Cap à l'Ouest !
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 Scarlett Calypso Lewis | I'm not a woman, I'm a pirate.

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Scarlett C. Lewis

☼
Scarlett C. Lewis

Féminin
Messages : 1828
Localisation : A la proue de mon navire !
Humeur : Massacrante

Carte aux trésors
Amis, ennemis, connaissances:
Baratin de haute importance:
Scarlett Calypso Lewis | I'm not a woman, I'm a pirate.  Vide
MessageSujet: Scarlett Calypso Lewis | I'm not a woman, I'm a pirate.    Scarlett Calypso Lewis | I'm not a woman, I'm a pirate.  EmptyDim 1 Aoû - 19:16

Scarlett Calypso Lewis | I'm not a woman, I'm a pirate.  Sanstitre1zqu
    Commençons par ton nom... Scarlett Calypso Lewis est mon nom complet, mais tu devras me nommer capitaine. Ou capitaine Lewis, au pire. Si je te connais bien et que je t'accorde ma confiance, ce sera Scarlett, mais pas un diminutif affectueux qu'on réserve aux mignonnes petites filles ou aux perruches des duchesses !
    T'es pas un peu jeune pour être pirate ? Je dois avoir environ une vingtaine d'années, mais j'suis pas sûre de mon année de naissance.
    Et si t'étais pas libre comme l'air, tu s'rais chez qui ? Je ne connais pas mon pays d'origine. Je suis l'enfant de l'océan, ça me suffit. Je viens d'ici, de partout. Mais bon, les pirates qui m'ont trouvée étaient anglais, du coup mon nom l'est aussi.
    Et tu fais quoi de ta vie ? je suis le capitaine du Prince des Tempêtes.
    Et pirate, c'est une vocation ou t'as plus un rond ? Je suis née pirate. C'est tout ce qui compte dans ma vie, c'est ma raison d'être. Avant, il n'y a rien eu. Je suis pirate depuis toujours, et pour toujours. Jusqu'à ma mort.


Scarlett Calypso Lewis | I'm not a woman, I'm a pirate.  Sanstitre2dbg


    T'aurais pas une histoire à nous raconter ?

      - Jaaaaaaames ?
      - Quoi, t'es encore là, toi ? Qu'est-ce tu veux ?
      - Tu me racontes encore ?
      - Bon, d'accord, mais vite, j'suis censé réparer cette voile, là... C'est la dernière fois, j'te préviens !

    Une gamine sur le pont d'un navire portant le pavillon noir ? Non, vous ne rêvez pas. Vêtue de vêtements de garçon trop grands pour elle, elle s'est assise dans un tas de cordes et s'apprête à écouter son histoire préférée de la bouche d'un jeune matelot, son histoire à elle.

      - On avait accosté sur cette île, parce que le capitaine avait l'espoir de trouver un trésors dans la jungle. En fait, on n'avait pas d'idée précise de l'emplacement du trésor, mais il fallait repérer les lieux, je crois. Il y avait eu une tempête quelques jours plus tôt, on a supposé que c'était pour ça que tu étais là...
      - Sur la plage de l'île ?
      - Mais tu la connais déjà, cette histoire, à quoi ça te sert de l'entendre encore ? Bon, je continue.
      Donc ouais, quand on est arrivés sur la plage, on t'a trouvée. Tu étais dans un sale état, avec du sable partout, des habits trempés et déchirés, les jambes écorchées. T'étais pas consciente et le capitaine aurait pu te laisser mourir là, mais non. Il t'a prise dans ses bras et a continué à marcher vers le centre de l'île. Je crois qu'personne a jamais compris pourquoi il a pas tenu à te ramener à bord, où t'aurais gêné personne... Une chose est sûre, c'est qu'il a eu raison, comme d'habitude. Il faut l'respecter, l'capitaine, tu sais, il a toujours de bonnes idées, et puis il sent certaines choses, je crois... Parce que tu vois, une fois qu'on s'est enfoncés dans cette foutue jungle, au pied d'une montagne, on aurait été presque perdus, sans toi. D'un seul coup -Je l'ai vu, de mes yeux, gamine !-, tu t'es réveillée, et tu as hurlé. Surpris, le capitaine t'a lâchée, et t'es allée droit vers un point précis de la jungle où on t'a suivie discrètement (t'avais vraiment l'air d'une bête sauvage) et tu t'es mise à creuser. Tout le monde t'a prise pour une folle. Enfin, tout le monde, sauf le cap'taine, qui nous a ordonné de creuser. Il t'a écartée d'un geste bourru pour une petite fille comme toi mais bon... T'as vite reperdu connaissance en te débattant, tu devais être affaiblie par ton naufrage. En tout cas, à l'endroit où tu avais creusé avec tes ongles crasseux, on a trouvé un coffre, avec un trésor énorme ! Un coup de chance pour les pirates affamés qu'on était alors.

