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 Sauvetages inopinés [Pour tout l'équipage \o/]

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Thomas Fox

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Thomas Fox

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MessageSujet: Sauvetages inopinés [Pour tout l'équipage o/]   Sauvetages inopinés [Pour tout l'équipage \o/] EmptyLun 16 Mai - 10:05

Tom était dans de sales draps. Il avait vaguement envisagé la possibilité d'une rencontre inopinée avec les pirates mais il s'était plutôt concentré sur l'idée réconfortante qu'on le laisserait tranquille jusqu'à Tortuga. Évidemment la Fortune s'en était mêlée. Cette étrange entité familière aux marins semblait active dès que l'on se trouvait sur l'eau : à Londres il ne se passait jamais rien d'imprévu. Maintenant qu'il se trouvait devant de véritables forbans, Tom avait du mal à savoir s'il avait toujours envie de se joindre à eux. C'est une chose d'imaginer des hommes rudes et sales, les cheveux au vent en marchant pieds nus sur le pont. C'en est une autre de les avoir en face de soi. Enfin, à bien considérer l'équipage, il n'y en avait pas tellement de ces marins à l'air féroce et cruel. Il y avait des gamins, des femmes et des filles. Celle qui était la plus impressionnante, qui semblait incarner tout cet esprit avec ses sourcils froncés, c'était la capitaine. La lueur dans son regard était trop facilement compréhensible et ne laissait rien présager de bon. Il fallait qu'il trouve quelque chose s'il ne voulait pas finir comme ces cadavres à terre. Une chance inespérée se matérialisa alors dans un pirate blessé. La manche de sa chemise était gorgée de sang et la trace noire sur le tissu blanc indiquait clairement que la plaie était due à une balle de fusil. Tom n'avait encore jamais traité ce genre de blessure mais il n'avait pas le temps de douter. Voyant qu'une vive discussion avait pris place autour du blessé, il sauta sur l'occasion :

- Je peux le soigner. Je suis médecin.

Il eut aussitôt l'impression d'être criblé de flèches sous les regards suspicieux et courroucés. God, d'accord, il retirait ce qu'il avait dit auparavant : ces pirates étaient bien impressionnants. Toujours est-il qu'il vit l'approbation dans les beaux yeux de la capitaine. Un joli jeune homme délicat portant une jeune femme blessée dans ses bras semblait bien plus apte à manipuler des bandages qu'un sabre. Mais lorsque la capitaine fit un signe de tête au second qui empoigna son bras, il eut quelques scrupules à devoir laisser Gabriel entre les mains des forbans. Il raffermi donc sa prise sur son précieux fardeau, se frayant un chemin entre les cadavres en titubant, tiré avec rudesse par le pirate blond. Il avait du mal à garder sa superbe sous les regards méfiants et les bras armés d'épées et de pistolets. Mais lorsqu'il fut penché sur le blessé, il retrouva son calme. Son patient pouvait bien dévoiler ses dents d'un air menaçant, il n'en avait cure à présent : tout ce qui comptait c'était la chair mutilée qu'il tenait entre ses mains et le sang qui suintait entre ses doigts. C'était ce qu'il était venu chercher : c'était la vie qui palpitait entre ses paumes. Oui, il allait vivre.

- Il me faut du rhum. Et ma sacoche en toile, dans la cale.

Le sang s'écoulait à flot car la balle était ressortie, s'incrustant dans le bois du pont. Tom n'avait pas assez d'instruments et de science pour effectuer un soin efficace et qui rendrait rapidement l'usage de son membre au marin. Le risque, c'était que la capitaine décide de cautériser directement la plaie si la guérison trainait trop. Et dans ce cas, adieu Tom l'inutile. La panique recommençait à le gagner lorsqu'on lui colla sous le nez une bouteille de rhum aux trois-quarts vide et sa sacoche. Il n'osa remercier le pirate et préféra se concentrer sur sa tâche : il déchira la manche de la chemise pour mettre le bras à nu, écarta doucement la plaie et versa une bonne rasade de rhum dessus. Le blessé se tendit comme un arc, étouffant un cri dans sa gorge. Tom était impressionné : quiconque dans la même situation aurait hurlé. La piraterie est vraiment un autre monde.
Tenant toujours le bras blessé d'une main, il fouilla dans sa sacoche et en sortit un papier huilé épais, qui semblait contenir quelque chose de mou. Il posa le paquet sur sa cuisse, le déballa et prit une noisette de crème verdâtre entre ses doigts. Il en badigeonna la blessure, autour de la plaie, essayant d'être doux lorsqu'il devait enfoncer la mixture à l'intérieur avec ses doigts. Puis il enveloppa le bras avec bandage épais et serra le tout avec le lambeau de la chemise qu'il venait de déchirer. Les doutes qui l'habitaient s'étaient envolés : manipuler la chair, soigner, bander le membre blessé, lui apportait une grande sérénité. Au cours de ses études, il n'avait vu que des cadavres que l'on ouvrait sauvagement. Ce n'était qu'étude morbide de la putréfaction et le froid de la mort qui semblait s'immiscer sous leurs blouses d'étudiants. Désormais il n'y avait plus que liquide chaud et chair palpitante.

- Voilà. Il va falloir que tu restes couché, au moins aujourd'hui.


Ordre de passage : Thomas > Gabrielle > Evan > Scarlett > Charlie > ...


Dernière édition par Thomas Fox le Mar 14 Juin - 8:40, édité 2 fois
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Gabriel Du Mons

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Gabriel Du Mons

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MessageSujet: Re: Sauvetages inopinés [Pour tout l'équipage \o/]   Sauvetages inopinés [Pour tout l'équipage \o/] EmptyLun 16 Mai - 15:53

Gabriel se tend. Il a entendu parler de pirates. L'idée ne lui était pourtant pas venue qu'il puisse en devenir la victime. Blessé qu'il est, il peut difficilement partir en courant... et qu'est-ce que ça lui apporterait ? D'aller se noyer dans les flots sombres, déchiqueté par les bestioles marines (il ne veut pas savoir lesquelles) ? Et puis de toutes façons, son guérisseur-sauveteur ne l'abandonne pas aux mains des forbans, le tenant dans ses bras. Et Gabriel s'accroche, comme si sa vie en dépendait. Attendez... c'est logique ! Sa vie en dépend. Ils sortent à l'air libre, et la vue des cadavres, des blessés, l'odeur de la poudre et de la douleur mêlés à l'air marin agressent l'androgyne. Il tourne sa tête vers le torse du médecin et ferme les yeux le plus fort possible. De toutes façons, il va mourir, mais il préfèrerait ne pas devoir avant avoir subi cette vision et ces odeurs infernales. Il en viendrait presque aux larmes. Il en voudrait presque lui-même aller s'enfermer dans ce couvent. Presque. Oui, en fait, il préfère probablement être passé au fil de l'épée. Heureusement pour lui, Tom ne s'est pas résigné, lui, bien au contraire, et en plus il rechigne a abandonner son blessé – probablement que ça l'embête d'avoir travaillé pour rien, de laisser aller à l'abattoir quelqu'un qu'il vient de soigner.

Gabriel lève les yeux : forcément, il n'est pas encore mort, et Tom vient de se manifester, prêt à soigner sa deuxième personne de la journée. Et il ne le lâche pas. C'est gentil à lui. Non. Gabriel se reprend. C'est presque inconscient de sa part, il devrait être un peu plus égoïste, parce que ce sera déjà assez difficile de sauver sa propre vie, et en plus celle de quelqu'un d'autre. En plus, le nobliau a entendu dire que les pirates ont horreur des femmes, parce qu'une femme à bord ça porte malheur. Minute... il pourrait toujours révéler qu'il n'en est pas une. Mais pas sur que ça change grand-chose. C'est alors qu'ayant levé les yeux, il réalise que parmi les pirates, il y a de nombreuses femmes. Ah. Un équipage peu commun. Peut-être alors qu'il aurait une chance de survivre. Si Tom fait assez ses preuves. Avec beaucoup de chance. (Et c'est pas gagné, vu la chance de Gabriel.)

Tom se baisse, s'agenouille, pose son fardeau à côté de lui. Gabriel grimace de douleur : sa cuisse a touché un peu fort le sol. Il essaie de comprendre ce qu'il se passe exactement : pour cela, il porte le regard sur un pirate prostré au sol. Il est blessé. Du sang. Gabriel porte la main à son visage et recouvre sa bouche et son nez. Pauvre être sensible. Il s'évanouit à la vue de son propre sang, et supporte mal celle du sang des autres. Il en a mal au cœur et la tête lui tourne déjà. Thomas demande du rhum et son sac, celui grâce auquel le petit blond a été soigné pas plus tard que tout à l'heure. Le rhum arrive, la sacoche aussi, Tom déchire la manche du pirate blessé, et Gabriel se trouve confronté à la plaie ouverte et sanguinolente. Un haut-le-cœur le prend et il a le réflexe de détourner le regard, mais, curieux, quand le médecin désinfecte abondamment la blessure, il regarde, et admire la réaction du pirate, surtout en pensant à ses chouinements quelques instants plus tôt pour des blessures assez superficielles. Et du coup, sans même le réaliser, il observe tout le processus de soin. Ce n'est que quand le bras est bandé et que le sang imbibe un peu le tissu qu'il réalise ce qu'il vient de faire, que le haut-le-cœur revient, et qu'il peine à le restreindre. Heureusement qu'il n'a pas le mal de mer.

