Cap à l'Ouest !
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 Thétis dite, L'Égyptienne, Seconde du Hell Ship.

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Thétis L'Égyptienne

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Thétis L'Égyptienne

Féminin
Messages : 404
Localisation : Hell small Boat.
Humeur : Frivolle !
Thétis dite, L'Égyptienne, Seconde du Hell Ship. Vide
MessageSujet: Thétis dite, L'Égyptienne, Seconde du Hell Ship.   Thétis dite, L'Égyptienne, Seconde du Hell Ship. EmptyMar 19 Oct - 16:16

Léonie n'avait jamais été une femme qui savait se tenir tranquille. La preuve en était qu'à peine embarquée à bord du Hell's Ship, elle était déjà solidement tenue par les épaules par deux robustes jeunes femmes. Elle tenta de se dégager d'un coup d'épaule, mais les deux autres ne firent que raffermir leurs prises, lui arrachant un douloureux grognement. Elle serra les dents, leva son regard sur cette grande femme aux cheveux blancs en face d'elle et son sentiment d'injustice ne fit que s'accroitre. Elle s'était extraite des rues insalubres de Tortuga pour la liberté et que trouvait-elle en échange ? Un travail harassant et douloureux. C'était comme avoir troqué sa condition de putain contre celle d'esclave. Alors, elle s'était rebellée et elle en était là. Mais elle n'était pas décidée pour autant à se laisser faire. Avec un raclement de gorge discret, Léonie crachat sur l'une des bottes de Mary Bell. S'en suivit immédiatement un revers qui lui fit décrocher la mâchoire. Ses deux cerbères lui évitèrent de se retrouver à plat ventre sur les planches du Pont. Elle l'avait bien senti passée et ses jambes s'étaient légèrement dérobées avant qu'elle ne puisse se reprendre.
Mary Bell la toisait, le regard noir. Avec une extrême lenteur, sa voix s'éleva sur le navire devenu subitement silencieux, bien qu'affairé.

"Puis-je connaître la raison de ceci ?" fit-elle en désignant sa chaussure maculée de salive.

Il y avait mieux pour commencer sa journée tout de même. Mary venait à peine de mettre le nez hors de sa cabine que ce trio improbable s'était imposée à sa vue, ne manquant pas de la surprendre au passage, et la supposée captive avait alors laissé transparaître une apparente colère sur ses bottes.

" Ah ! Cela ne sied guère à Sa Majesté ?" vociféra Léonie. Elle ravala sa salive, au gout teinté de sang, et joua avec les muscles endoloris de sa joue. Mais s'il était bien une chose qu'elle refusait de ravaler, c'était bien sa fierté. " On est traitée comme des chiennes ici ! Vous n'êtes pas mieux qu'un de ses hommes qui nous bousculent sur terre, nous écartons notre fierté et notre condition d'humaine, au lieu de nos jambes !"

D'un geste vif et expert, Mary attrapa la putain à la gorge et rapprocha son visage.

"J'ai promis liberté. J'ai pas promis palace et domestiques."

Elle se recula et poursuivit d'une voix plus forte :

"J'ai promis la mer et ses richesses. Rien d'autres. C'est pas ma faute si tu as été aussi naïve pour croire qu'tu n'gagnerais pas ton pain comme tout le monde. C'est ça, la vie de pirate ! Tu en sues, tu en pleures, tu en rends tes tripes. Mais tu vis. J'ai promis qu'aucun homme ne vous souillerait plus. Voyez-vous un homme ici ?" Elle désigna l'ensemble du ponton de son autre main. "Je tiens mes promesses, mais vous êtes les seules capables d'accepter les termes du contrat."

Et tout aussi vivement, elle relâcha sa captive. Quiconque d'un peu sensé aurait troqué son orgueil contre la raison et se serait tu aussitôt. Car même en colère, Léonie ne pouvait donner un contre-argumentaire convainquant face à ça : c'était vrai. Alors, la colère qu'elle ressentait n'était peut-être plus contre la capitaine, mais contre elle même, qui avait été assez naïve pour espérer une vie plus facile. Seulement, quand on est accrochée par les épaules, que l'on vient de se prendre une gifle et qu'on se sent comme une gamine de dix ans qui se fait gronder, on arrive sans doute moins à faire la part des chose. Ainsi, avec véhémence, la jeune femme continua :

"Et vous ? Et vous, Mary Bell, vous salissez vous les mains ou ne faites-vous que regarder les souris que nous sommes se tuer à la tâche, protégée dans votre château d'or ?"

