Cap à l'Ouest !
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 Mary Bell - Tonight, we'll dine in Hell !

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Mary Bell

♠
Mary Bell

Féminin
Messages : 462
Localisation : Dans les parages
Humeur : Sanglante

Carte aux trésors
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Baratin de haute importance:
Mary Bell - Tonight, we'll dine in Hell ! Vide
MessageSujet: Mary Bell - Tonight, we'll dine in Hell !   Mary Bell - Tonight, we'll dine in Hell ! EmptyVen 3 Sep - 12:55

Acte I.
« I paid the price. »


« Nan mais tu sais qui c'est ? »
« Non et alors ? » répondit la femme, le regard plein d'envie.

Cela faisait bien dix minutes que la prostituée laissait courir son regard, surchargé en maquillage, sur le corps svelte du pirate accoudé au comptoir de la Taverne. Il était comme elle les aimait : élancé, un peu frêle, comme un défi s'ils en venaient à se battre, une haute silhouette. Il devait être grand une fois déplié de son tabouret. Son oeil expert savoura les muscles qu'on devinait à travers le tissu de son pantalon. Ses bottes de cuir avaient l'air aussi propre qu'elles le pouvaient dans une telle crasse. Sa taille était marqué par une ceinture de cuir à laquelle pendaient épée, pistolets et bourse, ainsi que d'une étoffe de couleur pourpre. Sa chemise de lin n'avait pour le moment pas été tachée. Il portait également une sorte de veston qui lui faisait furieusement penser à un corset. Mais elle rejeta cette idée. Ses longs cheveux d'un blond presque blanc dans la demi-pénombre de la pièce s'étendaient dans son dos jusqu'à ses reins. Il portait un bandana rouge sous son tricorne de cuir brun. Ses doigts plutôt gracile pour un homme agitait un verre de vin, comme s'il s'ennuyait.
Et bien s'il s'ennuyait, elle comptait bien le divertir un peu. Pour une fois qu'elle pouvait choisir son client, elle n'allait pas se priver.

« Lucinda ! Qu'est-ce que tu fous ? » la rattrapa son ivrogne de voisin de table.
« Lâche-moi ! »

D'un mouvement sec du bras, elle se libéra. Lui tournant ostensiblement le dos, la prostituée se dirigea avec l'assurance d'une chatte vers le bar. Elle entendit à peine son ancien compagnon jurer dans sa barbe qu'il s'en foutait, après tout, si elle se faisait tuer. Charmant. Mais de quoi avait-il donc peur ? Sa cible devait à peine faire son propre poids. Elle pourrait très bien s'en débarrasser si le besoin s'en faisait sentir.
Lucinda laissa derrière elle cet ivrogne et ses peurs grotesques, pour aller frôler le bras de son bel inconnu. Elle passa rapidement dans son dos et lui susurra à l'oreille une invitation qu'aucun marin n'aurait pu refuser. Puis, elle prit directement le chemin de l'escalier qui menait aux chambres à l'étage. Montant quelques marches, elle se retourna brièvement pour voir son pirate payer son verre et sa bouteille, attraper le tout et la suivre.
Un sourire satisfait aux lèvres, elle finit de gravir les marches et entra dans sa chambre, celle qui était juste en face de l'escalier. Tout juste décorée d'une tenture mitée, elle avait la sobriété de toutes les pièces que l'on pouvait trouver dans ce genre d'endroit. Un grand lit, un chevet, une table et deux chaises. Lucinda alluma le chandelier, ne se préoccupant pas des rideaux qui n'étaient pas tirés. Elle eut juste le temps de se retourner pour s'asseoir sur le lit que son invité était déjà là. Il referma la porte derrière lui et elle ne put détacher son regard de... sa poitrine. Par tous les saints ! C'était une femme ! De dos, elle n'avait pas pris la peine de le remarquer, mais son invité avait une voluptueuse poitrine que soulignait... son corset. Fichtre. C'en était bien un. Et à la lueur des bougies, elle put constater également que sa taille était loin d'être aussi étroite que celle d'un homme. Double fichtre.
Lucinda releva les yeux et sur le visage fin, une bouche vermeille aux lèvres pleines et charnues s'étirait en un sourire en coin, elle avait un long nez droit et fin. Ses yeux bleus couleur du ciel azuré n'étaient pas railleurs mais plutôt patient et la prostituée se surprit à rougir.