Mais il n'a pas le temps de se donner plus avant à son mal de cœur et à sa faiblesse : maintenant que le marin est soigné, ils ne peuvent plus compter que sur la reconnaissance des pirates. Parce que sinon, ils vont rejoindre le tas de cadavres sur le pont, aussi mignons soient-ils tous les deux, chacun à leur manière. Gabriel, sentant la tension autour d'eux, réagit lui-même en frissonnant légèrement. Finalement, il se trouve trop jeune pour mourir. Il se blottit contre Thomas, qu'il voit comme son seul recours, à présent. Parce que Thomas vient de soigner un pirate, et ça peut compter comme une assurance de survie. Mais seulement pour lui. Et puis ils ont l'air d'avoir besoin d'un médecin. Le travesti, quelque peu réaliste, ne voit aucune raison pour laquelle on l'épargnerait, lui. Il ne sert à rien. Il s'accroche désespérément au bras de Thomas, et espère très fort que sa générosité ne s'arrêtera pas là. Pauvre enfant. Pauvre petite fille innocente.
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Evan Lenoir

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MessageSujet: Re: Sauvetages inopinés [Pour tout l'équipage \o/]   Sauvetages inopinés [Pour tout l'équipage \o/] EmptyVen 20 Mai - 17:31

J'étais pirate, mais je ne buvais. J'était recherché, et pourtant libre. J'avais 17 ans mais j'étais déjà si vieux. Je n'avais plus qu'un oeil et je ne me sentais pas diminué. J'avais une balle dans le bras droit, mais je n'avais pas mal. Ma vie était une putain de série de contradictions, pensai-je avec détachement, allongé sur le pont, aussi inutile à présent qu'un mat tronqué.

Nous avions lancé l'abordage un peu plus tôt dans la journée après trois jours d'une poursuite infernale le long des petites antilles. Lontemps le vent avait favorisé le grand navire marchant qui traçait loin devant nous, poussé par son extraordinaire surface de toile. La veille seulement, la brise avait faible - et le rapport poids-puissance avait enfin été inversé. Le Prince, léger et svelte, avait fendu les flots à toute allure tandis que le lourd batiment pourchassé avait été ralenti par son imposante cargaison. Il avait fallut encore quelques manoeuvres, un shift de vent favorable. Nous avions viré plus vite, plus efficacement. Et enfin, notre fière vaisseau s'était trouvé à portée de canon.

La poudre avait parlé avant nos lames, détruisant impitoyablement leur mat tandis qu'ils tentaient veinement de riposter depuis le gaillard arrière. Le Prince vint frôler leur coque de près, si intimement que leurs cannoniers se refusèrent à renchérir sur les flancs ; ils eussent endommagé leur propre navire avec le nôtre. Comprenant qu'il n'avait plus d'autre choix que de se battre, le capitaine avait enfin fait affaler la misaine. Ce fut le signal de l'abordage.

Je m'étais jeté avec les autres dans cette marée humaine, hurlant et tranchant au rythme synchronisé de nos sabres, usant de mes poings et de mes coudes pour me frayer un chemin jusqu'à leurs pièces. J'avais en tête de mettre hors de combat leurs canons de pont et leurs servants, évitant à mes compagnons d'être réduits en charpie avant d'avoir touché le bastinguage. Sur mon chemin, j'avai tué deux hommes et en avait certainement blessé trois autres avant d'être stoppé net. Une balle dans le bras. J'étais tombé à terre, aveuglé par le choc. Et je regardais avec amertume ces pièces que je ne détruirais pas.

L'assaut dura encore un instant - ou plusieurs, quelle est la notion du temps pour un blessé? - puis le calme revint. Subitement, froidement. Le calme d'après l'enfer. L'ambiance de la victoire était toujours étrange - ponctuée par les gémissements des hommes à terre et les pas de ceux qui cherchaient à les soigner. On n'osait jamais crier victoire tout de suite, tellement c'était soudain, ce silence de cloture. Il fallait toujours un temps. Puis un homme levait son arme, les autres suivaient, et enfin, les cris explosaient. Les pirates hurlèrent leur victoire. Moi, je voulais faire pareil, mais je ne sentais rien. Le choc de la balle anihilait tous mes sens - tout me semblait arriver au tavers d'un épais brouillard, comme si le monde se refermait. Je devais perdre beaucoup de sang, pensai-je avec lucidité. J'allais sans doute m'évanouir. Et puis... Ah, interressante question. Et après? Allais-je revoir le ciel? Je m'en moquais un peu. Quoi qu'il arrive, je serais de toute façon en voyage.

Mais pas de sitot apparemment, ou alors l'au-delà était sacrément douloureux! Une brulûre cuisante me ramena soudainement à la conscience de mon état physique en me perforant le bras droit. Je serrai les machoires de toutes mes forces pour ne pas hurler et me débattre. Confusément, j'avais sentit que l'on me tenait les poignets pour m'empêcher de bouger, et conciliant, je luttai de toutes mes forces pour rester immobile malgrés les pointes de douleur qui continuaient de me transpercer les muscles. On devait sans doute chercher à refermer ma plaie. Mais qui? Nous n'avions pas de médecin à bord. J'étais incapable d'ouvrir l'oeil pour le savoir, encore aveuglé par le choc sensitif. Je respirai abruptement, à pleins poumons. Il fallut encore quelques secondes, puis je pus soulever mon unique paupière intacte avec précaution.

Penché sur moi, un jeune homme à la peau blanche me scrutait attentivement de ses yeux clairs et perçants. Il avait une sacoche à son côté, et lentement, il me somma de rester couché pour la journée. La proposition ne me plaisait guère, mais au moins j'avais trouvé là mon sauveur - pas besoin d'être savant pour deviner qui venait de refermer mon bras. Je ne l'avais jamais vu à bord du Prince. J'en fus stupéfait. Il m'avait soigné alors que nous venions d'attaquer le navire sur lequel il voyageait. Instantanément, cette largesse d'esprit le plaça en faveur dans mon esprit. Aussi, luttant contre les picotements qui tyrannisaient mon côté droit, je me soulevai légèrement sur le coude gauche pour pouvoir le regarder en face.

- Qui que tu sois, je te remercie. Ca m'aurait fait mal de perdre un bras en plus de l'oeil.

Mais bon, il ne faut pas en demander trop à la chance. Cet effort fourni, je m'effondrai à nouveau sur le pont. Conscient, mais vidé. C'était dans ce genre de journée que j'appréciais d'avoir choisi la piraterie pour destin.
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Scarlett C. Lewis

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Scarlett C. Lewis

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MessageSujet: Re: Sauvetages inopinés [Pour tout l'équipage \o/]   Sauvetages inopinés [Pour tout l'équipage \o/] EmptyDim 22 Mai - 10:30

    Tout allait bon train. Le tas de cadavres amassé sur le pont, les cris et les rires gras, le féroce sourire sur les visages. L'abordage lancé un peu plus tôt dans la matinée avait été une réussite du début à la fin, sous un ciel azuréen. Le sang poisseux qui souillait le pont lustré du navire vaincu commençait déjà à sécher.

    Scarlett, victorieuse, se tenait debout, le sabre à la main, donnant des ordres cinglants à son équipage. On se servait dans les réserves de voiles et de nourriture, on fouillait les cabines à a recherche de tout objet de valeur, ou de quelque survivant inopiné. La cargaison des marchands fut confisquée avec joie. L'euphorie apportée par la victoire s'installait chez les pirates. Ce soir, il y aurait du rhum. Et si l'on s'inquiétait pour la santé de quelques blessés qu'on tentait de ramener à bord du Prince malgré l'absence de médecins, seul un cas faisait douter Scarlett. LeNoir, étendu non loin d'elle, était assez gravement atteint, d'une balle dans le bras. Quelques hommes étaient près de lui, inutiles et patauds. La capitaine maudit tous les médecins du monde de ne point avoir voulu s'embarquer. Ce n'était qu'une matelot, mais un bon matelot. Il avait du cran, était déterminé. Perdre LeNoir si tôt après l'avoir embauché, avant que tout son potentiel fut montré à tous avait le don de faire enrager la jeune femme. Pourtant il fallait rester concentrée, surveiller les allées et venues des hommes encore valides, commander chaque opération de pillage avant de saborder le navire.

    Une arrivée bien étrange vint interrompre les opérations. Graham, un brave marin un peu lourd, remonta des cabines avec un butin inopiné : Un jeune homme et une drôle de fille blottie dans ses bras, sans doute trouvés au fond d'un placard où ils se seraient terrés. Peu lui importaient ces deux-là. Vu leur air perdu, à quoi pouvaient-ils bien servir ? Scarlett, insensible à la terreur du couple de rescapés, s'apprêtait déjà à ordonner une mort rapide et efficace quand le garçon, d'à peu près son âge, eut le culot d'ouvrir la bouche. La peur de mourir donne parfois l'envie de prendre des initiatives stupides.

    - Je peux le soigner. Je suis médecin.

