser son humeur souffrir des manières du type.

Quant aux autres, ils étaient aussi prêts et pleins d’ardeurs que leurs supérieurs. Joacquim et Billie plus encore, emportés par la fougue de leur jeunesse. Deux braves gosses, le petit mousse qui faisait de son mieux pour s’intégrer à sa nouvelle vie et à cette langue qui lui était encore bien étrangère et Billie, matelote vive et futée, à l’esprit curieux et à l’instinct digne d’une véritable femme de la mer. Et puis il y avait Evan, pas énormément plus âgé que ses cadets en terme d’années, mais dont les mots, les yeux et l’attitude donnaient l’impression du contraire. Il avait tout de l’homme qui avait vécu bien plus qu’il n’aurait dû à son âge et sa réaction, bien que maîtrisée, suite à la façon dont l’avait dénommé le bosco n’échappa pas à Charlie. Mais ma fois, Lenoir devrait bien arriver à s’y faire, quitte à grincer des dents en silence. La considération n’était pas la plus grande considération des hommes comme Mainwaring, et il ne serait pas le dernier de cette espèce qui croiserait la route du borgne. Ceci mis à part, Evan faisait montre d’autant de volonté de tout donner pour cette chasse au trésor que les autres et Charlie en fut conforter dans l’union décidée et enthousiaste de leur petit groupe. Moins Jan, bien sûr…

Charlie décida de ne pas s’embêter à imaginer ce qui avait bien pu poussé ce sinistre individu à se joindre à eux si l’idée n’avait pas l’air de l’enchanter plus que cela, et choisit à la place de passer sa mémoire en revue pour répondre à la capitaine Lewis :

« Si j’me souviens bien de ce qui se racontait dans la royale, les espagnols et leurs corsaires choisissaient généralement ce côté de l’île pour y aborder. Il est retiré tout en étant plus facile d’accès, et proche de pistes menant au cœur de la jungle et aux sources. Bref, le coin idéal pour s’arrêter après un abordage ou deux, se réapprovisionner, réparer les dégâts et enterrer un trésor ou deux. On raconte que l’Hidalgo de Cinedad s’y arrêtait souvent, du temps où son nom faisait régner la terreur parmi les ennemis de l’Espagne. C’était il y a un sacré bail, et c’était pas le seul. Le trafic s’est calmé ces dernières années, donc on devrait être tranquille. » Pivotant, les mains toujours appuyées sur la poignée de sa pelle, il fit face à l’orée des bois qui se découpait non loin, verte sur le blanc de la plage. « Les pistes d’eau douce sont sans doute notre meilleure.... ben, piste, du moins pour remonter dans la jungle. Après, m’est avis que si des gus ont planqué un magot dans le coin, ils ne l’ont pas fait au bord des chemins les plus fréquentés. J’imagine qu’ils y auront préféré les sentiers battus qui s’en écartent pour aller plus profondément dans la forêt ou de la rocaille. Le truc, ce serait de trouver ces p’tits chemins là à partir des grands. »

Puis, haussant les épaules :

« Du moins, voilà c’que j’en dis. Et quoi qu’on décide, vaudrait mieux le faire vite, pour profiter le plus longtemps possible du jour. J’vois qu’on a tout, et que tout l’monde est équipé, ou presque. » Avisant Mainwaring en disant cela, Charlie jeta sa pelle sur son épaule et alla jusqu’au canot pour fouiller dans le matériel qui était toujours à bord. En tirant un tonneau pour l’eau douce supplémentaire –afin de ne pas être à court et pouvoir profiter de le remplir- il le propulsa avec force dans les bras du maître d’équipage, à moitié dans le but de les lui occuper autant que ceux d’un autre, et à moitié dans l’espoir de lui couper le souffle au passage. Puis, sans s’attarder sur Mainwaring, il attendit que les autres ajoutent ce qu’ils avaient à dire avant que Scarlett Lewis ne donne l’ordre de se mettre en marche. Et dans une direction ou une autre, l’aventure promettait de les y attendre, foi de Charlie Withmore !

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(1)Et, l’âge venant, de plus en plus poussiéreux lui aussi.
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MessageSujet: Re: Un trésor princier? [PV: équipage du Prince des Tempêtes]   Un trésor princier? [PV: équipage du Prince des Tempêtes] EmptyMar 6 Sep - 15:51

Le jeune Joacquim n'avait pas eu le temps de donner à Billie un sourire radieux exprimant son entrain à participer à sa "première mission de pirate"... Effectivement, celle-ci le prenait déjà de court en lui ébouriffant les cheveux comme elle savait si bien le faire et lui réagît de même comme il savait bien le faire : les deux mains plaqués sur le haut du crâne tout en formant avec sa bouche une grimace trèèèès convaincante pour exprimer à quel point il détestait ça...
Malgré ses nombreux frères et sœurs avec qui il s'entendait à merveille, Joacquim n'avait jamais éprouvé une aussi grande complicité avec quelqu'un et Billie était donc une de ces raisons pour lesquelles il ne regrettait pas une seconde d'avoir embrassé la dangereuse mais palpitante vie de pirate! Plus on s'y met tôt, mieux on apprend n'est-ce pas?