Mary s'était retournée, prête à reprendre son travail mais cette dernière bravade la stoppa nette. Ses épaules se mirent à trembler et petit-à-petit on entendit un rire se répandre. L'équipage avait cessé inconsciemment toute activité et observait la scène avec une anticipation morbide. Il y avait une autre fille qui avait aussi arrêté toutes ses activités. Mais plutôt que de regarder la scène, elle s'en défilait. Non pas que Margot avait spécialement peur de ce qui allait se produire par la suite, plutôt qu'elle voulait empêcher ça. Ainsi, à pas de loup, et sans que le reste de l'équipage ne s'en aperçoive, les yeux trop rivés sur la capitaine, elle se dirigea vers une chambre individuelle, où elle entra sans frapper.

"Me salir les mains... Tu veux que je me salisse les mains ? Soit."

Être seconde donnait ce privilège incroyable de la cabine individuelle. Une chambre très spartiate, oui. Dedans, on y voyait qu'une couchette, une malle et une table où quelques herbes finissaient de bruler, donnant une odeur exotique à l'endroit plongé dans l'obscurité. Et des livres. Beaucoup de livres.

" Thétis !!"

La couchette s'anima et un bras en sortit vaillamment.

"Fermer porte. Trop de lumière, pas assez dormi. Agressif pour yeux..."

Margot referma la porte.

"Pardon, mais on a un ennui avec Léonie.
- Léoniiiie... réfléchit la voix pâteuse. Ah oui ! La nouvelle, Léonie...
- Elle est en train de se disputer !
- Oh, ce n'est pas bien grave... Quoi, elle se dispute avec Castille ? Anna ? Elle se prendra une baffe et sans plus, les crêpages de chignon, c'est normal sur un navire de femme..." finit la voix en se rendormant. "Maître d'équipage pour çgnaaa..."

"Non, pas Castille, ni Anna... Elle se dispute avec Bell."

Margot pu alors entendre une inspiration horrifiée et quelqu'un qui tombe de sa couchette.

La Capitaine saisit l'un de ses pistolets, qu'elle portait croisés dans son dos, se retourna et plaqua presque violemment le canon contre la tempe de la belligérante.

"J'vais compter jusqu'à cinq pour voir..."

Dans la cabine, on s'agitait et on prenait de quoi se couvrir, à peine et on sortait avec précipitation.

"Oh et puis non."

Une jeune femme au teint halé courait à en perdre haleine, malgré la houle du navire, s'attachant à la va vite une chemise un peu trop déboutonnée pour être convenable, selon les dires de la société.

"Cinq."

Et le coup de feu partit. Tout le monde avait fermé les yeux, la détonation étant suffisamment puissante pour ne pas avoir à regarder. Léonie aussi avait réalisé et pâlit, à mesure que la sentence avançait. Et Mary Bell avait vraiment tiré. L'ex-prostituée commençait à sentir un liquide chaud couler d'entre ses jambes. Du sang ? Elle ouvrit les yeux et baissa le regard, avant de rougir de honte. Ce n'était pas du sang, c'était de l'urine. Elle s'était pissé dessus, littéralement. Ce ne fut que dès que ses joues se pourprèrent qu'elle se rendit compte de ce que ça signifiait. Elle était vivante ? Mary Bell lui avait-elle juste fait peur en tirant à côté ? Elle leva les yeux et vu le canon de l'arme, soulevé par une petite main fine, au teint halé.

Thétis, dit l'Égyptienne, se tenait sur la pointe des pieds entre Mary et elle, le canon de la terrible capitaine levé vers les airs. Si son visage n'avait pas trahit un instant de doute quand à sa propre vivacité, on aurait pu croire que tout était sous contrôle, et que les gestes de Mary Bell n'étaient qu'un petit jeu entre elles pour faire peur aux nouvelles.

"Halalaaaa, Ma Bello, encore un trou dans la toile que notre malheureuse maitre voilier va devoir rafistoler !"

Au loin, on entendit un soupir grognon de l'intéressée quant à ce surplus de travail.

Thétis, soupira en lâchant l'arme et se mit à l'aise sur ses pieds nus.

"Tiens, t'es réveillée, toi ?" remarqua la Capitaine tandis qu'elle posait machinalement le canon de son pistolet sur son épaule, prête à s'en resservir. Elle regarda son Second d'un air presque ennuyée.