    LeNoir. Elle l'avait oublié, celui-là. De peur d'on ne sait trop quelle blessure supplémentaire, on l'avait laissé sur le pont, certainement en attendant des ordres. Celui qui se prétendait médecin l'avait désigné d'un rapide coup de tête. Scarlett ne tergiversa pas longtemps. Entouré de pirates comme il l'était, le rescapé ne tenterait rien. Et puis il avait soudain l'air sûr de lui, comme si déjà il préparait les soins qu'il administrerait au blessé. La jeune femme hocha la tête avec un soupir, et on le laissa aller à Evan. Il s'approcha, la gamine toujours dans les bras. Inutile fardeau, celle-ci. Il demanda de l'alcool et sa sacoche, qui lui furent amenés. Tandis qu'il tâchait d'amoindrir les souffrances du marin aux dents serrées, Scarlett ordonna sèchement qu'on continue le transport du butin. On n'allait pas rester là, pantois devant un gamin qui sait faire un pansement ! C'est ce qu'elle leur dit de vive voix, avant de se tourner vers le trio, toujours surveillé par Graham, posé à quelques mètres de là. La gamine vissée au bras de ce qu'elle devait considérer comme son seul espoir de survie, le matelot épuisé reconnaissant et le médecin, qui regardait son patient avec assurance. Les soins et recommandations ayant pris fin, elle s'avança vers le jeune homme et, sans lui laisser le temps de se relever, s'adressa à lui, air fier, ton mordant.

    - Eh bien, je n'ai pas d'autre choix que te remercier pour cet homme, je doute qu'il ait survécu sans ton assistance. Nous n'avons pas de médecin à bord, pour le moment. Mais peut être serais-tu intéressé par cette place ?

    Il avait l'air intelligent, peut être comprendrait-il qu'elle ne lui laissait en fait aucun choix. Un mort de plus ou de moins, Scarlett ne faisait pas vraiment la différence.
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MessageSujet: Re: Sauvetages inopinés [Pour tout l'équipage \o/]   Sauvetages inopinés [Pour tout l'équipage \o/] EmptyLun 23 Mai - 12:20

Pour un bel abordage, cela avait été un bel abordage. Enfin, « bel » n’était peut-être pas le qualificatif le plus approprié pour décrire un spectacle porteur d’autant de sang que de fureur. On avait beau prêter toute la poésie du monde aux grandes batailles, cela ne restait là que de la poésie. Quelque chose d’abstrait quine rendait jamais vraiment justice à la sensation véritable de se retrouver, sabre au clair, face à un pauvre gus qui ne vous connaissait ni d’Eve ni d’Adam mais qui n’avait d’autre choix que de vous étriper le premier. Non, la bataille n’avait rien de cette beauté sauvage dont Charlie avait lu les récits dans quelques unes de ses lectures. On voulait parfois la doter d’un romantisme qui n’était pas le sien, où l’odeur de la poudre était de celle des roses. Même les comptes-rendus les plus réalistes et morbides ne pouvaient retranscrire aussi vivement la folie de ces mortelles échauffourées . C’était quelque chose que l’on se devait de vivre avant de pouvoir prétendre les comprendre. Si tant est qu’on puisse un jour en être capable. Combien de ces récits glorieux de batailles avaient attirés en mer de jeunes mousses rêvant de gloire et d’héroïsme pour les retrouver, tremblants et nauséeux, face à des adversaires qui l’étaient tout autant qu’eux ? Rien de beau dans tout cela. Rien de beau dans le regard d’un homme juste avant qu’il ne passe de vie à trépas, sommairement passé au fil de l’épée ou fauché d’une balle. C’était là un spectacle auquel Charlie –s’il s’y était pourtant habitué- n’avait pris plaisir. D’autant plus que les marins, d’où qu’ils viennent, n’avaient que rarement une tête agréable à regarder, ce qui n’aidait définitivement pas à regarder agoniser, l’écume aux lèvres et la bouche tordue (encore plus que d’habitude, s’entend).

Finalement, Charlie décida d’opter pour un abordage rondement mené. C’était un fait avéré, nulle possibilité de le contester. La poursuite s’était déroulée dans les règles de l’art, le Prince des Tempêtes fendant les eaux droit sur sa proie, manœuvré par un équipage uni qui connaissait son affaire. Les canons avaient chanté (1), faisant voler bois, cordages et marins malchanceux. Puis les deux navires s’étaient retrouvés dans la position idéale pour un bel… pardon, un abordage réussi, et les pirates avaient pu s’abattre sur leur cible comme, et bien, une tempête (mais certainement pas constituée de princes, surtout après autan de jours en mer). Cela avait été la mêlée, bruyante, confuse, mortelle. Les défenseurs n’avaient eu d’autre choix que de se battre avec l’énergie du désespoir, sachant bien qu’ils n’auraient aucune chance de quémander quelque clémence. Charlie s’était battu sans retenue, comme à son habitude. Non pas par pur plaisir, mais parce qu’on ne pouvait réellement faire autrement si l’on comptait rester en vie assez longtemps pour profiter du reste de son existence. Et du butin. Ainsi que du rhum. Tailladant, frappant, parant, tirant, il s’était frayé un chemin sanglant sur le pont du navire assailli, implacable et terrible. Enfin, le combat s’était terminé, les derniers défenseurs s’écroulant sous les coups redoutables des flibustiers. Le vacarme du combat céda la place aux râles des blessés qu’on achevait et aux pirates qui se lançaient avec joie dans la fouille et le pillage du navire sur les ordres de Scarlett. La manœuvre s’était déroulée vite et bien, presque sans accroc ; les pertes parmi les princier se révélant fort légères.

Essuyant sa lame ensanglantée sur un vieux chiffon tiré d’une poche, Charlie remonta le pont avec assurance, cherchant sa capitaine du regard. Et quand il la trouva, ce fut en compagnie de trois autres personnages dignes d’attention. En premier lieu il avait Evan Lenoir, la dernière recrue du Prince des Tempêtes, et le second ne fut pas ravi du spectacle : le borgne était à terre, une balle dans le bras. A en juger par ses traits, son était n’était pas des plus bénins, ce qui ne manqua pas d’inquiéter le second comme à chaque fois qu’un membre d’équipage se trouvait en mauvaise posture. C’était d’autant plus vrai encore qu’Evan s’était révélé être une très bonne recrue, efficace et travailleuse. Et jeune. Withmore serait plus que navré de voir ainsi gâché un tel potentiel. Mais une telle issue n’était visiblement pas entendue d’avance quand s’exprima soudainement l’un des deux individus que Graham avait ramenés sur le pont. Deux survivants, les seuls sans doute, parmi les gens du bateau abordé. Un jeune homme guère à son aise mais doté de la détermination du désespoir, et ce qui semblait être une jeune fille terrorisée accrochée à son bras comme une moule à son rocher. Tous deux semblaient extrêmement déplacés dans un tel cadre, sur ce pont couvert de sang et de cadavres. Mais le second du Prince se sentit fort disposé à leur égard pour deux bonnes raisons : l’un se prétendait être médecin, et tous deux n’avaient pas levé d’armes contre l’équipage du Prince des Tempêtes. Rengainant son épée, sans mot dire, Charlie vint se poster aux côtés de Scarlette, observant avec attention le docteur faire son ouvrage. Il semblait bien jeune pour sa profession, peut-être à peine sortir de ses études, mais ses gestes étaient aussi précis et assurés qu’ils pouvaient l’être en pareille circonstance. Dès qu’il se pencha sur Evan, l’homme semblait soudain n’être plus concentré que sur son passion, demandant avec l’autorité si particulière aux soignants ce dont il avait besoin. Et, tandis qu’il s’affairait à sauver ainsi aussi bien la vie d’Evan que la sienne et celle de sa compagne, Withmore se surprit à observer surtout cette dernière. Plus jeune que le toubib, elle n’avait pas prononcé un mot et ne quittait pas l’homme de sciences. Il y avait dans l’allure de cette jeune personne quelque chose qui éveillait la curiosité de Charlie, sans qu’il n’arrive vraiment à mettre le doigt (métaphorique, bien entendu) dessus…

Mais son examen consciencieux fut remis à plus tard quand le médecin s’écarta de son patient, semblant aussi sûr de lui que possible lorsqu’il annonça le jour de repos minimum dont aurait besoin Lenoir. Ce dernier semblait effectivement tiré d’affaire, au grand plaisir de Charlie, et ne manqua pas de remercier son sauveur avant de se laisser retomber à terre, ce qui évita à Charlie de l’y remettre lui-même s’il avait voulu faire du zèle. Quant à Scarlett Lewis, qui avait jusque là observé la scène sans mot dire, se fendit soudain d’une brève parole, devançant l’idée que Withmore était sur le point de lui exposer. Il n’en fut point étonné : aussi impitoyable puisse-t-elle être, Lewis savait reconnaître le mérite lorsqu’elle se retrouvait en face de lui, et n’était pas capitaine à ne pas laisser une chance à ceux qui en avaient. Une seule et unique chance, cependant, et Charlie ne se faisait guère d’illusions sur le sort du docteur si celui-ci refusait cette soudaine proposition.