« L'inspection est finie ? »
« Pardon ! Je vous ai prise pour... »
« Ce que je ne suis pas, vraisemblablement. » coupa la pirate.

Prenant ses aises, elle tira l'une des chaises et s'y installa, posant ses pieds sur l'autre. Elle se servit un verre. Lucinda ne put s'empêcher de la trouver distinguée dans ses gestes. Ce qui n'était pas du tout courant chez les gens de leurs espèces. Puis elle se trouva sotte. Maintenant, qu'allait-elle bien pouvoir faire ? Elle ne pouvait décemment pas tenir la promesse qu'elle lui avait murmurer à l'oreille deux minutes plus tôt.

« Mademoiselle... »
« Lucinda ! » coupa la prostituée. Pas du tout habituée à la politesse.

La pirate fit à nouveau tourner le liquide rougeâtre dans son verre. Elle semblait pensive. Et la prostituée remarqua que ses cheveux n'étaient pas blonds, mais véritablement blanc. Pourtant pas une seule ride ne venait entacher son si jolie visage.

« Lucinda... Il me semble qu'il serait mal venue de votre part de ne pas réaliser votre part du contrat. »

Ses yeux bleus se posèrent sur elle et elle frissonna, comme au contact d'un acier froid et dur. La pirate reposa lentement ses pieds au sol et dans une même lenteur se leva. La prostituée ne savait plus où se mettre. Elle avait le feu aux joues. Et pourtant elle en avait vu du monde ! Et de toutes les formes ! Et de toutes les tailles ! Mais elle n'avait jamais été navigué sur ses eaux-là. Son cœur battait de plus en plus vite. Il semblerait que sa cliente ne l'entende pas de cette oreille. Elle s'approchait et vint se planter devant elle, entre ses pieds. Lucinda maudit le réflexe qui lui avait fait écarter les jambes à son approche. La pirate se pencha, elle s'obligea à ne pas bouger. Si elle s'allongeait, elle était cuite.

« Est-ce que tu sais ce qu'il en coûte de ne pas respecter ses engagements envers Mary Bell ? » lui susurra-t-elle à l'oreille, lorsqu'elle fut juste au-dessus d'elle.

Lucinda retint son souffle. Ses yeux s'écarquillèrent. Elle devint livide.

« Ma...Mary Bell... ? » chuchota-t-elle.

La pirate lui sourit d'un air entendu. Elle fit glisser son index le long de la ligne de la mâchoire de la pauvre fille. Cette dernière frissonna à nouveau.

« Le Capitaine du Hell's Ship...? » murmura-t-elle dans le souffle qu'elle avait retenu.
« Elle-même. »
« Mais... mais vous êtes une légende ! »
« Les légendes ont leur part de vérité. »

Lucinda n'en croyait pas ses yeux. Elle avait devant elle La femme pirate par excellence ! Celle qui pouvait tenir en respect n'importe quel homme, qui avait déterré nombres de trésors ! Celle qui s'était échappée de toutes les prisons dans lesquelles on avait osé l'enfermer, qui avait survécu à bien des naufrages, dont celui de l'Atalante ! Elle aurait même réchapper à la potence !
Lucinda déglutit.

« On vous croyait en pleine mer... »

Elle l'avait l'impression de tenter le tout pour le tout : la faire parler pour ne pas avoir à se coucher. Ne pas que l'expérience ne l'effraie mais c'était justement son manque dans ce domaine qui la retenait. La prostituée aimait être la spécialiste dans un lit, et non l'apprentie.