Cette dernière finissait de s'habiller rapidement. Elle était jolie, la Thétis. Elle ne possédait pas cette beauté charismatique de sa capitaine, mais elle avait quelque chose d'agréable à l'oeil et surtout, surtout... elle n'avait pas du tout le physique à l'emploi. Déjà, elle était plutôt petite. Ou alors, c'était la grandeur de la capitaine Bell qui la rapetissait. Ensuite, elle était de corpulence moyenne, mais tout en forme et en rondeur. Une jupe qu'elle noua à la va vite dévoilait de petits pieds, de bons mollets et de belles cuisses et suggérait des hanches généreuses. D'un geste vif, elle s'attacha une écharpe autour de sa taille fine, mais néanmoins exempte de corset. Une chemise de lin enfilée à la va vite, qu'elle passa rapidement dans l'écharpe, laissait imaginer une poitrine bien faite et des épaules peu larges. Elle avait de petit bras, semblant dépourvu de muscles et un cou fin. Son visage était rond et encadré par une longue chevelure noire, qu'elle attachait souvent avec un foulard. Elle avait une bouche avec des lèvres charnues, en forme de cœur, souvent souriante et naturellement rose, un petit nez qui finissait en boule et de grands yeux noirs, entourés de longs cils, doux et calmes, gentils et dépourvus d'agressivité. Enfin, sa peau était halée, comme une native d'Égypte disait-on, rumeur que la jeune femme laissait bien volontiers courir, plutôt que d'avouer qu'elle était simplement brulée par le soleil marin.

Ce physique était assez loin de l'idée du pirate que l'on se faisait habituellement. Mais en plus, la demoiselle prenait soin d'elle, autant que possible et sa garde de robe était fraiche et colorée, composée de hauts à manches bouffantes et amples, souvent noués à la taille par des écharpes ou étoffes tout aussi colorés et des jupes fines et souples, qu'elle portait par dessus une culotte dont elle taisait l'existence. Elle se plaisait à se promener les pieds nus, mais s'imposait souvent de simple mocassins souples. Enfin, elle n'hésitait pas, parfois, à porter quelques bijoux sans valeurs. Pour dire vrai, elle avait plus le physique d'une bohémienne que d'une pirate. Même ses gestes étaient souples et mesurés, gracieux comme ceux d'une danseuse.

"Ouiii, commença-t-elle gaiment, la nuit a été dure, les vents et les vagues nous ont sacrément fatiguées, et je pense que tout cela a conduit à un certain énervement général ! En plus, ça se trouve, la p'tite a ses saignements...
- Non ! coupa Léonie avant d'avoir un doigt de la seconde sur la bouche.
- Silence, chérie. Et tout ça, reprit Thétis de plus belle, peut conduire à des paroles malheureuses, involontaires et ô combien irréfléchies ! Mais que la petite regrettera dans l'heure ! Ça serait dommage de lui empêcher de le faire, tu ne penses pas Ma Bello ?
-Foutaises !" répliqua fermement la Bell. "Elle savait parfaitement ce qu'elle jacquait. Il n'y a aucune excuse à avoir. Alors soit tu me laisses finir, soit tu t'en occupes. Mais je ne veux plus voir cette péronnelle sur mon navire. Vu que mes conditions sont inhumaines pour Mademoiselle."

Mary accentua le dernier mot en un rictus ironique et moqueur. Une légère vague de ricanement s'empara de l'équipage avant de s'estomper aussi vite qu'elle était venue.

"Oh, d'accord, accusa Thetis en apprenant petit à petit ce qu'il se passait. Mais tu sais Mi Chiedo, on est toutes à penser au début que c'est dur, qu'on en a marre et on se demande s'il ne vaudrait mieux pas passer par dessus bord, mais on finit par s'y faire ! Elle est jeune et fraichement embarquée ! Laissons lui le temps de se faire un peu et qui sait ? Elle deviendra sans doute quelqu'un de confiance !"

Mary la regarda d'un air sceptique avant de pousser un soupir.

"Fait c'que tu veux. Mais j'veux plus entendre parler d'elle. C'est clair ?"

La Capitaine remit son pistolet à sa ceinture.

"Très clair, tesoro ! Et tu verras que ta clairvoyance te sera un jour récompensée ! Et la p'tite en est très contente, hein ? Dis merci ! Dis Merciiiii ! Insista Thétis en serrant les dents.
- Me-merci. Articula avec peine Léonie.

Après un dernier regard, Mary Bell se détourna de la scène et eut un moment d'hésitation. Chose extrêmement rare chez la capitaine, mais qui pouvait arriver... surtout en pleine mer avec un équipage oisif.

"Vous attendez quoi ?! Le Saint Esprit ? Au boulot matelots ! Allez ! Plus vite que ça !"