« Si j’étais toi, j’réfléchirais pas une seule seconde, doc’ ! Une chance pareille, c’est pas donné à tous ceux qu’on croise, crois moi ! D’autant plus qu’on sait traiter correctement ceux qui rejoignent notre bord. Et puis, j’pense pas que t’aies réellement le choix, hein ? Surtout que le sort de ta p’tite protégée dépend du tiens, et que tu m’as tout l’air d’un type qui se soucie des autres. »

Charlie s’était approché, un sourire réconfortant aux lèvres, des deux rescapés en sursis, en profitant pour les observer de plus près. Puis il se tourna vers Scarlett, avec son air le plus conciliateur :

« Car on ne voudrait pas séparer ces deux âmes, hein, capitaine ? Dans la mort ou à notre bord, je suis sûr qu’on n’a pas à les éloigner. D’autant que je pense que la petite pourra se rendre utile, elle aussi. N’importe qui peut se rendre utile pourvu qu’il se donne un peu de peine. Ne pas vouloir mourir, c’est déjà une bonne source de motivation, moi j’dis. D’autant que le toubib à sauvé une vie à nous, et si c’est pas la dernière, j’pense qu’il peut au moins réclamer d’en sauver une à lui. »

Il posa une main sur l’épaule du docteur, avant de continuer :

« Alors qu’est-ce que t’en penses, toi… C’est quoi vos p’tites noms, d’ailleurs, à toi et à ta… » Charlie jeta un nouveau regard songeur à l’apparente jeune fille, comme sur le point de dire autre chose, mais préférant finalement le garder pour lui. « …protégée ? Moi c'est Charlie Withmore, le second du flamboyant "Prince des Tempêtes", et elle, c'est le capitaine Lewis. Et sans doute bientôt le tien, si t'as autant de bon sens que t'en as montré jusqu'à présent. »


__________________________________________________________

(1)Ce qui, selon Charlie, était un autre cas d’abus de langage sous prétexte d’une jolie licence poétique. Le bruit d’un canon faisant feu n’avait que peu de choses à voir avec le chant. Ou alors seulement dans certains tripots de Tortuga après deux heures du matin, quelques litres de rhum et une gorge abimée par une décennie de tabac. Bref, guère de poésie dans l’un comme dans l’autre.
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MessageSujet: Re: Sauvetages inopinés [Pour tout l'équipage \o/]   Sauvetages inopinés [Pour tout l'équipage \o/] EmptyMer 15 Juin - 18:35

Son traitement avait été rude et Tom ne fut pas étonné de voir le marin s'écrouler sur le pont aussi brutalement. Il avait usé de techniques indignes de sa formation, des techniques de bonne femmes, qui mélangeaient herbes « médicinales » et yeux de crapauds, recettes frôlant la sorcellerie dont elles parlaient avec dégoût et frayeur. Inutile de préciser qu'il entretenait un mépris assez marqué envers ces croyances populaires. Mais, sans le sou, il n'avait pu acquérir les instruments précis et modernes qu'il avait vu à Oxford entre les mains de ses professeurs. La pommade qui recouvrait désormais le bras du pirate avait été achetée dans une boutique de Londres, en même temps que quelques autres outils et remèdes qui garnissaient son sac. L'état de la boutique l'avait laissé suspicieux sur la qualité et l'efficacité des produits. Sa bourse trop légère l'avait cependant empêché d'aller voir ailleurs. Il avait ainsi dans son sac des aiguilles et du fil pour suturer les plaies, qui semblaient assez solides pour refermer correctement les chairs. Il aurait pu user de cette technique sur le matelot s'il n'avait pas été entouré de pirates méfiants, prêts à le tuer s'il prenait trop de temps ou qu'il était maladroit. Il n'avait osé demander de déplacer le blessé sur une table stable étant donné la précarité de sa situation : un passager inutile qui commence à avoir ses exigences de confort risquait de passer par dessus bord assez rapidement. Cette technique demandait trop de précision et donc de calme pour être effectuée sur le pont d'un navire, à la va-vite.
Le matelot ne sembla pourtant pas tenir rigueur de ce traitement brutal : ses derniers mots avant qu'il ne retombe brutalement sur le sol de bois dur laissèrent Tom perplexe. Quoi ? Un pirate qui le remercie avec sincérité ? Jamais il ne se serait douté d'une telle scène. Il s'attendait plutôt à voir l'homme lui sauter au cou et user de ses poings pour lui faire comprendre qu'il préférait être cautérisé plutôt que subir ses soins tout aussi douloureux sans être aussi efficaces. Mais non. Il considéra l'homme et fut perplexe de constater qu'il avait en fait soigné un jeune homme, un adolescent encore. Sa carrure, les traits creusés de son visage et surtout son œil unique, étaient plus proches du physique d'un vieux marin que d'un jeune matelot. Sous son air féroce, il semblait avoir conservé des sentiments bons et peut-être un peu naïfs. Tom n'allait certainement pas s'en plaindre : il avait gagné son premier allié au milieu de l'équipage.

Il n'eut cependant pas le temps de s'en réjouir. La douleur qui commençait à engourdir son bras sous la pression des mains de Gabriel n'annonçait rien de bon. Le pauvre semblait à deux doigts de s'évanouir de dégoût et de peur. Tom compris rapidement ce qui le terrorisait ainsi : la capitaine s'était matérialisée devant eux, sans qu'il eut perçu le moindre son annonçant un quelconque déplacement. Étant toujours agenouillé à terre, elle le dominait de toute sa hauteur et ses traits ne s'étaient pas détendus. L'heure du verdict était arrivé et il avait l'impression qu'il n'allait pas être bon. Du tout. Il voyait déjà la gueule du mousquet braqué sur lui, s'il avait la chance d'être abattu de face, et non dans le dos, sans autre cérémonie. Il n'aurait même pas le temps de sentir la douleur que déjà son cerveau serait mort, ses membres roides et sa vie éteinte. Une seule seconde suffirait pour le transformer en cadavre gris, déchiqueté par diverses créatures marines. Cette image, couplée au regard fier de cette femme, qui ne devait pas être plus âgée que lui, suffirent effacer définitivement sa peur. Pourquoi devait-il se sentir si faible face à cette bande matelots ? Il fut satisfait d'entendre la décision de la capitaine, mais la manière dont elle prononça ces mots ne fit que fouetter son orgueil. Bien évidemment, sa prétendue reconnaissance ne transparaissait pas dans son ton et la menace était évidente. Tom détacha ses mains poisseuses de sang de celles de Gabriel et se releva lentement, ses yeux plantés dans ceux la jeune femme. Il oublia toute prudence et il adopta inconsciemment un air farouche. Habitué à ne fréquenter que des femmes de petite vertu, il s'était toujours naturellement considéré supérieur à la gente féminine, ce faible sexe. Et ce n'était pas l'exemple de sa mère qui aurait pu arranger cela. Pourtant, le regard fier et intransigeant de la capitaine était plutôt digne d'un homme que d'une femme. Son visage doux n'était pourtant pas enlaidi par les reflets métalliques qu'il percevait dans ses prunelles. L'étonnement de Tom (il ne comptait plus le nombre de fois où il avait été stupéfait dans cette journée) le fit sortir de son aveuglement orgueilleux et son esprit lui montra avec sagesse qu'il n'était pas en position de faire un combat de coq. Face à la supériorité de la jeune femme, Tom s'inclina légèrement, masquant les étincelles qu'il avait stupidement laissé flamber dans ses yeux quelques secondes auparavant. Seul son léger sourire en coin qui tordait la commissure de ses lèvres pouvait laisser entrevoir ses idées.
Heureusement pour lui, le second vint bientôt faire diversion et Tom détourna son attention sur ce-dernier, espérant que son micro acte de rébellion était passé inaperçu : il en fallait très peu pour que la capitaine ne change d'opinion. Son second apparu aussitôt à l'opposé de ce que le médecin avait réussi à percevoir chez la jeune femme : son air bourru et bonhomme était proche des bons gros bourgeois. Son physique avait beau prétendre l'inverse et le classer dans la catégorie des forbans endurcis, une légère méfiance assaisonnée de petites touches de mépris gagna bientôt Tom, qui se refusa cependant tout jugement définitif et surtout hâtif. Le second, qui se présenta sous le nom de Charlie Withmore, plaida en tout cas en sa faveur auprès de sa supérieure. Cet acte, bien qu'il sembla plus spontané que marqué de bravoure, le rassura et contrebalança l'impression négative qu'il avait prévalue. Le médecin se fendit d'un sourire poli destiné à son "sauveur", désirant ménager son seul soutien encore debout dans l'équipage. La manière dont il considérait Gabriel et sa légère hésitation sur le terme à employer à son égard, cependant, alarmèrent le londonien : l'idée que le jeune homme puisse intéresser les forbans et qu'il soit utilisé pour satisfaire diverses envies le dérangeaient sérieusement. Il ne savait pas pourquoi il tenait tant à protéger ce blondinet délicat, et le fait même que le second le considère comme un "un type qui se soucie des autres" l'agaçait, mais il ne pouvait rester les bras croisés. Il s'écarta d'un mouvement d'épaule de la prise de Withmore qui le choquait et le répugnait et il redressa Gabriel à deux mains, entourant ensuite ses épaules de son bras :

J'accepte la proposition. Et voici Gabrielle, ma petite soeur. Je pense qu'un rôle dans les cuisines lui conviendrait à merveille : je vous jure que vous n'aurez pas à le regretter.