« Je fais escale pour remplir mes cales... »

Mary Bell avait toujours son sourire en coin et son index, après être descendu par la nuque, se promenait sur sa clavicule. Un frôlement. Rien qu'un effleurement. Et Lucinda sentait déjà une vague s'épanouir sur sa peau. Elle ferma ses yeux un instant, entrouvrit ses lèvres, ne pouvant s'empêcher de savourer l'instant, quand, soudain, elle sentit une bouche contre la sienne. Ce baiser fut si intense et si bref qu'elle n'eut même pas le temps de réagir.
Pantelante, elle resta là, assise, ses mains accrochées aux draps du lit, tandis que la pirate reprenait toute sa hauteur.

« J'en ai payé le prix. »

Elle alla jusqu'à la table, ramassa verre et bouteille et sortit.

Il ne lui fallut pas plus d'une minute avant de recouvrer ses esprits. Lucinda parvint à se lever, un peu tremblante. Palsambleu ! Elle lui avait coupé et le souffle et les jambes ! Grognant et pestant contre sa propre faiblesse, la prostituée alla à la table récupérer la bourse. Elle la pesa, puis fronça un sourcil et en sortit son contenu. Fichtre ! Elle avait dit vrai. Pas assez pour une nuit, mais juste assez pour goûter.


Acte II.
« Ring a Bell »

Mary sortit de la taverne... en chancelant légèrement. Bon sang de bois ! Elle ne tenait plus aussi bien l'alcool qu'avant. Il fallait dire qu'elle n'avait plus la santé de ses vingt ans, ni de ses quinze d'ailleurs. On était bien loin de la pirate sanguinaire qui se tenait fièrement à la barre de son navire. Elle tenait à peine celle de son corps. Reste ineffaçable d'anciennes blessures. La vie de pirate était bien dangereuse. On pouvait se sentir invincible à bord de son superbe navire, à voguer par delà les flots, sans se soucier de personne. Mais on n'était pas immortel. Et Mary en ressentait tous les jours le contre-coup. Titubant, elle se rattrapa aux murs de la masure. Ses vertiges l'agaçaient autant qu'ils lui donnaient envie de vomir. Elle avait tout l'air d'une ivrogne incapable de garder sa vinasse dans son estomac. Ce qui était d'autant plus rageant qu'elle n'avait pas bu tant que ça,. Juste cinq verres, à tout casser. Pitoyable. Pour une pirate, en tout cas.
La nausée aux bords des lèvres, elle fit à peine attention aux deux ombres qui se profilaient sous ses pieds. Grand mal lui en prit. La seconde qui suivit fut brutale et inattendue.
Mary s'étala de tout son long sur les pavés de la ruelle. Elle était sonnée mais pas inconsciente. C'est qu'elle avait la tête dure, cette maudite pirate.

« Prends sa bourse et on s'en va. » fit une voix grasse et masculine.
« Oh attends voir. Cette grand-mère a la peau vachement lisse... » lui répondit une autre, tout aussi aviné et masculine.

C'était bien sa veine. Déjà qu'elle venait de se faire exploser le crâne par un bout de bois et qu'elle voyait trente six chandelles, il fallait qu'en plus, elle se fasse insulter. Grand-mère ! Elle avait 34 ans merde ! C'était pas encore une vieille coque de noix vide ! Ces gros lourdauds allaient payer cet affront très cher et dans le sang ! ...Dès qu'elle pourrait se relever.

« Arrête de boire et dépêche. »
« Nan ! J'te jure ! »

Mary sentit qu'on la touchait et la retournait. Ça n'allait pas arranger sa nausée. Elle aurait aimer ouvrir les yeux mais le moindre effort dans ce sens lui envoyait des ondes de douleurs assommantes. Un mouvement brusque lui fit penser que son agresseur avait été surpris.

« Merde ! Putain de merde !! C'est Bell ! »
« Bell ? »
« Mary Bell, celle du Hell's Ship. »
« C'est ce qui s'appelle « Ring a bell » pas vrai ? »s'esclaffa l'autre abrutis.