La suite de l'attente s'apparenta donc plus à une leçon d'Anglais qu'à la préparation d'une expédition pour Joacquim, le Gamins posait son menton sur le haut du manche de la pelle plantée dans le sol, se laissant légèrement balancer d'avant en arrière en regardant rêveur les cocotiers qui bordaient cette plage de sable blanc dont le contact était si délicat à ses pieds nus. Même si son expression paraissait ailleurs, Joacquim faisait quand même quelques efforts (bien que pas acharnés) pour comprendre la conversation... D'ailleurs il se redressa tout de go quand il entendît le bosco prononcer le mot "gamin", croyant qu'on parlait de lui avant de comprendre que ce qualificatif était usé, à tort pour parler d'Evan.
Joacquim fronça d'ailleurs les sourcils en comprenant cette association, beaucoup de gens l'appelaient "gamin" à bord et lui même ne le prenait pas mal même si un peu agacé de l'entendre répéter à tort et à travers (bah hé! à 12ans on est presque un adulte non?!!). Par contre pour ce qui s'agissait d'Evan, Il ne serait pourtant jamais venu à l'idée du garçon de pouvoir penser une seule seconde que quelqu'un ose lui dire cela! D'autant plus que sans être péjoratif, Joacquim avait vite compris que et adjectif n'était pas non plus des plus flatteurs...
Evan était jeune certes mais certainement pas un gamin, pas plus que Billie que Joacquim avait d'ailleurs appelé "madame" la première fois qu'il l'avait vue... Et même s'il avait été plus jeune, il y avait des signes qui ne trompaient pas sur le fait qu'il était sortît de l'enfance, à commencer par son regard qui, sans être le reflet d'une âme torturée, en disait long sur les choses que ce dernier avait déjà vu et que Joacquim, même adulte ne voudrait pas voir. Rien que le fait d'ailleurs que ce regard n’émane que d'un seul œil valide excluait l’appellation "gamin".

C'est donc circonspect et avec une antipathie grandissante pour le Bosco que Joacquim essaya de comprendre la suite de la conversation, constatant avec compassion et grimace qu'Evan avait tiqué comme lui sur l'emploi de ce mot... Et sans doute plus d'ailleurs puisque ça lui était destiné!
Son attention retomba néanmoins en voyant qu'il ne comprenait toujours pas la moitié de tout ce qui se disait... Il avait compris que l'on cherchait où ils avaient pût enterrer le trésor, ça c'est pas nouveau, lui aussi ramait la dessus.
Au bout d'une minute à écouter ce qui n'était rien de plus que des glouglous à ses oreilles, Joacquim avait regagné sa position de départ, avachît sur sa pelle avec les deux mains sous le menton. Au détour d'une phrase de Charlie, Joacquim, en gamin impatient qu'il était, leva les yeux au ciel en imitant un débit de paroles en ponctuant la fin d'une langue sortie sur le côté droit de sa bouche, signe de son agacement qu'il s'efforça quand même de faire le plus discrètement possible.

Dans son numéro de clown, il releva quand même qu'on cherchait où ils avaient pût accoster pour faire des réparations, Le jeune Hollandais tenta donc sa chance.

- Si il devaient faire réparations, peut-être ils étaient pas loin d'un bois et amarrés à une falaise pas haute...
Il ne termina pas sa phrase, se rendant compte qu'il parlait pour ne rien dire.
- Ah bah non... Le houle, trop risqué s'amarrer à une falaise c'est ça?
Demanda-t-il quand même en tout bon novice qu'il était. Après tout, sa prise de parole pourrait au moins servir à le cultiver un peu non?

Suite à cela, Joacquim s'empara donc de ses différentes affaires, encombrantes et lourdes pour ses petits bras aussi tituba-t-il un peu sur un ou deux mettre avant de réussir à trouver son équilibre, se lamentant mentalement de devoir marcher toute la journée comme ça... Enfin, au moins ils étaient partis pour une ballade dans une île magnifique des caraïbes avec un air chaud mais une brise marine rendant l'atmosphère si délicieuse, une ombre légèrement tamisée des arbres empêchant le soleil de plomb d'éblouir et surtout ce sable si délicat et confortable quand il était mouillé et si fin et chaud quand il était sec... Chaud... Très chaud même... TRÈS TRÈS CHAUD!