C'était risqué. Présenter Gabriel comme sa fiancée, l'aurait peut-être mieux protégée des désirs des forbans, mais il s'imaginait mal jouer la comédie du l'amant, avec tous les actes que cela impliquait. Il préférait plutôt se concentrer sur la gente féminine, qui si elle n'avait pas cerveau propice à la conversation savante, avait des charmes bien plus attirants qu'une jeune homme, aussi gracieux et féminin soit-il. Il planta de nouveau son regard dans celui de la capitaine, sans aucune envie d'en découdre, mais avec une expression de défi qui devait laisser entendre qu'il s'agissait d'un lot à prendre en entier. Il resserra sa prise sur l'épaule du jeune homme, espérant fortement qu'il s'était suffisamment remis de ses émotions pour soutenir ce qu'avançait Tom.
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MessageSujet: Re: Sauvetages inopinés [Pour tout l'équipage \o/]   Sauvetages inopinés [Pour tout l'équipage \o/] EmptyVen 17 Juin - 17:45

Vous contemplez en ce moment un adolescent, un jeune travesti plongé dans les abîmes de la perplexité. Et puis terrifié. Et il a aussi un peu mal au cœur, n'oublions pas, tout ce sang, n'est-ce pas. Mais, il est surtout et tout d'abord, totalement perplexe. Perplexe pourquoi, me direz-vous. Eh bien figurez-vous que cet(te) aristocrate [ndla : ce mot est juste génial, il est féminin et masculin à la fois, il sied parfaitement à notre protagoniste (oh ! encore un mot unisexe, mais c'est magnifique !)], je disais donc, figurez-vous que cet(te) aristocrate est confronté à la vision d'un pirate qui dit merci. Et gentiment en plus. Il faut savoir que, friande de récits extraordinaires, la jeune fille a connaissance de nombreuses histoires de pirates. Et ils tuent des gens, en sauvent parfois d'autres (souvent par erreur), partent à la recherche de trésors, tombent amoureux de l'héroïne, qui finit par mourir ou aller dans un couvent parce que le seul amour d'un pirate, c'est la mer... (enfin, y a d'autres versions), mais, mais, mais... ils ne disent certainement pas merci. Et là, c'est la première fois que Gabriel(le) rencontre des pirates. Sa première impression correspondait à ce qu'il savait déjà, en pire : montagnes de cadavres, véritable carnage, charnier pestilentiel, pillage et odeurs nauséabondes autres. Mais là, il tombe des nues. On lui aurait donc menti ? Il s'insurgerait presque, l'enfant [encore un mot unisexe !], s'il n'y avait pas d'autres pirates pour lui prouver que si mensonge il y a eu, il s'accompagnait de pas mal de véracité, aussi. Gloups.

Perplexe qu'il était, il n'avait pas réalisé qu'il broyait littéralement le bras de Tom, parce que, inconsciemment du moins, plus que perplexe, il était terrorisé. Probable que sa perplexité était un moyen pour fuir la peur. Pas très judicieux. De fuir la peur, je veux dire. Parce que ça fait oublier la réalité. Et la réalité, là, c'est que sa survie n'était pas assurée. Du tout. Du tout, du tout, du tout. Celle du pirate qui a dit merci, entretemps, si. La vie est injuste. Si injuste. Les larmes lui en viendraient presque aux yeux. Son chagrin à propos de l'injustice de la vie est cependant reporté à plus tard par les gestes de Tom, qui se dégage de la poigne des petites mains blanches de son protégé. Et il fait ça avec ses propres mains. Ça paraît logique. Sauf que. Sauf que ses mains à lui sont couvertes de sang. Ihmondieu. Et tandis que Tom se relève, rebelle et fier, ce qui aurait dû provoquer chez Gabrielle une angoisse deux fois plus forte, et le forcer à se relever pour ramener le médecin à ses sens, eh bien, tandis que Tom met leur vie à tous deux en danger en agissant comme un gamin qu'on provoque, Gabriel contemple ses mains souillées, et par du sang, ses mains rougies à certains endroits, brunies plutôt, quelques taches rouges sur ses doigts fins, ses paumes claires, et son désarroi ne connaît plus de bornes. Du sang. Il a du sang sur les mains. Au sens propre du terme n'est-ce pas, Gabriel ne ferait pas de mal à une mouche. (Sauf si elle se pose sur ce qu'il est en train de cuisiner, mais là n'est pas la question.) Il a du sang sur les mains. Va-t-il s'en remettre ?

Apparemment pas. Car si Tom réalise qu'affronter la capitaine des pirates est une mauvaise idée... du moins, s'il tient à la vie, Gabriel, lui, ne prête absolument pas attention à ce que peuvent dire les personnes autour de lui. Il est littéralement traumatisé. Du sang. Sa perplexité et sa terreur se triplent maintenant d'un dégoût tenace et âcre dans sa gorge. Cela dit, étrangement, il n'a pas envie de vomir. Probablement que sa perplexité et sa peur compensent. Il se sent cela dit un peu tourner de l’œil. Et afin de résister à cette tentation assez fatale en cette situation – il n'a pas totalement perdu le sens des réalités – il s'apprête à agripper à nouveau le bras de l'Anglais, quand il réalise qu'il est déjà debout. Face à la capitaine. Qui le toise. Ils se regardent un peu en chien de faïence. La perplexité reprend le dessus. Jusqu'à ce que Tom baisse les yeux et ravale sa fierté et que Gabriel réalise que s'il ne l'avait pas fait, il donnait encore moins cher de leur peau. Plutôt en négatif, si vous voyez ce que je veux dire. Peut-être pas.

Mais c'est pas grave. Ce qui importe, là, c'est que Gabriel vient de prendre conscience des réalités et de réaliser qu'il ne devrait pas se préoccuper de telles – il avale sa salive – broutilles que d'avoir du sang sur les mains. Il en aura plein partout – hors de son corps donc – s'il manque la chance de sauver sa peau, et pour le coup, ce sera son sang à lui. Beaucoup moins enviable qu'avoir un peu de sang d'un pirate sur les mains, n'est-ce pas ? Ce n'est pas une raison pour regarder ce sang, et le blond s'applique donc à regarder Tom et Scarlett avec ce que l'entourage pourra qualifier d'un air ébahi, stupide, d'un regard fixe, ou tout simplement une tête bizarre. Jusqu'à ce qu'il s'applique à prendre un air plus ou moins neutre mais un peu inquiet, que nos camarades nippons qui certes ne sont pas encore familiers à cette époque-là qualifierait tout de même de trop « kawai ». Enfin, tout ça pour ça, Gabriel suit avec attention ce qu'il se passe. Normal, sa vie en dépend.

Mais, quelques instants plus tard, il doit tourner la tête pour poser son regard sur un troisième larron. Autant la capitaine était peu loquace, ce qui la rendait très inquiétante, autant l'individu qui vient de prendre la parole semble sympathique, mais d'une manière... bourrue ? En tous cas ses paroles étaient autrement plus accueillantes que celles de la capitaine, qui sonnaient – même le naïf travesti l'avait compris – très nettement comme une menace. T'acceptes ou tu crèves en gros. Et Gabriel a bien vu que la jeune femme l'a tout de suite jugé, lui, enfin, elle, comme poids mort. Alors que l'autre, qui vient de se révéler être le second, plaide en sa faveur. Gabriel se sent rempli de reconnaissance et se promet de le lui rendre au centuple si son émouvant plaidoyer lui sauve la vie. Ce qu'évidemment, l'adolescent espère du fond du cœur (pas étonnant, d'un autre côté). Cela dit, la « jeune fille » ne manque pas de remarquer l'hésitation de Charles : il ne sait pas exactement comment nommer Gabrielle. Pourquoi ? La pauvre enfant est perplexe, et même affolée. Jamais personne n'a pu voir à travers son travestissement, même pas son propre frère, c'est dire ! Elle essaie de se rassurer en se persuadant que l'hésitation du second vient de la nature de sa relation avec Tom et non pas de son apparence, de son statut à « elle ». Bon, peut-être pas. Mais il y pensera plus tard.

Entretemps Tom a commencé à répondre. Gabrielle aimerait bien se lever, malheureusement sa blessure à la cuisse le lance toujours, et il préfère éviter de se casser la figure devant tout le monde en ne supportant pas son propre poids. Il se doute qu'une journée de repos lui suffira. Et encore, c'est parce que c'est une petite chose fragile. N'empêche qu'on y est pas encore, et que donc il a ses raisons de rester assis sur le pont, même si ça le met en position d'infériorité physique et qu'il se sent un peu cerné par tous ces regards qui viennent d'en haut. Quelque part, il est un peu rassuré par la présence de l'autre pirate allongé par terre : il n'est pas le seul à même le sol. Même si leur situation n'est pas vraiment ce qu'on pourrait qualifier de semblable.