Son compagnon partit en un rire gras et totalement dégoûtant. Mary, elle, n'apprécia doublement pas le jeu de mot. Britannique, elle avait parfaitement saisi la trace d'humour dans cette note d'esprit qui devait être rarissime chez ce type de personnage. Mais cela ne l'enchantait guère d'être prise pour une cloche. Ils allaient doublement payer.
Elle hésitait entre deux cas : céder à l'inconscience pour ne pas avoir à entendre plus d'âneries de ce genre et faire taire enfin cette douleur lancinante, ou bien rester éveillée pour parer au pire des scénarios.
Alors que sagement, elle optait pour la deuxième option et ouvrait ses yeux, tentant de se relever. Le rire des deux imbéciles finirent soudainement dans un horrible gargouillis.

« Ça va, Capitaine ? » demanda une voix connue.
« Castille ? »

Elle sentit qu'on l'aidait à se remettre debout. Mais le monde tanguait comme une chaloupe en tempête. Mary se raccrocha aux bras de la jeune femme et se haït immédiatement pour ça. Mary Bell ne montrait jamais de faiblesses à quiconque. Et encore moins à un membre de son équipage. Mais pour le moment, elle prendrait l'excuse du coup sur la tête, plutôt que ses propres vertiges.
Debout, elle surplomba les cadavres sanguinolents de ces agresseurs. Ses filles avaient fait du bon boulot. Rapide. Efficace. Et en silence. Mary cracha sur ses immondices. Elle aurait aimé s'en charger elle-même. Les faire souffrir longuement, encore et encore. Parce qu'elle en connaissait un rayon sur la torture, la Capitaine. Autant de ce qu'elle avait subit, qu'autant de ce qu'elle était capable de faire subir. Sa cruauté n'avait aucune limite.

« J'veux qu'on retrouve à quel équipage ils appartiennent. »
« A vos ordres Capitaine. »

Il était évident pour l'œil expert de la pirate que ces déchets de l'humanité étaient des marins et non des insulaires. D'un mouvement sec, le Capitaine se dégagea du soutien de Castille. La colère montait en elle aussi sûr qu'un marin descendait sa chope de bière. Ses nausées virèrent au second plan, ne laissant d'un torrent de lave dans ses idées. Elle ramassa son tricorne avec une rage contenue et le remit en place.

« C'est des français, je crois. » fit l'une des égorgeuses.
« Ouais. Possible... Tiens ! Ça s'rait pas à Levallois ça ? » rétorqua l'autre.

Elle tendit une plume vers la lumière qui perçait à travers l'épais vitrage de la taverne. Mary l'attrapa aussitôt, surprenant les trois femmes.

« Levallois... Capitaine de la Pérouze... »

Mary serrait les dents de fureur. S'il y avait bien une nationalité qu'elle ne pouvait supporter, c'était bien les français. Et surtout ce français là. Ce damné français !Autrefois Capitaine corsaire au service de son roi, il était devenu pirate en s'appropriant des biens et des navires sans ses lettres de marques. Cet odieux personnage avait osé la capturer et couler son beau navire. La sublime Atalante ! Un chef d'œuvre ! … Qui gisait maintenant au fond des eaux.

« Capitaine ? » s'enquit Castille après un moment de silence de la pirate.
« Ordre à tout l'équipage à terre. Trouvez moi cette raclure. »

Sa voix était froide et sans appel. Les filles frissonnèrent. L'instinct leur indiqua la peur, mais vint tout de suite après l'anticipation d'un beau carnage et d'une belle prise. Lorsque leur Capitaine parlait ainsi, il y allait avoir du feu aux poudres.
Les deux matelots s'en allèrent sur le champ à la quête aux informations. Seule Castille resta avec elle.

« Quoi ? » claqua la langue revêche de Mary.
« Rien. Mais je vous parie qu'elles vont revenir très vite pour vous dire que notre homme se trouve là où vous êtiez dans la soirée. »

Sur ces mots, elle vit sa rouquine se pencher et récupérer les bourses, toujours pleine, des deux cadavres.