Soudain l'agitation reprit. On se bouscula, s'emmêla les pieds dans d'autres pieds ou cordages et chacune retrouva sa place et son occupation. Mary gravit l'escalier qui menait sur le pont supérieur et alla prendre la barre. Si cela n'avait tenu qu'à elle, cette épisode serait déjà fini. Mais elle reconnaissait que parfois, faire un compromis n'était pas une mauvaise chose. Mais ce n'était pas spécialement dans ses cordes. Elle laissait ça à d'autres. Thétis par exemple. Elle savait très bien gérer ce genre d'évènements. Mary n'avait jamais eu à s'en plaindre en tout cas.

L'Egyptienne soupira de soulagement, posant une main sur sa poitrine. Elle se tourna vers Léonie, toujours tremblante et lui donna une légère tape sur la tête, comme pour réprimander un jeune enfant, avant de lui secouer le doigt sous le nez.

"Aloooors, on a eu peur hein ?" Thétis avait un ton taquin et un sourire aux lèvres. "Bon, on va aller quelques jours en fond de cale avec les rats, la puanteur et la faim au ventre car on l'a quand même bien mérité et on en reparlera un peu plus tard, d'accord ?"

Léonie n'eut pas le coeur à répondre tandis que d'un signe de tête, Thétis faisait un signe aux deux autres filles de l'emmener. Ou plutôt, de la trainer, vu l'état des jambes de la jeune pirate : on aurait dit du coton tant elles étaient molles.


Les deux jours en fond de cale firent se rendre compte à l'ex-captive combien l'odeur saline était agréable et fraîche. Enfin sur le pont, elle remercia la lune d'être la seule lumière disponible, le soleil lui aurait abîmé les yeux. Elle se sentait faible et chancelante, mais sa tête était étrangement claire : Léonie se sentait vivante et plus que jamais, elle voulu repousser l'heure du jugement dernier. Surtout que le sien ne serait sans doute pas très bon. Elle prit une grande inspiration et tenta de se redresser de toute sa hauteur, afin d'étirer ses muscles endoloris, mais une vive douleur lui fit renoncer à ce projet. Elle était restée deux jours entiers accroupie, enchainée et ses poignets étaient rougis et irrités. Mieux valait ne pas brusquer les choses. Au moins, à présent, elle était libre.

Il n'y avait pas grand monde sur le pont du navire, beaucoup étaient occupées à finir leurs corvées avant que la relève ne prenne la suite des évènements. De cela, elle était reconnaissante envers la seconde. Léonie n'avait pas grande envie de voir du monde. Ce qu'elle ne saurait jamais, c'était que cette libération tardive s'était faite suite à un rappel de son cas à la seconde, qui s'était alors exclamée "Ah, oui, flûte ! Je l'avais oubliée !". Quoi qu'il en soit, voilà cette dernière qui arrivait, avec un bol plein d'une espèce de soupe trop distillée à l'eau pour être vraiment nourrissante, mais toujours incroyablement bonne quand on avait faim. Léonie se jeta dessus avec avidité, se brulant la langue, mais trouva presque cette sensation agréable, passé ces deux jours. Thétis resta un moment à côté de la jeune femme, un sourire doux aux lèvres.

"Il ne faut pas lui en vouloir, commença doucement Thétis.
- Pardon ? s'enquit Léonie après avoir avalé une nouvelle gorgée de soupe.
- Mary Bell. Il ne faut pas lui en vouloir. Imagine, notre navire navigue grâce à plein de petit rien. Nous sommes toutes un élement important qui faisons avancer la machine. Si un élément bloque, alors, plus rien ne fonctionne." Thétis eut un rire léger. "Autant se laisser porter par le courant, mais je ne suis pas sûre que ça donnerait quelque chose de bon."

Léonie tâcha de réfléchir avec lenteur, tentant de comprendre où la seconde voulait en venir.

"Mais, articula-t-elle avec difficulté d'une voix rauque qu'elle même ne reconnue pas, mais moi, je ne fais que laver le pont.
- Oui, mais si tu te rebelles pour des conditions de travail trop compliquées, qui ne trouvera pas les siennes dures ? Si Mary se montre laxiste avec une personne, alors, qui ne voudra pas ce même laxisme ?
- J'étais un exemple, dans ce cas ?
- C'est tout à fait ça. Et crois moi, il vaut mieux un capitaine avec qui tu sais à quoi t'attendre qu'un autre qui laisse un cannonier faire rouiller ses canons et qui tue un mousse car il nettoie mal un pont. Avec Mary, au moins, tout le monde meurt, c'est très clair."