Et c'est là que Gabrielle apprend que désormais il sera la sœur de Tom. Il pose son regard, surpris, sur le médecin, avant de réaliser qu'il n'y a pas là de quoi être étonné aux yeux des pirates (en tous cas s'il veut que le mensonge soit crédible) et donc de tenter de dissimuler la surprise qu'il a pu ressentir. À la place il minaude quelque peu – il ne sait pas exactement quoi faire – et remercie le ciel d'avoir parlé à Tom des heures qu'« elle » avait passé dans les cuisines à apprendre les secrets des fourneaux. Ça personne ne pourra le nier, il est un vrai cordon bleu, et si on lui laisse sa chance en cuisine, on ne s'en mordra pas les doigts (on se les en lècherait plutôt, pour ne pas perdre une miette de ses plats. Ou pas). Cela dit, il ne sait pas non plus quoi dire, que voulez-vous, les présentations sont faites, il ne peut pas non plus raconter sa vie, et se vanter de ses talents en matière de cuisine ne lui apportera rien de plus : Tom a affirmé, comme s'il avait déjà goûté à ses plats, qu'ils étaient plus que mangeables.

« Je... Enchantée... Je... je ferai de mon mieux pour être utile, à tout le monde et en particulier à mon frère. » dit-il de sa voix fluette, et la fin de la phrase finit presque en point d'interrogation. Il aurait peut-être mieux fait de se taire ? Il ne sait pas, il est un peu perdu. Il offre son plus innocent et mignon sourire, mains jointes sur ses cuisses, jambes repliées vers lui, recouvertes par les nombreux jupons, un peu déchirés et ensanglantés par sa blessure antérieure. Il espère qu'on remarquera la blessure et que son attitude – rester assise – sera bien comprise comme due à la plaie et non pas une marque d'impolitesse. Un observateur attentif remarquera qu'il se tord quelque peu les doigts, nerveux. En tous cas, ce n'est pas mentir sur son identité qui lui pose problème, rassurez-vous, ça, il a l'habitude.

[J'ai mis la musique en aléatoire, et qu'est-ce qui sort ? Le thème de Pirates des Caraïbes. C'est magnifique.]
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MessageSujet: Re: Sauvetages inopinés [Pour tout l'équipage \o/]   Sauvetages inopinés [Pour tout l'équipage \o/] EmptyVen 22 Juil - 21:02

Scarlett n'avait pas imaginé que la situation se déroulerait autrement que comme ça. Evidemment, le docteur avait préféré vivre, quitte à ce que ce soit pour soigner des forbans et à devoir ingurgiter du biscuit de mer moisi -ou pire- aux repas les plus démunis. A vrai dire, Scarlett n'aurait pas pris un grand plaisir à gâcher une vie qui aurait pu être utile à son équipage et à elle-même. C'est presque avec soulagement qu'elle le vit accepter l'offre qui n'en était pas une, comme on l'a bien compris. Bref. Ne nous arrêtons pas à ce qui satisfit Scarlett, car elle l'oubliait souvent trop vite quand un élément quelconque la poussait à la râlerie, voire à la colère. Comme ce jour-là : Le jeune homme se dégagea avec une sorte d'effroi de la main de Chip affectueusement posée sur son épaule : La bête sauvage refusait le harnais même le plus souple, ce défi instinctif montra à Scarlett que le médecin aurait du mal à s'accoutumer à sa nouvelle vie, mais elle n'en aurait pas pas gardé un souvenir impérissable si l'homme n'avait alors fait preuve d'une audace qui la laissa osciller entre mécontentement et heureuse surprise. Elle aimait les hommes qui avaient ce cran inné, quelle que fut la situation. Et la situation fut soudain bien étrange. Il poussa dans son champ de vision une poupée d’albâtre sans forme, mortifiée de terreur ou manquant de son pour la tenir droite. Ses traits avaient une délicatesse étrangère à Scarlett, qui ne voyait les beaux visages que figés de terreur, et donc laids. Ce visage-ci était quasi-vide de toute expression tant la pauvre enfant était prise d'émotion.

-Et voici Gabrielle, ma petite sœur. Je pense qu'un rôle dans les cuisines lui conviendrait à merveille : je vous jure que vous n'aurez pas à le regretter.
La jeune pirate eut le temps d'examiner de haut en bas la frêle marionnette sans fils avant que celle-ci ne prononce un mot pour tenter de sauver sa peau. La poupée ne ressemblait en rient à son prétendu frère, mais ce n'était pas l'affaire de Scarlett : l'homme qui avait eu l'audace de proposer un poste en cuisine sans savoir quel était l'état de l'équipage avait fait mouche : La capitaine n'en pouvait plus des plats infects que les marins non expérimentés tâchaient de confectionner depuis la mort du dernier cuisinier -emporté par la douleur de son moignon et par la syphilis, semblait-il. On avait besoin d'un cuisinier à bord, c'était une évidence qui fit grincer des dents la jeune femme. Gabrielle, malgré ses allures de porcelaine trop frottée, dégageait une sorte de vigueur qu'elle avait du mal à interpréter de la part d'une gamine riche, terrifiée et blessée. Pourtant elle eut le sentiment que la poupée tiendrait la tempête, si les gars acceptaient de la laisser en paix. Il faudrait y penser.

- Je... Enchantée... Je... je ferai de mon mieux pour être utile, à tout le monde et en particulier à mon frère.


Scarlett leva un sourcil. Elle tâcha de décider si parler à ce moment était un signe de détermination à survivre ou une preuve de bêtise et choisit finalement de ne pas relever la prise de parole plus que nécessaire. Elle avait pris sa décision, mais il était légitime de s'enquérir de l'avis de son second. C'est ce qu'elle ferait, donc. Mais d'abord, elle se tourna vers le médecin qui attendait, tendu mais fier.

- J'apprécierai sans doute le souci que vous avez pour le confort de mon équipage, quand je saurai votre nom, monsieur. Si j'estime que nous avons besoin des services de votre... sœur dans nos cuisines, je choisirai de lui épargner la vie.


Voilà pour le petit lion qui rugissait dans sa cage : lui rappeler la dureté des barreaux, et sa position supérieure. Ceci accompli, Scarlett s'adressa à son fidèle second sans quitter Gabrielle des yeux.

- Withmore, que pensez-vous de cette potentielle nouvelle recrue ? Elle me semble frêle mais la soif de vie donne parfois certaines forces, surtout alliée à un ventre plein de nourriture comestible.


Elle insista sur ce dernier mot, rappelant au pirate les nausées qui avaient suivi le dernier repas préparé par un mousse qui n'avait pas su cuire autre chose que de la viande avariée. Définitivement, la cuisine avait besoin d'une personne assignée à elle.

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MessageSujet: Re: Sauvetages inopinés [Pour tout l'équipage \o/]   Sauvetages inopinés [Pour tout l'équipage \o/] EmptySam 30 Juil - 18:31

Les histoires, c’était bien joli, mais la réalité c’était quand même tout autre chose. Dans toute bonne aventure maritime, il se devait d’y avoir au moins un abordage et ce afin d’assurer au lecteur son quota d’action, de frissons et de tintements d’épée. Mais rarement l’on s’éternisait sur ce qu’il se passait une fois le calme revenu sur le pont. Quand les coups de feu avaient laissé place aux cris des mourants et des blessés… Songeur, Charlie contemplait le sang qui coulait jusqu’à buter contre ses bottes ; il venait du cadavre d’un des protecteurs du navire assailli, récompensé de son courage par un coup de sabre enfoncé dans les tripes. L’odeur de la mort était omniprésente, ses remugles âcres s’élevant des entrailles et des plaies. Sans doute attiré par ce fumet morbide, un rat surgit ventre à terre sur le pont, ses moustaches frétillant à l’idée d’un repas facile. La vermine avait de quoi se régaler, mais il fallait lui faire vite ; un a un, les morts étaient offerts à la mer.

Tout en se disant que Scarlett n’aurait jamais toléré que les rats se pavanent aux vues de tous à bord du Prince des Tempêtes, elle y accueillait néanmoins deux drôles de bestioles. Comme pris de dégoût, le rescapé qui avait tant bien que mal rafistolé Erwan se libéra de la prise de Charlie, qui ne s’en offusqua guère. Les pirates avaient après tout cette réputation d’être peu recommandable, et se retrouver au contact avec l’un de ceux qui massacrait encore il y a quelques minutes ses compagnons de route aurait eu de quoi révulser des hommes moins sensibles que le docteur. Au moins, ce dernier avait eu la présence d’esprit d’accepter l’offre du capitaine Lewis. Et Charlie fut le premier à s’en réjouir : les types capables de vous recoudre après un dur combat étaient rares, et celui-ci avait plutôt bien réussi à garder son sang-froid tandis qu’il s’occupait du borgne. Des talents par trop précieux pour être balancés à la mer rejoindre les morts et les poissons. Plus surprenant était le fait qu’il ait trouvé le courage de lancer ce qui avait tout l’air d’une condition à la face de ses sauveurs. Et plus encore à Scarlett en personne. Curieux mais prêt à tempérer les ardeurs de son capitaine, Charlie attendit la réaction de la jeune femme. Mais elle resta maîtresse d’elle-même, sans pour autant manquer de remettre vertement le docteur à sa place. Quand à la jeune fille qui était maintenant l’enjeu de la conversation, elle semblait toujours aussi terrifiée mais trouva assez de force en elle pour plaider sa cause. Elle se présenta alors comme la sœur de l’homme, ce que Charlie trouva pour le moins douteux : il n’y avait entre eux pas plus de ressemblance qu’entre une rascasse et un mérou. Mais les liens ne se nouaient pas toujours dans le sang et, maintenant qu’ils n’avaient plus que l’un et l’autre à qui s’accrocher, qui pouvait les blâmer ? Certainement pas Charlie, en tout cas, même s’il lui trouvait toujours un air, à la donzelle, qui le laissait perplexe. Mais il aurait bien le temps d’y réfléchir plus en avant une fois cette affaire réglée.