« Ils n'ont pas encore dépenser toute leur solde. Donc ils viennent juste de rentrer au port. Et que fait un homme qui rentre juste au port ? »
« Il va voir les putains. »

Castille lui envoya les deux petits paquets. Sonnants et trébuchants. Elle en ouvrit une, retira quelques pièces et la rendit à son aide de camp. Les réflexes toujours aussi aiguisés, la rouquine n'eut aucun mal à la rattraper au vol et elle la fourra dans ses poches.
Puis, comme prédit, les deux matelots refirent rapidement leur apparition.

« Capitaine ! La Pérouze est au débarcadère. Levallois se vide les bourses à la taverne ! »
« Bien. »

Mary Bell dégaina son pistolet et se mit en marche. Ils allaient voir pourquoi il ne fallait pas chercher des noises au Capitaine du Vaisseau de l'Enfer.



Acte III.
« Welcome in Hell »

La porte de la taverne vola quand un méchant coup de botte la frappa de plein fouet. Mais cela ne troubla pas l'ambiance qui régnait dans les lieux : faite de cris, de chopes qui claquent contre le bois des tables, de raclements de chaises, de poings sur la figure de comparses de beuveries. Un sacré foutoir, mais tout à fait digne d'une auberge.
Mary, accompagnée de ses trois filles, se dirigea immédiatement vers le bar et attrapa le barman par la chemise. Elle le tira par-dessus le bar, pointa le canon de son pistolet sous son menton et le regarda droit dans les yeux.

« Le Capitaine Levallois, je vous prie. » fit-elle le plus poliment qui soit. Alors qu'il allait émettre un son, elle prit soin de l'avertir : « Et pas d'entourloupe, où ta cervelle de piaf ira repeindre ton plafond. Me suis-je bien fait comprendre ? »

L'homme sua. Était-ce de peur ? Ou bien la chaleur continuellement étouffante de sa bicoque ? Mary s'en fichait. Et elle n'allait pas patienter des heures. Elle chargea son arme en un affreux cliquetis.

« A l'étage, première chambre en montant. L'est avec une fille. » se délia aussitôt la langue du maître des lieux.

Elle le relâcha d'un mouvement sec qui le fit tituber avant qu'il ne retrouve son équilibre. Alors qu'elle venait de lui tourner le dos, mais toujours surveillé par ses matelots, il s'empressa d'ajouter :

« Tuez pas la fille ! J'en ai besoin ! »

Mais elle ne l'entendait déjà plus. Elle monta deux à deux les marches de l'escalier et dans le même mouvement que précédemment, elle ouvrit la porte à coups de pied. Celle-ci vola et claqua contre le mur faisant sursauter les occupants de la pièce. Le Capitaine Levallois, homme d'âge mûr, sensé être l'archétype du gentleman français, s'arrêta net de fourrager sous les jupons de sa prostituée. Il n'avait plus son pantalon sur la peau. La demoiselle, tout aussi ébahie, reprit ses instincts les plus basiques et commença lentement mais sûrement à s'éloigner de l'homme. Homme qui venait de se prendre un violent coup de fourreau dans le ventre, alors qu'il tentait de s'emparer de ses armes. Il s'affala au sol, plié en deux. La prostituée retint son cri entre ses deux mains.

« Capitaine Levallois... Il y a bien longtemps que nous nous sommes vus. »

Un coup de pied vint le percuter dans l'estomac.

« Mais le souvenir cuisant de notre précédente rencontre m'a laissé comme un goût amer en bouche. Chose que je n'apprécie pas. »

Un second coup fit retourner l'homme sur le dos. Il haletait, hagard, ne comprenant pas ce qui lui arrivait. La prostituée tentait de filer à l'anglaise mais un cliquetis la freina brusquement.