Léonie ne savait trop quoi dire. Doucement, elle continua de manger sa soupe, qui lui brûlait le palais, mais elle se sentait trop distraite pour s'en apercevoir entièrement. Sans trop se rendre compte que la nouvelle pirate n'écoutait pas, l'Égyptienne continua :

"Et il ne faut pas dire que Mary Bell ne fait rien. Ah, ça se voit que tu ne connais rien au métier de pirates, jeunette ! rigola-t-elle.
- Mais elle a voulu me tuer...
- Certes, oui, elle est un peu... directe ? expéditive ? Peut-être. Mais je suis là pour contrebalancer ! Et y'a le Maître d'équipage aussi !
- La simple cale m'a fait comprendre...
- C'est parfait alors ! L'affaire est close et...
- Thétis, pourquoi ne pas devenir capitaine ?
- Pardon ?" S'étouffa la seconde.

Léonie scruta la jeune femme, d'un regard perçant et intelligent. Ce n'était pas une simple parole en l'air, mais quelque chose de réellement réfléchit. Deux jours à ne rien faire, ça laisse du temps pour penser. Et Léonie était convaincue que c'était une riche idée. Car Thetis savait se faire respecter, mais avec beaucoup moins de violence que pouvait produire Mary Bell. La seconde était toujours douce, souriante, légère, amusante, calme, posée et réfléchie. Elle se montrait très juste envers les différents matelots qui composaient l'équipage et écoutait tout le monde pour tenter d'arriver à un compromis, en cas de soucis, quand elle se mêlait du travail du maître d'équipage. Et elle ne punissait pas en semant la mort à tout va, ses châtiments (qu'elle donnait comme on sermonne un jeune enfant) semblaient plutôt juste et personne ne se plaignait de son travail, qu'elle avait apprit à la dure. Elle aimait se cultiver, lisant des livres mais ne faisant souvent rien de ce qu'elle apprenait, ne mettant en pratique que peu de connaissance. Elle se montrait souvent diplomate et savait parler. Et elle savait même débiner ses belles paroles en plusieurs déclinaisons : elle parlait les langues courantes des Caraïbes, l'italien et commençait à comprendre les patois locaux, ce qui était pratique pour écouler la marchandise ou pour ne pas se faire avoir avec les prix. Même son caractère semblait signifier que Thétis n'entrait pas dans le moule du parfait petit pirate. Elle était joyeuse, investie dans son travail et en faisant souvent plus que ce qu'on lui demandait. Enfin, elle s'employait beaucoup à jouer les garde-fou avec la Capitaine, discutant et s'interposant entre elle et l'équipage, si bien que souvent, on se demandait comment elle s'en tirait vivante. Pourtant, sa loyauté envers Mary Bell semblait inébranlable, sans faille, mais et si ce n'était qu'une apparence ?

Car Léonie savait, aussi, que la jeune femme qu'était la seconde n'était pas si blanche que cela. Pendant les raids, elle tuait, maniant des dagues avec aisance, autant que n'importe quel membre du Hell Ship. Et certaine lui avait dit que la bonne humeur de la seconde serait un masque. Et si sa loyauté l'était également ?

"Capitaine... répéta pensivement Thétis.
- Oui ! Vous êtes douce mais autoritaire ! Et intelligente et débrouillarde ! Peut-être un peu frivole, mais ça s'arrange vite." lança Léonie, voyant que son poisson mordait à l'appât. Que ne ferait pas les hommes (ou les femmes) pour un peu plus de pouvoir ? " Si je sème quelques graines de discorde envers Mary Bell, je suis certaine qu'une rebellion pourra se faire !
- Mary Bell ?
- On n'aurait qu'à la tuer !"

Les yeux de Thétis s'arrondirent. Avec la lune en unique lumière, Léonie ne parvint pas à décrypter l'expression de la seconde, mais aussitôt, cette dernière se mit à sourire et une lueur brillait dans ses yeux tandis qu'elle posait un doigt sur la bouche de Léonie.

"Chuuuuuut, il faut faire d'avantage attention aux oreilles indiscrètes, quand on se lance dans de tels projets, ma mignonne."

Thétis attrapa Léonie par le bras, la tirant vers la figure de proue, vide et loin de tout regard. Les voiles étendaient leurs ombres sur les lieux, les vagues couvraient les sons, la houle permanente et forte dissipait vite l'attention. Là, Thétis adressa un nouveau sourire doux à la jeune femme.

