La vie de Lénore fut mouvementée et pleine d'accrocs. On connaît bien peu son passé et ici, on ne la connait que sous le nom bien commun de Mary Bell - plus l'appellation est commune en somme, plus facilement vous passez inaperçus ... Seulement voilà : Mary Bell passe difficilement inaperçue aujourd'hui. On lui connaît trop d'attaques, sur son compte courent trop de légendes, qu'elles soient douteuses ou non. Elle fut même capturée par des corsaires, un beau jour - et son ancien navire dont elle était si fière, la rapide Atalante, gît maintenant au fond des flots. Elle échappa de peu à la pendaison, s'échappant au petit matin - on ne sait qui a bien pu l'aider, mais on soupçonne sa seconde d'avoir été dans le coup. Cependant, toute une nuit à attendre la mort lui ont blanchi les cheveux : c'est qu'elle a beaucoup à se reprocher et beaucoup à fuir, celle qui, autrefois, fut Lénore Conyngham ... Ce jour-là elle vola un navire, et elle navigue toujours, aujourd'hui. Elle tait bien des choses, petites faiblesses que l'on se reproche, dans sa solitude, et elle cache sous sa cruauté de mise une constitution un peu faible, reflet de vieux vertiges et d'anciennes blessures ... Peut-être que cette violence, tant physique que morale, qu'elle déploie sur les autres n'est que le reflet de celle qu'elle exerce sans cesse sur elle-même, se reprochant sa faiblesse, réanimant sans cesse ses démons secrets ... Méprisant la plupart des hommes, défendant le droit des femmes à disposer d'elles-mêmes et à prendre leur destin en main, elle donne une chance à toutes ces malheureuses rejetées dans un monde par trop masculin. Et si elle connait les singeries de la séduction, ces poses malheureuses que l'on demande aux amantes quand le besoin s'en fait sentir, ses regards à elle murmurent une tout autre attirance : ses réels désirs sont pour les femmes.

Relations : Il y a entre elle et le capitaine Louis de Nogaret une rancœur dont personne ne connaît le fin mot. Point de conflit ouverts entre eux, mais une sorte d'accord tacite qui fait qu'ils ne se croisent jamais et ne s'adressent mot. Mary ne sait trop comment réagir face à l'admiration de sa seconde, elle la renvoie parfois, avec sa brusquerie habituelle ... Mais faut la comprendre, elle ne veut devoir rien à personne, Mary. C'est sans attaches que la flamme vive est heureuse ...

Bohémienne aux grands yeux noirs ... ? Allons bon ! Fiorella est fille d'un marchand de tissus de Gênes. Poussée par ce dernier, elle épousa assez jeune un apprenti prometteur qui, s'il laissait deviner un commerçant hors pair, était aussi l'archétype du mauvais mari. Quand celui-ci embarquait, elle fuyait, Fiorella, quitte à sacrifier honneur et réputation, pour contempler, sur les places bondées, les danses des gens de passage, rêvant de la vie de bohème, depuis son coin de rue. Et arriva ce qui devait arriver : son mari rentra un jour un peu plus tôt, favorisé par les vents, et la trouva, sous le soleil d'un bel après-midi à se bercer des chants tziganes ... Quelques temps plus tard, ils partaient, leur haine pour tout bagage, et s'installaient loin des tentations et du vice, construire sur une petite île du Sud une vie nouvelle. Et ... Arriva ce qui devait arriver. Un navire au pavillon noir approcha et vint piller le village. Fiorella s'enfuit, se trouva nez à nez avec Mary Bell, sabre à la main, regard froid et détermination sans faille. L'attendrit-elle, avec ses grands yeux noirs et sa robe simple de bergère ... ? Mary Bell l'emmena sur le Hell's Ship où elle commença une nouvelle vie. Sa peau brunie par le soleil, ses yeux aux longs cils la font passer pour une femme de voyage, pour ce qu'elle avait voulu être. Thétis l'égyptienne a appris le métier, s'est fait vite aux conditions difficiles de la vie en mer. Elle est maintenant seconde du capitaine.

Relations : Elle considère en son for intérieur que Mary Bell l'a littéralement sauvée, bien qu'elle n'ait pas été fondamentalement en danger de mort lors de l'attaque. Elle voue à son capitaine avec une admiration sans borne qui confine à l'amour - sans retour explicite, jusqu'ici. On ne sait au fond si c'est ce sentiment ou la certitude que l'amour empêchait la traitrise qui lui a donné cette place de seconde ...

Bram Clemens Alkemade est légende avant que d'être homme. L'on a craint, longtemps, lorsque l'on partait en mer, de croiser son grand bateau noir sortant de l'ombre ... Temps de terreur ! On murmurait, lèvres tremblantes, qu'il ne connaissait point Miséricorde ni Pitié, on clamait les soirs de veille que son équipage n'était qu'une armée de fantômes, qu'il menait vers la victoire, inexorablement ... C'est devenu une sorte de créature, le mythe supplantant le pirate et donnant à oublier ses années de passée, ses faiblesses et ses échecs. Qu'a-t-il fait pour s'orner de cette réputation ... ? On sait - quelques téméraires l'ont affirmé avec force, aux temps de sa grandeur, qu'Alkemade avait le goût et le talent des mises en scène. Son humour glaçant a marqué les mémoires ... Et après ... ?
Au faîte de sa gloire, ayant détrôné seigneurs des mers, régnant, grande ombre noire, sur les mers du Sud, Alkemade disparut. On le crut mort, on attendit, patiemment, les nouvelles ... Et puis l'on festoya. Le temps fit son chemin, de nouveaux pirates bien moins au fait de la légende trouvèrent leur place, et le petit monde à part de la piraterie reprit une vie normale, avec ses oppositions et ses trahisons. Mais prenez garde, car le vent tourne ...

[Note d'interprétation : Bon niveau requis. Nous vous donnons la légende. Nous attendons de vous que vous nous donniez l'homme. Contacter Scarlett Calypso Lewis avant de commencer à écrire l'histoire !]

Relations: Alkemade est revenu. On ignore toujours pourquoi il a disparu, on ne sait pas comment il a pu conserver son navire et son équipage, mais le revoilà. Il fréquente peu de gens à part son équipage, c'est certain. Certaines rumeurs disent qu'il traîne parfois sur Tortuga, observant d'un œil déterminé les navires à quai et qu'il interroge les gens sur les femmes pirates de passage... Mais ce ne sont que des rumeurs, que chercherait-il à terre ?