« Personne ne sort de cette chambre sans mon autorisation. Reposez vos miches là où elles étaient. Je ne le dirais pas deux fois. » déclara d'une voix sombre Mary en la tenant en joue de son pistolet.

Obéissante, elle s'empressa de rejoindre le lit et s'y assit. Mary coinça son arme à feu dans sa ceinture.

« Bon... sang. Mais qui.. ? » souffla Levallois en tentant de dévisager son agresseur.

Le fourreau de son sabre vint lui heurter la tête avec violence.

« Oh ? M'aurait-on oublier Capitaine Francis Levallois, commandant de la Pérouze ? Vous êtiez corsaire à l'époque où nos routes se sont croisées. Vous m'aviez mise au fer. »

Elle cracha ces derniers mots. Un nouveau coup atteignit sa victime. Grognant de douleur, il se recroquevilla. Jusqu'à ce que le son d'une épée que l'on sort de fourreau ne l'oblige à se mouvoir. Ses armes avaient été repoussées loin de lui, il tenta de reculer tandis que le fantôme d'une femme de son passé s'avançait vers lui. Il se cogna contre le mur et la lame s'abattit dans un cri de rage. Dans un réflexe, il hurla et leva ses bras. Malheureux geste. La lame le démembra sans heurt.
Le sang gicla et souilla ses vêtements. Mary surplombait la scène dans toute sa hauteur. La putain, qui s'était réfugiée dans un coin, sanglotait le plus silencieusement qu'elle le pouvait. Mais elle ne l'intéressait pas. Elle avait sa proie devant elle et elle comptait bien le faire saigner. Encore et encore !
Et c'était bien partie pour. Son avant-bras coupé jouait joyeusement le rôle d'une fontaine, mais cela n'arrêta pas la pirate qui fendit de nouveau l'air et la chair d'un autre coup de sabre. Cette fois-ci le torse fut touché et une large entaille le traversait en biais de haut en bas. Le sang monta à la bouche de Levallois, commençant à l'étouffer, mais Mary ne le voyait pas. Elle saisit l'un de ses poignards caché dans sa botte et planta la main valide de l'ancien corsaire, la clouant au sol. Elle attrapa ensuite son cuir chevelu et le fit s'abaisser à quatre pattes devant elle. Sa fureur n'avait aucune limite, sa cruauté non plus. Il l'avait bien cherché. Faire couler sa belle Atalante ! C'était un crime puni de mort. Elle était comme ça aussi Mary. Sentimentale. Et possessive. L'Atalante était son bien le plus précieux. Un navire comme en faisait plus. Il pouvait fendre les flots à une vitesse qui distançait tous les autres, ou presque. Il avait une fière allure, élancé mais solide. Mary l'aimait son Atalante. Mais on le lui avait pris. Arraché. En un mot : coulé. Et elle avait la rage. Une haine profonde pour l'ignominie qu'on lui avait infligé. Ignominie qui portait une signature : Claude-François dit Francis Levallois. Mary n'avait eu dès lors qu'une seule pensée en tête, se refaire et lui faire sauter la cervelle. Pour cela, elle dût s'échapper de la prison dans laquelle il l'avait enfermé, utiliser toute sa ruse et sa violence pour s'emparer d'un autre navire et foutre le camp de là. Elle l'avait rebaptisé Hell's Ship, car elle revenait de l'enfer et voulait y trainer ceux qui l'y avait envoyée. Rassembler son équipage lui prit du temps. Et après quelques chasses aux trésors, fructueuses ou non, elle avait décidé de faire escale. Ici. Au même endroit que cette pourriture. Hasard ? Mary Bell n'y croyait pas. Destin. Elle avait priée les dieux pour qu'ils le mettent à nouveau sur sa route. Et ils lui avaient répondus. Certes de manière assez inattendue, mais la pirate n'en ferait pas tout un plat. Elle prenait les occasions comme elles venaient.
Elle plaça la lame de son sabre sur son cou à nu. Il sanglotait, priait d'une voix faible pour sa vie.