"Un Hell's Ship sans Mary Bell, c'est ce que tu me proposes ?
- Ce que j'offre, corrigea Léonie. Un monde débarrassé de Mary Bell"

Léonie la sentait, cette sensation de victoire qui naissait au creux de son ventre, la tension de mener cette discussion, ce sentiment d'être vivant. Elle avait confiance en la seconde pour ainsi tout lui révéler et elle croyait en la cupidité de chacun pour savoir quelle réaction aurait l'Egyptienne.

"Un monde sans Mary Bell, continua Thétis, les yeux dans le vague.
- Et un navire voguant aux couleurs de l'Égyptienne.
- Quelqu'un est au courant de ton projet ? As-tu commencé ? Es-tu au courant de gens te suivant ? demanda l'autre précipitamment.
- N-non, vous êtes la première...
- Donc, personne n'est encore proche de trahir Mary Bell ? questionna Thétis en posant ses deux mains sur les épaules frêles de Léonie.
- Non, mais ça ne saurait tarder...
- Oooh, ma douce... Mais tu n'as rien compris ? Ce séjour en cale ne t'a rien apprit ?" Du bout de la main, Thétis caressa la joue crasseuse de Léonie, un sourire doux aux lèvres, approchant son visage du sien. "La prochaine fois, renseigne-toi mieux sur ce que tu dis, avant de dévoiler des projets insensés."

D'un geste net, Thétis l'égyptienne poussa la jeune femme par dessus bord, qui ne réussit à s'accrocher un peu plus qu'à son bol de soupe.

"Ah, il n'y aura pas de prochaine fois, semble-t-il."

Léonie tomba dans les vagues, sa dernière vision fut l'ombre de la seconde qui la regardait tomber par dessus bord, un sourire au lèvres, silencieuse. Et puis, elle disparu.

Penchée par dessus la rampe, Thétis cherchait du regard la jeune femme. Les vagues étaient fortes, la mer noire si bien qu'elle ne vit rien. Elle chuchota alors, s'adressant à la coque du bateau :

"Au secours..! à l'aide..! Quelqu'un est tombé..."

Mais le vent engloutit ses paroles. Thétis se redressa et haussa les épaules, se tournant vers le pont en observant la lune.

"Tant pis."

Car sous l'apparence de la douce Thetis se cachait bien une femme qui avait sa place sur le Hell's Ship. Pour elle, une vie n'avait guère plus de valeur qu'une chaise. Si elle cachait ce petit trait sous une couche de compassion et un masque de fervente amoureuse de la vie, de bienveillance, il n'empêchait que son cœur était froid, dur et qu'il s'ennuyait d'un peu tout. Pour elle, seule comptait Mary Bell. Elle lui vouait un amour sans borne et irrévocable, implacable. Mary Bell pouvait la rejeter, l'humilier, il n'empêchait qu'à jamais, Thetis lui serait dévouée et serait prête à tout pour elle. Elle l'avait sauvée. On ne peut qu'aimer à jamais celle qui vous a sauvée. On ne peut lui être que fidèle. Alors, qu'on lui propose de la tuer, cela faisait bien rire la seconde. La voix, la présence, le toucher de Mary Bell pouvait plonger la seconde dans une transe impensable, la plaçant sur un petit nuage qui la rendait alors incroyablement souple et légèrement distraite. Ce qu'elle semblait déjà être, mais peut-être n'était-ce qu'une mascarade. La jeune femme se jouait énormément des apparences. Peut-être que pour Thétis, rien n'avait vraiment de saveur sans Sa capitaine, rien n'avait d'importance. Même ce soir : elle avait poussé une jeune femme à la noyade, après l'avoir sauvée et débattu pour sa vie... Pourtant, la Seconde ne ressentait aucun remord. Voir le visage épouvantée de la jeune femme tomber, non, cela ne lui évoquait rien.

" Aaaah ! Le bol !"

D'un coup, Thétis s'arracha de sa contemplation lunaire et se tourna vers la mer qu'elle scruta furieusement. Mais il n'y avait rien d'autre que les vagues percutant la coque.

"Flûte." grogna-t-elle.