    Ce récit qu'elle adore, l'enfant l'a appris par cœur, et sa suite, aussi. Les protestations des matelots restés à bord devant cette femme porte-malheur qu'on amenait chez eux, les mots du capitaine qui leur avait imposé le silence, comment on l'avait couchée dans la grande cabine, sa longue convalescence, l'Anglais qu'on lui avait appris -très vite-, le noms qu'on lui avait donné pour parer la superstition des marins. Calypso, comme la déesse des mers. Elle était devenue la fille des océans, elle était l'enfant de la mer qu'aucune chaîne ne pourrait plus retenir.

    Elle rêve maintenant d'actes de piraterie féroce, de vent dans ses cheveux, libre et seule, et...

      - Scarlett Lewis ! Que fais-tu à traîner encore sur le pont ? En plus d'être encombrante et capricieuse, tu ne sais pas te rendre utile... La cuisine ne s'fera pas toute seule !

    Un soupir, des yeux gris lancés au ciel. Désolation. A sept ans, quand on est une petite fille entourée de pirates sanguinaires et pas tous bienveillants malgré une candeur séduisante, on obéit. Et on est mousse, au service d'un cuisiner revêche à la peau constamment moite, pas pirate maniant l'épée, la dague entre les dents. Du moins, pas pour le moment…

    * * *


      - Je suis Scarlett Calypso Lewis, et tu vas mourir pour m'avoir traitée de femmelette, sale chien ! Yaaaaaha ! Vlan !

    La petite fille a un peu mûri, peu grandit, mais bien changé. Elle est passée de la franche résignation à une détermination féroce.

      - La terrible Capitaine pirate Lewis transperce l'insolent entre les deux yeux, avant de se retourner pour couper la tête d'un ennemi qui allait la surprendre… ET VLAN ! Voilà une dague qui n'est pas passée loin… Un coup de pistolet règle le compte de ce traître, ce marin d'eau douce qui vise les gens par derrière…

    Un abordage sur le pont d'un bateau jonché de corps sans vie ? Une capitaine féroce et crainte qui se jette sur ses multiples assaillants ? C'est ce que l'on pourrait croire, en effet, et pourtant, nous sommes au milieu de la nuit, éclairés par la seule lumière d'une petite chandelle posée non loin de la sortie de la pièce. Quelle pièce ? L'immense cale du navire où Scarlett a été recueillie. Sa cachette, son refuge. Le lieu de toutes ses aventures imaginaires, et de son entraînement intensif. Car pas question de passer des nuits blanches sans qu'elles soient utiles à son projet d'avenir ! La jeune mousse a volé à un pirate une vieille rapière rouillée, qu'il ne cherche déjà plus et qu'elle cache jalousement au fond d'un tonneau de pommes dont personne ne veut, car un marin a eu le malheur de les prétendre empoisonnées. Elle passe donc ses nuits dans l'ombre, à proférer des injures contre des ennemis terribles et à manier l'épée dans le vide, avec une agilité et des réflexes de plus en plus fulgurants. Bien sûr, personne n'est au courant, on la chasserait du navire, si l'on savait qu'elle était coupable de vol et de mensonge. Personne ne sera au courant, avant le grand jour. Tout est déjà organisé. Confiante en son plan, Scarlett s'attaque à l'étape la plus longue : Devenir invincible. Cela prendra du temps, surtout toute seule, mais elle a du temps, et surtout, une volonté de fer.

      - Tu comptes t'enfuir, marin d'eau douce ? Ah, voilà pour toi ! Et toi aussi ! Paf ! Attention, ils l'encerclent, ils vont se jeter sur elle, ah, les traîtres ! Mais le capitaine Lewis n'a pas peur, et se jette entre les jambes d'un des pirates puants au moment où ils se jetaient sur elle ! Toutes ces ordures des mers sont par terre, capitaine ! Très bien, très bien ! Achevez-les ! Laissant cet immense honneur à ses fidèles compagnons, le capitaine Lewis se dirigea vers le capitaine de ces chiens…