« Pitié... pi...tié.. »
« La mort est une journée qui mérite d'être vécue. »

D'une lueur froide, elle leva son bras. Leurs pleurs redoublèrent. Il demandait pardon, offrait tout ce qu'il avait contre sa vie. Son jugement fut sans appel. Elle abattit son épée. La tête de feu Capitaine Levallois roula jusqu'à ce qu'elle se cogne contre un pied de chaise.

Puis le monde sembla de nouveau la pénétrer. Elle entendait une bagarre à l'étage inférieur, des cris, des coups de feus, des râles. Lentement, Mary s'approcha du lit et en saisit un drap. Elle essuya méthodiquement sa lame. La prostituée se terrait toujours dans un coin. Elle baignait dans la sueur et les larmes, mais la pirate ne s'en préoccupa pas. Après avoir rengainer son sabre, elle arracha le drap du lit, attrapa la tête et l'y enroula dedans. De son autre main, elle saisit le chapeau du mort et sortit.

Du haut de l'escalier, elle aperçut ses filles en train de se battre joyeusement dans le capharnaüm qu'était devenu l'endroit. Elles cognaient sur tout ce qui venait à leur portée, défendant les marches. La protégeant elle.
Sa voix s'éleva alors tonitruante dans le bazar.

« Mesdames, messieurs ! Le sieur Capitaine Levallois a perdu sa tête ! Mesdames ! » dit-elle en s'adressant à ses matelots. « Nous avons un navire à piller ! A la Pérouze ! » cria-t-elle en brandissant le paquet ensanglanté au-dessus des têtes.

Mary jeta le chapeau à ses filles. Castille le rattrapa et lança l'assaut. L'équipage sortit à coups de feu et à cris.

C'était ça la vie d'un pirate.
L'exaltation qui vous prenait le corps lorsque vous étiez proche de trouver un trésor, ou de votre ennemi endormi. L'adrénaline qui coulait dans vos veines durant la bataille, contre des hommes ou bien contre les éléments déchainés de la nature ! La vie ! Toute cette fugue, cette hargne. Toujours en mouvement, jamais ne se pose vraiment. Un pirate vogue à jamais sur les flots. Et le prestige ! La gloire ! La fortune ! La renommée ! Pour rien au monde, Mary Bell ne voudrait quitter tout ça.



Mary Bell - Tonight, we'll dine in Hell ! Sanstitre3su
    Ton prénom/pseudo : Mes parents m'ont baptisée Virginie.
    Ton âge : 23 balais dans un placard.
    Comment as-tu découvert le forum ? Grâce à Elizabeth-Charlotte et Serafin ^^
    Ta première impression : Très joli design ! Attrayant !
    Le code du règlement :Validé par Scarlett
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Jacques Maupin

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Jacques Maupin

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MessageSujet: Re: Mary Bell - Tonight, we'll dine in Hell !   Mary Bell - Tonight, we'll dine in Hell ! EmptyVen 3 Sep - 23:42

Bonsoir, bienvenue, et merci pour ta fiche =)

Vous êtes deux Mary Bell, donc le staff va délibérer un peu, on fait au plus vite, merci de votre patience ^^ et toutes nos excuses.
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Scarlett C. Lewis

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Scarlett C. Lewis

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MessageSujet: Re: Mary Bell - Tonight, we'll dine in Hell !   Mary Bell - Tonight, we'll dine in Hell ! EmptySam 4 Sep - 8:58

Bonjour ! Après avoir débattu entre admins, nous avons sélectionné ta fiche et ta candidature pour jouer le personnage de Mary Bell, car tu as su jouer le personnage comme nous l'attendions. C'est justement interprété et bien écrit, je valide donc dans quelques instant ta fiche. Bon jeu sur le forum !
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MessageSujet: Re: Mary Bell - Tonight, we'll dine in Hell !   Mary Bell - Tonight, we'll dine in Hell ! Empty

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Mary Bell - Tonight, we'll dine in Hell !

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