Avec application et minutie, la seconde versa l'infusion dans la tasse, la filtrant à l'aide d'un mouchoir pour ne pas avoir de résidus des plantes séchées qu'elle mettait dedans. On disait que ces brindilles fortifiaient le corps, donnaient bonne santé et longue vie. Thétis n'en savait trop rien, ce dont elle était sûre, c'était qu'elle en aimait le goût. Surtout quand elle le partageait avec Mary Bell. Elle leva les yeux et scruta un instant la salle, la chambre du capitaine. Le lit dans le fond de la pièce était défait. Mary n'était pas très soignée en terme de ménage. Son drap crème pendait sur le côté, la couverture rouge-bordeau, en plume d'oie, était chiffonnée et en boule vers les pieds du lit. Un seul pan des deux voiles était maintenu par la fine cordelette, donnant un effet d'invitation au baldaquin. L'énorme malle calée contre le bout du lit était ouverte sur un fatras de vêtements et accessoires. La Capitaine avait encore du y chercher le petit outil nécessaire à la finition de sa toilette, avec un soin du rangement très aléatoire. Soin que l'on pouvait retrouver sur son bureau en bois massif, sur la droite de Thétis et de l'entrée. Recouvert de divers papiers, lettres, cartes, manuscrit, livres, un pistolet qui faisait office de presse-papier et une lampe, on pouvait à peine y deviner le sous-main vert émeraude sur lequel Mary se reposait pour écrire. D'ailleurs sa plume crissait sur la feuille tandis qu'elle prenait des notes. Sans doute sur la direction à suivre ou les vents, ou simplement quelque chose qu'elle avait en tête. Assise dans son fauteuil à haut dossier en cuir matelassé, elle releva légèrement la tête et les yeux au doux son d'un liquide versé. Son œil gauche se plissa légèrement comme si elle retenait une réflexion, une remarque puis haussa légèrement les épaules et s'adossa confortablement.

" Tu sais, la mia regina, l'équipage se montre étonnamment zélé et obéissant ces derniers jours, commença l'égyptienne. C'est sans doute ton p'tit coup de chaud de la dernière fois."
"Ne me dis pas que tu vas t'en plaindre ?" s'amusa la Capitaine. "Oh et attention avec le thé. J'aimerai garder ma table propre... ainsi que mes comptes au sec. Merci" ajouta-t-elle quand Thétis eut fini de remplir leurs tasses.

Elle s'était installée sur la table ronde, à gauche de l'entrée. Mary y laissait traîner autant de choses que sur son bureau. Des quatre chaises qui accompagnaient ce mobilier, une était tirée et on pouvait y poser ses miches sans crainte, les trois autres étant couvertes de linges et babioles.

"Mais oui, Bello, je fais attention. Et non je ne m'en plains pas. Seulement, peut-être devrais-tu retenir ton... impulsivité ? témérité ? Au rythme où tu souhaites descendre les soucis, nous n'aurions bientôt plus assez de monde pour naviguer sur une barque.
-Au moins, nous aurions une barque très disciplinée." sourit-elle alors qu'elle posait ses coudes sur les accoudoirs et croisait ses doigts fins ensemble.

Thétis eut un petit rire fin et léger, qui laissa place à un sourire chargé d'affection.

"Ça oui, sans doute." Elle posa doucement une tasse devant Mary, poussant quelques affaires du dos de la main pour avoir un support stable, et s'adossa sur un mur à côté de la table, soufflant sur sa propre tasse trop chaude en observant le capharnaüm dans lequel vivait son capitaine. Prendre le thé avec elle était l'un des moment privilégié que la fatigue ne lui empêcherait jamais d'avoir. Même agonisante, en fait, Thétis se serait trainée dans la salle pour préparer une infusion. C'est un peu rêveuse qu'elle continua :

"Enfin, peut-être un peu plus de souplesse pour les nouvelles."

Car de la souplesse, Thétis en avait eut besoin, au début. Non, pas Thétis, se corrigea-t-elle. Fiorella. Qui s'en souvenait, de cette italienne du sud ? La seconde ne parlait que très peu d'elle-même, ou alors, par le biais de fabulations. On la savait Italienne aux surnoms qu'elle donnait à Mary, on la savait fille de marchands de tissus : on le voyait lors des transactions, elle avait l'âme (et les crocs) d'une marchande et une connaissance sur les tissus, volée à écouter aux portes. On avait entendu dire qu'elle avait été mariée. Personne n'expliquait sa présence sur une petite île, au sud de l'Italie et quand on lui posait la question, Thétis taisait son passé dans un sourire et se défilait.