Scarlett s’était adressée à Withmore pour lui demander son avis, et ce dernier ne manqua pas l’allusion à la piètre tenue de leur propre cambuse. Le gosse qui, par défaut, avait reçu l’ordre de s’en occuper faisait de son mieux, mais il n’était pas fait pour être marmiton. L’estomac de Charlie se serrait rien qu’à penser au dernier repas servi à bord. Mais jusqu’ici, ils avaient bien dû s’en contenter ; si le gamin leur servait de la viande avariée, il leur servait au moins de la nourriture au lieu de leur cuisiner des semelles de chaussures, comme n’importe quel autre membre de l’équipage… Oui, améliorer la qualité culinaire du Prince ne serait pas du luxe, aussi Charlie n’y réfléchit pas à deux fois avant d’assentir :

« Je pense, cap’taine, qu’on ne perd rien à lui donner sa chance. Au pire, elle pourra au moins tenir la cambuse en ordre et, au mieux, elle sera même capable de remplir nos gamelles avec quelque chose de vaguement mangeable. Et puis rien de tel qu’un peu de dur travail en mer pour vous endurcir son homme ! »

Il sourit au deux rescapés, croisant ses larges bras sur sa poitrine : « Alors, c’pas beau, comme les choses s’arrangent ? On dirait bien qu’vous allez vivre une journée de plus ! Et, si vous êtes aussi aptes que votre propension à survivre, beaucoup d’autres encore ! J’vous dirai volontiers bienvenue à bord, une fois qu’on aura enfin le plaisir de savoir à qui on a à faire… »

Car, après tout ceci, il fallait bien dire qu’ils n’en savaient tous guère plus sur leur deux nouveaux camarades forcés ; ceux qui n’avaient pas encore dit leurs noms et qu’en son fort intérieur, Charlie surnommait déjà le doc et l’autre.
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MessageSujet: Re: Sauvetages inopinés [Pour tout l'équipage \o/]   Sauvetages inopinés [Pour tout l'équipage \o/] EmptyVen 23 Sep - 13:57

Dieu merci, Gabriel avait trouvé assez de courage dans son cœur frêle pour prononcer quelques mots, aussi balbutiants et peu convaincants soient-ils. Si quelqu'un avait douté de leur lien de parenté, la réponse du jeune homme avait éliminé tout doute possible : ils n'avaient pas un gill de sang en commun, mis à part celui qui leur couvrait les mains. Les pirates ne semblèrent pourtant pas s'offusquer de cette tromperie et le problème ne résida pas tant dans le contenu des mots que dans le fait même de les prononcer. Le sourcil élégamment relevé de la capitaine manifestait clairement que s'octroyer le droit de parole sans prendre en compte son avis était une très mauvaise idée. Trop tard. Mais Tom ne se sentait pas coupable outre mesure d'avoir poussé Gabriel à parler. Le contrôle qu'exerçait la jeune femme lui semblait un poil excessif et il se mis à penser qu'elle ne devait se comporter ainsi qu'à cause de la situation exceptionnelle. Malgré une attaque rondement menée et une victoire écrasante, elle n'exprimait aucune satisfaction face aux tonneaux de rhum et autres trésors qui étaient peu à peu extirpés de la cale pour rejoindre celle de son navire. Au contraire, elle semblait presque agacée, comme si cela avait été trop facile. De plus, la vue de deux civiles non blessés qui s'efforçaient de se comporter avec dignité devait blesser son orgueil de pirate. Enfin, il aurait bien du temps plus tard pour étudier la question et observer la capitaine, sa capitaine d'ailleurs, s'il arrivait à trouver rapidement un nom à lui donner.
Le patronyme qu'il avait l'habitude d'utiliser depuis quelques temps pouvait évidemment convenir mais il avait déjà commis quelques actes peu glorieux et ses victimes risquaient fort de se souvenir de son nom : si le prénom était aussi commun que Smith, le nom qui lui était collé était bien trop original pour passer inaperçu. C'était peut-être, sûrement, une précaution superflue mais, car oui il a toujours un mais, nombre de ressortissants britanniques se retrouvaient sur les navires. Comme quoi, Tom n'était pas spécialement original en décidant de se perdre en mer, là où les lois et autres contraintes étaient les plus lâches et les plus aisées à violer (ainsi que les femmes, mais il est évidemment qu'un jeune homme de sa teneur ne pratiquait pas -encore ?- ce genre d'activité). Toujours est-il qu'il devait vite trouver quelque chose à répondre s'il ne voulait pas attiser la suspicion des forbans, chose assez comique lorsqu'on pense qu'il n'y a pas plus menteur et apatride qu'un pirate. Pourquoi ne pas montrer son acte de baptême ? Il laissa dévier son regard des yeux de la charmante capitaine aux hommes qui s'affairaient à jeter les corps à l'eau, s'invectivaient à qui mieux mieux. "Tom" était venu naturellement à son esprit en écoutant tout simplement la musique des navires : tout n'est que heurts, craquements, claquements de voiles et coups sourds qui résonnent dans la coque. Il lui fallait un patronyme générique mais symbolique car même s'il savait que son surnom, trouvé par ses futurs compagnons d'équipage, devait remplir ce rôle, il ne pouvait imaginer de s'affubler d'un patronyme fade. "Tom" claquait sous la langue, son sec jaillissant des dents et vrombissant dans la gorge. Que pouvait-il trouver sur ce navire ? Derrière ces forbans énergiques qui s'insultaient durement et les chocs métalliques des sabres ? Les voiles bruissaient doucement sous la brise, le tissu rêche offrait une danse sensuelle aux frottements soyeux, et la peau hâlée de la capitaine était caressée par ses longues mèches de cheveux, comme une épaisse fourrure aux reflets roux sous le soleil de plomb :

Thomas. Fox. Ressortissant britannique. Je suis...

Un rapide coup d'œil au pont imbibé de sang et aux armes déjà mollement braquées vers lui ne le convinrent pas de laisser mourir sa tentative d'ironie :

...enchanté ! de m'être trouvé sur votre route, capitaine ... Lewis ?

Sans réfréner son élan, il accompagna sa déclaration d'une légère mais vivace inclination de son corps et offrit un sourire élégant et amusé à la femme qui lui faisait face. Bon sang ! ne pouvait-il donc pas maîtriser ses stupides idées qui se manifestaient à intervalles réguliers ? Le vent, le roulis de l'eau et le ciel infini avaient suffit à balayer sa peur et à le porter vers une sérénité nouvelle, dégoulinant de poésie poisseuse, aurait-il dit quelques temps auparavant. Il se sentait...différent. Pas bon ça. Il n'avait certes pas le temps de se complaire dans ce troublant sentiment qui lui faisait sentir qu'il appartenait à ce monde balayé par les alizés. Au point où il en était, il n'avait plus qu'à finir son travail, et c'est avec un sourire sincère, amusé de sa propre témérité et de sa stupidité, qu'il se tourna vers le second, pour le saluer comme il se devait, d'une inclinaison plus profonde de la tête, n'osant cependant murmurer un remerciement.
Ses yeux revinrent se poser sur ceux de la capitaine, et ils n'affichaient aucune once de colère ou d'orgueil, comme si le coup de fouet pour le ramener dans sa position inférieure avait détruit toute fierté excessive. Il ne ressentait aucune douleur particulière, son échine n'avait point tremblée sous le choc et son calme ne venait en fait pas d'une soumission acceptée. Le lion s'était paisiblement endormi, les narines chatouillées d'une pléthore de senteurs prometteuses, mais certainement fausses : on ne pouvait pas dire que l'odeur acre et métallique du sang soit un fumet agréable. Tom allait certainement passer de déceptions en déceptions, il allait peut-être vouloir s'enfuir de ce cercueil flottant, mais pour le moment il n'avait pas d'autre choix. Autant s'accommoder de son sort avec espérance et bonheur, surtout lorsqu'il était presque accueilli avec gratitude pour ses talents, que le second semblait tout à fait disposé en sa faveur et que la capitaine, si elle laissait apparaître une image de glace sous le soleil torride, était plus qu'agréable à l'œil.



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Gabriel Du Mons

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MessageSujet: Re: Sauvetages inopinés [Pour tout l'équipage \o/]   Sauvetages inopinés [Pour tout l'équipage \o/] EmptyLun 26 Sep - 7:14

Gabrielle observe la Capitaine moucher Thomas, avec un brin d'admiration peut-être, et en tous cas, une petite décharge d'adrénaline. Ça n'est peut-être pas bon pour lui, qu'elle en veuille à l'audace du médecin. Heureusement, elle semble avoir envie de manger quelque chose de comestible. Ce qui signifie bien que celui qui leur sert de cuisinier en ce moment est plutôt médiocre, pour ne pas être plus méchant. Gabrielle sait que si on lui donne sa chance à la cuisine, on ne le regrettera pas. Et qu'on voudra le garder. Encore faudrait-il qu'on lui donne cette chance. Il ne lui reste qu'à se souvenir des cours de rhétorique qu'il a suivis avec son frère pour plaider sa cause. Ou bien...