- (Néerlandais) ouille aïe... Ça brûle! Waïaïaïe!
Une randonnée qui partait en fanfare avec un Joacquim en forme donc : il avait été le premier à atteindre la terre nue où poussait la végétation qui bordait la plage!
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MessageSujet: Re: Un trésor princier? [PV: équipage du Prince des Tempêtes]   Un trésor princier? [PV: équipage du Prince des Tempêtes] EmptyDim 11 Sep - 11:13



La chaleur du soleil qui vous brûlait pratiquement la peau. La brise aux embruns azotés qui vous picote les narines. La sensation du sable sur chacune des parties de notre corps. Tout était là pour vous donner envie de vous bannir sur cette île déserte. Voguer à bord du prince était synonyme de liberté pour Billie. Cependant, elle fut elle-même surprise de la joie qu'elle éprouvait, maintenant qu'elle attendait les instructions de ses supérieurs, plantée sur la plage. Un sentiment fiévreux d'aventure s'était emparé d'elle, et si elle ne s'était pas appliquée à maîtriser ses ardeurs, elle serait déjà partie en reconnaissance un peu plus profondément dans l'île, laissant tout le monde derrière elle. Tout le monde ici semblait éprouver la même impatience, ce qui lui donnait du courage. Vraiment, tout était là pour lui faire passer l'un des moments les plus excitants de sa courte vie, s'il n'y avait pas eu les remarques sifflantes du bosco pour tout gâcher.

Il est vrai qu'un enthousiasme trop aiguisé pouvait être mauvais, et ne rapporter aucun résultat. Mais dans le cas présent, la jeune femme songeait plutôt qu'il était d'excellente augure. Personne n'abandonnerait avant d'avoir trouvé ce qui était à découvrir. Alors pourquoi fallait-il que ce maître d'équipage ne joue les rabat-joies ? La blonde s'était même sentie vexée lorsque celui-ci nomma Evan de " gamin ". Leur différence d'âge n'étant pas très grande, elle prenait cette insulte pour elle également. Et elle se doutait bien que son comportement n'inspirait rien de mieux qu'un grand agacement aux yeux du redoutable bosco. Mais ce n'était pas pour lui qu'elle changerait. Et s'il préférait traîner à l'arrière en bougonnant, c'était son affaire. Elle voyait bien qu'ici, elle n'était pas la seule que l'homme insupportait. Elle agréa d'ailleurs Evan d'un regard compatissant.

Mais le temps n'était pas aux règlements de compte. Tout le monde y mettait du sien, afin de deviner à quel endroit le trésor avait pu être enfoui. Billie écouta avec attention toutes les remarques plus pertinentes les unes que les autres, jusqu'à celle de Joacquim, qui était bien moins attentif qu'elle en ce moment. Elle rigola intérieurement, car elle savait ce que pouvait penser le gamin. Il rêvait de parcourir la plage, et peu importait l'endroit où il fallait creuser. Il voulait du mouvement, pas de longs discours de stratège. C'est donc sans grande surprise qu'il s'éloigna ensuite à grands pas sur la plage ... et hurla de douleur au contact du sable brûlant sur ses pieds. Elle ne chercha pas à le rattraper, mais se tourna vers le reste de l'équipage présent sur l'île. Le second n'attendait plus que l'ordre de son capitaine pour se lancer à l'aventure, la pelle posée sur l'épaule. L'air serein qu'il abordait avait le don de donner confiance en chacun. Il donnait l'impression que quoi qu'on eusse dit, ce ne serait pas une bêtise, et qu'il serait à l'écoute. Scarlett avait là mis la main sur un second de qualité. Billie se hasarda donc également à émettre ses idées.


._Je pense effectivement qu'un campement près d'une source d'eau douce est l'indice le plus crédible que nous ayons., fit-elle en soulignant l'idée de Lenoir, Ensuite, je suppose que les corsaires se seront aventurés dans un endroit proche où la végétation se faisait plus abondante. Inutile de laisser leurs biens à la vue de tous. Les points d'eau sont très prisés sur ce genre d'île, ils auront été assez malins pour le dissimuler sans se casser la tête pour autant. Je suggère que nous suivions tout d'abord cette piste. Bien entendu, j'attends votre accord, Capitaine.


Billie lança un regard à Scarlett. Inutile de brusquer les choses, c'était elle qui devait avoir le dernier mot, et non une matelote fraîchement embarquée. Elle se tourna ensuite vers le maître d'équipage, à qui elle rendit le regard noir qu'il jetait en direction du petit mousse, et fit deux pas vers Joacquim, qu'elle poussa à l'ombre d'un palmier, afin de soulager ses pieds. Elle pressa une main sur son épaule pour l'inciter à se calmer. On ne pouvait pas foncer tête baissée sans savoir où se dirigeait, car l'expédition prendrait des jours, voire des semaines.

Elle attendait maintenant, tout comme les autres, que leur fière capitaine ne prenne la parole, et n'ordonne le début de la chasse au trésor. Tout était dit, et le plus dur était désormais devant eux tous.

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