Embarquée sans trop qu'on ne comprenne le pourquoi, elle avait passé les premières semaines à baver ses tripes par dessus bord. Puis une fois le pied devenu marin, il s'était avéré que la compagnie de la jeune fille était plaisante. Elle était souriante, insouciante, aimait animer les soirées en danses endiablées qu'elle disait avoir observées, s'enivrait d'histoires fabuleuses qu'on lui racontait et en narrait à son tour. Sa bonne humeur était toujours au beau fixe, même quand les temps étaient sombres et durs. Elle apprenait vite le métier et était énergique. Et suffisamment chanceuse pour survivre aux assauts. Car s'il était un souci dans la prometteuse carrière de pirate de Fiorella, c'était bien les batailles. La jeune fille en était tétanisée, n'arrivait pas se battre et réagissait mal au sang versé. Si bien que lors des attaques, elle se cachait, au pire, ou allait aider les canons, au mieux.

Quelque chose changea en elle quand l'Atalante alla trouver des colocataires écailleux. Quand Mary Bell fut capturée, presque exécutée. Quand elle monta ce plan insensé pour la délivrer et que, contre toute attente, ce plan fonctionna. De nouveau en mer, avec le Hell's Ship comme nouvelle maison, Fiorella, un peu trop innocente pour cette vie, avait cessé pour laisser place à Thétis : elle même, mais avec une touche de cruauté bienvenue. Dans le nouvel équipage, peu connaissait l'ancienne Italienne, beaucoup croyait à la nouvelle Égyptienne, celle qui tuait sans remord et cachait une main de fer dans un gant de velours. Et les rares qui se souvenaient de cette jeune fille paniquant à la vue du sang taisaient le sentiment de faiblesse que la jeune femme avait ressentit quand son amour avait faillit perdre la vie. Quand elle s'en était voulu de sa faiblesse et l'avait chassée, à coup de dague dans la gorge d'un gars. Était-elle triste de ce qu'elle était devenue ? Non, nullement. De haut de ses 28 ans Thétis aimait sa vie, sa libertée et par dessus tout, cette femme aux cheveux blancs avec qui elle prenait une infusion.

"En parlant de nouvelle, tu en as fait quoi de cette Léonie ?" s'enquit la Capitaine en sirotant tranquillement son thé.

Thétis sembla avoir un flottement, ce laps de temps duquel on sort d'une rêverie.

"Hum ? Qui ? Léonie ? Ah ! Léonie ! Et bien, elle a passé deux jours en cale, je l'ai libérée hier mais... " La seconde haussa les épaules, perplexe. "Depuis, pas de nouvelle. C'est étrange, elle a comme disparue. Les conditions de marins devaient être vraiment trop dure pour elle, peut-être qu'elle a mit fin à ses jours..."

"Ça valait bien la peine de gâcher une balle dans la voilure.
- Oh, ça évitera au moins d'avoir à laver le pont à cause du sang. Ça part pas facilement le sang, tu sais."

Thétis approcha la tasse, cachant ainsi le sourire de satisfaction qui étirait ses lèvres.

Spoiler:

Avec la participation de Mary Bell : un grand merci à elle ! (Ou pas ! è_é)
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MessageSujet: Re: Thétis dite, L'Égyptienne, Seconde du Hell Ship.   Thétis dite, L'Égyptienne, Seconde du Hell Ship. EmptyMar 19 Oct - 16:23

Moi je valide illico ! =D

Mais c'est aux grands chefs de décider, bien évidemment x)
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Louis de Nogaret

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MessageSujet: Re: Thétis dite, L'Égyptienne, Seconde du Hell Ship.   Thétis dite, L'Égyptienne, Seconde du Hell Ship. EmptyMar 19 Oct - 17:11


Je pense qu'on ne pouvait rêver meilleure Thétis. x)
L'histoire de la belle n'est pas très développée, mais cela viendra peut-être en RP, et le plus important, c'est que le personnage est particulièrement bien pensé !
Je te valide donc sans délai.
Merci ! ♥
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MessageSujet: Re: Thétis dite, L'Égyptienne, Seconde du Hell Ship.   Thétis dite, L'Égyptienne, Seconde du Hell Ship. EmptyMar 19 Oct - 17:37

* Change de compte.*

Merci Mi Chiedo ! (je tiens à préciser que je ne parle pas un mot italiens, mes surnoms, je les dois à Google trad.)

Et Merci M'sieur ! Oui M'sieur, c'est prévu pour l'histoire ! Je voulais surtout mettre ce que les gens savaient en général. :)

Merci pour cette rapide validation en tout cas !

* ça me manquait de ne pas risquer de m'emmêler les pinceaux avec les comptes, tiens ! *
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MessageSujet: Re: Thétis dite, L'Égyptienne, Seconde du Hell Ship.   Thétis dite, L'Égyptienne, Seconde du Hell Ship. Empty

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