Mais le cours de ses pensées est interrompu par le second, qui le devance pour ce qui est du plaidoyer : de tout évidence, ils en ont marre de devoir supporter des plats infects qui manquent les tuer à chaque repas, ces pirates qui survivent à tant d'abordages. Mais la dernière phrase du second fait tiquer le travesti : en effet, ce dernier vient de dire qu'un peu de dur travail endurcissait son homme. Est-ce qu'il l'a percé(e) à jour ? Est-ce juste une expression ? En tant que femme, Gabrielle ne sait pas si elle doit être honorée – d'être comparée à un homme, qui est censément dominant – ou vexée – sachant qu'ici la Capitaine est quand même une femme. Il choisit de s'offusquer discrètement, notamment pour montrer qu'il n'est pas totalement passif et sans caractère.

D'ailleurs, le second ne remarque rien – ou fait comme si – et continue d'un ton jovial pour leur souhaiter implicitement la bienvenue, et leur rappeler les règles de bienséance. Gabrielle jette un coup d’œil à son frère d'adoption, qui répond déjà. De toute évidence, le nom qu'il donne est faux. Mais ça n'est pas rare dans le monde de la piraterie, et probablement que ça ne dérangera personne. Mais le travesti tient trop au nom de ses ancêtres pour se plier à ce nom qui se prête somme toute trop à une analyse d'un caractère fourbe et rusé – comme celui du renard. Non, ce serait se livrer trop, lui dont toute la vie est un mensonge.

C'est alors que l'adolescent se sent illuminé : mais oui, mais oui, c'est ça ! Ne dit-on pas que plus un mensonge est gros, mieux il passe ? Déjà, il invente toutes sortes de scénarios, d'idées, et, sans avoir même fini de réfléchir à une vraisemblance totale de son histoire, il commence à raconter. Puisque Thomas l'a nommé sa sœur, c'est à Gabrielle d'enchaîner là-dessus.

« Comme l'a dit mon demi-frère, je m'appelle Gabrielle. Du Mons. Nous sommes tous deux des fils illégitimes d'un aristocrate allemand dont je tairai le nom par respect pour lui, bien que ses déboires soient connus en France, en Angleterre, dans le Saint Empire Germanique, dans tous les États d'Italie et même en Espagne. Si nos noms sont différents, c'est que nous portons les patronymes de nos mères, pour sauver les apparences, bien qu'il n'y ait pas grand-chose à sauver. »

Il s'arrête un instant, et regarde son auditoire. Est-il allé trop loin ? C'est pourtant tout à fait plausible, d'autant plus que ça explique très bien leur physique très différent : Gabrielle est aussi blonde que Tom est brun. Voyant que son public l'écoute avec attention, il ose poursuivre. Même si les membres les plus lucides de l'équipage se douteront qu'il s'agit d'un mensonge, ils auront – espère le blond – l'heur de juger qu'il faut du courage et de la bravade pour mentir si éhontément. Et n'est-ce pas justement ce dont a besoin un pirate, même celui qui s'occupe de la cuisine ?

« Nous avons des frères et sœurs un peu partout. Une grande famille. Étant donné que nos mères, après avoir fait connaissance lors d'une cure dans la même station thermale, ont décidé de se faire toutes les deux nonnes, notre père se retrouve avec nous sur ses bras – nos grands-parents maternels ne veulent pas de nous – et il a donc décidé de nous envoyer le plus loin possible. Je pense qu'il n'en espérait pas tant... » finit Gabrielle en jetant un regard entendu sur le pont du bateau.

Voilà. Quoi de mieux qu'un énorme mensonge pour un cacher un autre, tout aussi monstrueux – son travestissement ? Gabrielle serait presque fier de lui-même, si seulement il ne souffrait pas à cause de sa cuisse, et si seulement sa situation – leur situation, à son frère et lui – n'était pas si précaire. Maintenant, il ne lui reste qu'à prier que son mensonge passe ou que sa témérité plaise. Sinon, il finira dans l'estomac des requins, ce qui est quand même un comble pour un cuisinier. Tiens, d'ailleurs, il n'a pas justifié ses capacités culinaires. Peut-être devrait-il... ? Non, il a déjà assez monopolisé la parole : si on veut en savoir plus sur l'art culinaire qu'il pratique et sur l'origine de cette capacité, on le lui demandera. Et là, il sera beaucoup plus simple de répondre : le mensonge ne sera même pas nécessaire. C'en est presque dommage...

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Charlie Withmore

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MessageSujet: Re: Sauvetages inopinés [Pour tout l'équipage \o/]   Sauvetages inopinés [Pour tout l'équipage \o/] EmptyMar 4 Oct - 15:10

[HRP: comme demandé dans le sujet d'absence de Scarlett, je saute donc son tour, en espérant que le post convienne! ^^]

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Sur le pont du navire assailli, le calme était entièrement revenu. Aucune résistante supplémentaire n’avait été rencontrée lors de la fouille et de la mise à sac du bâtiment, et il ne s’agissait maintenant plus que de rassembler toutes les marchandises de valeur et de les transporter à bord du Prince des Tempêtes, ainsi que les pirates blessés et ce qui s’avérait être deux nouveaux membres d’équipage. Et Charlie Withmore était pour sa part bien content du dénouement. La prise avait été un succès, avec peu de pertes dans leur rang et de quoi remplir les poches et les espoirs parmi les rangs ; rien de tel pour le moral d’une bande de flibustier qu’un abordage réussi dans les règles de l’art ! Quant aux deux survivants, Charlie était également satisfait de la résolution du problème adoptée par son capitaine. L’écossais n’avait rien contre le fait d’ôter la vie à ses adversaires –d’autant plus quand ces derniers tentaient de lui ravir la sienne- mais massacrer des civils était un pan de la piraterie qu’il n’avait nullement envie d’embrasser. Et sous ses airs inflexibles, il savait que Scarlett Lewis était aussi juste qu’un boucanier pouvait l’être et que les meurtres gratuits de personnes sans défense n’étaient pas non plus sa tasse de thé. Du moins n’avait-elle pas encore prouvé le contraire à son second… Elle savait pour le moins reconnaître une bonne opportunité lorsqu’elle se présentait, et avoir un bord un réel médecin capable de rafistoler ses camarades était un atout non négligeable. De même que de pouvoir prendre ses repas sans courir la minute suivante les régurgiter par-dessus bord. Au final, ces deux nouveaux membres d’équipage improvisés pourraient se révéler être les véritables trésors de cette attaque.

« Bon, ben y m’semble à moi que la question est réglée, alors ! »
lança joyeusement Withmore pour rompre le silence qui avait suivi la présentation de leurs nouveaux camarades. Et à ce sujet, il se demandait sans le montrer le moins du monde si ces deux lascars avaient raconté la vérité à leur sujet. Probablement que non, mais cela n’avait pas grande importance pour le monde où ils se retrouvaient précipités. Quoi qu’ils aient tant envie de dissimuler, cela ne risquait pas de leur causer mauvaise réputation. Et si la question se devait un jour d’être creusée, Charlie ne manquerait pas de tenter d’en savoir plus. Et s’ils disaient la vérité, bah… Cela ne changeait rien à l’issue présente. Mais le second du Prince appréciait une bonne histoire quand il tombait dessus, et si celle du doc’ avait été concise et dépourvue de détails superflus, celle de sa protégée aurait pu faire le sujet d’un bon roman. Oui, quoi qu’il en soit, tout ceci avait le potentiel de se révéler fort distrayant…

« Bienvenue dans l’équipage du Prince des Tempêtes, les enfants ! C’est le capitaine Lewis qui mène la danse, mais vous répondrez de vos actes devant moi en premier lieu. En tant que second, je me ferai un devoir de garder l’œil sur vous, soyez en sûrs ! Et j’peux déjà vous dire que la vie à bord d’un bâtiment, même aussi racé que le Prince, n’est pas rose. Jusqu’ici vous étiez des passagers, maintenant on ne va pas manquer la moindre occasion de vous faire trimer avec nous autres ! Mais vous auriez pu tomber sur bien pires pirates sanguinaires que nous, et si vous faites ce qu’on vous dit quand on vous le dit, que vous le faites bien et que vous ne nous donnez aucune raison de douter de votre engagement, vous ne risquerez pas de finir à fond de cale ou par-dessus bord avec la poiscaille. Sur le Prince, la confiance et le respect se méritent, et tant que vous comprenez ça, il est fort peu probable qu’on commence à vous maltraiter sans raison. Bref, vous travaillez durs, vous travaillez bien, vous vous montrez loyaux envers le vaisseau, ses officiers et l’équipage, et vous n’aurez pas de raison de vous plaindre ! Franchement, peu importe votre histoire et d'où vous venez. Du moins tant que ça ne risque pas de porter préjudice à notre équipage. Car maintenant, vous n'êtes plus ceux que vous étiez avant: vous êtes des pirates. Est-ce qu'on s'est compris?»

Charlie fit un signe à un couple de matelots pour qu’ils transportent Evan Lenoir à bord du Prince puis, après un regard à son capitaine, tendit une grosse main calleuse à Fox tout en jetant un bref regard vaguement amusé mais bienveillant à Du Mons :

« Si c’est bon pour le capitaine, c’est bon pour moi. Bienvenue à bord, les gars ! »
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