    Malgré les interdictions du capitaine (elle n'est qu'une petite fille, tout de même !), elle sera pirate. Elle aura une vraie épée, un pistolet, et sera la plus douée pour les combats et la chasse aux trésors. Puis elle deviendra capitaine, parce qu'elle en a envie, et qu'elle sait que c'est le destin qui lui convient. Elle n'en aura pas d'autre, c'est comme ça. Elle sera crainte et respectée, pourra débarquer à Tortuga –ce qui lui est refusé pour le moment, elle n'est qu'une petite fille, voyons !-, boire de l'alcool fort, chanter sur le pont du navire, aura sa propre cabine, des habits à sa taille, et ne subira plus les ronflements de ses aînés. Elle sera capitaine et fendra la mer sur son immense bateau, en contemplant le soleil déclinant à l'horizon de la proue de son navire à elle. Elle en a décidé ainsi, et il n'en sera pas autrement.

    * * *


    C'est enfin arrivé. Le moment pour elle de prouver sa valeur. L'équipage est rassemblé autour d'elle et lui, sur le pont, goguenards ou compatissants. Lui, c'est le capitaine, qui la regarde avec un air difficilement déchiffrable, mêlé d'incompréhension, d'amusement, d'agacement et d'une pointe d'arrogance sagement refoulée. Il a accepté sa proposition plus par pitié pour la mimique suppliante mais déterminée de l'enfant. Elle veut un duel.

      - Bon, dis-moi franchement ce que tu veux, Scarlett, inutile de te ridiculiser, tu n'as jamais tenu une épée !

    On lui a prêté un beau sabre d'abordage, bien plus souple et léger que ce avec quoi elle s'est entraînée, mais ça ira. La jeune mousse garde le silence un moment, consciente de l'aspect théâtral de l'instant qu'elle vit. Savourant leur surprise future, quand elle aura dit ce qu'elle veut.

      - Vous m'avez dit, capitaine, que je n'étais qu'une enfant, que je ne serais pas pirate à moins de savoir manier l'épée, et qu'on apprend pas aux filles à manier l'épée. Alors je vais vous défier, pour vous montrer ce que sait faire une fille. Si je gagne, je serai une pirate de plus dans votre équipage, et plus une mousse.

    Un murmure désapprobateur parcourt la foule de forbans. Elle n'est qu'une petite fille, enfin ! On entend quelques éclats de rire, puis, indifférente, un sourire confiant aux lèvres, Scarlett reprend son discours une fois le silence revenu :

      - Autrefois, je vous ai aidé à trouver un trésor d'une valeur considérable, dont je n'ai jamais touché ma part. Vous me devez la moitié de ce trésor, car je l'ai trouvé moi-même, sans vous le donner vraiment. Seriez-vous un voleur ? Ce trésor m'appartient, si jamais je gagne ce duel. Enfin, quand je serai assez grande pour l'avoir…

    Quelques autres protestations, plus fortes, qu'elle n'entend pas. Elle n'écoute que son capitaine quand celui-ci, sans aucun commentaire, accepta l'offre de la petite fille. Certes, elle n'a qu'onze ans, mais elle doit maintenant apprendre à faire preuve d'humilité et à s'incliner devant l'autorité de quelqu'un de plus expérimenté, qui se trouve être en plus un homme et son capitaine !

    Les deux bretteurs brandissent leur arme. A la vitesse de l'éclair, Scarlett a repassé dans son esprit plus concentré que jamais sa stratégie. Profiter de la confiance de l'adversaire. Agir vite avant qu'il ne comprenne qu'elle n'est pas une débutante. Bondir. Le désarmer. Pointer l'arme sur lui sans lui laisser d'autre opportunité d'action. Aussitôt dit, aussitôt fait. Devant une foule silencieuse de stupeur, la petite fille de onze ans, la mousse qui récurait le pont, triomphe du féroce capitaine que tout le monde redoute pour sa force et sa rapidité.
    Les deux adversaires échangent un sourire. L'un est contrarié, certes, mais amusé par l'attitude de l'enfant, et fier de cette petite poupée enjôleuse devenue femme pirate. L'autre rayonne d'un bonheur explosif et de confiance, de vitalité et d'une volonté sans bornes. Etape numéro 2 : vaincre l'invincible. Terminée.

    * * *


    Des cris, de la lumière. Un craquement menaçant dans la coque. Scarlett, mal réveillée, tomba à moitié de son hamac, maudissant la couchette instable qu'elle avait toujours eu du mal à maîtriser. Dehors, les bruits continuaient. Le dortoir était vide. Depuis combien de temps ? Pourquoi ne l'avait-on pas réveillée ? Quels étaient ces gens qui se battaient sur le pont, au-dessus de sa tête ? Elle chercha partout ses armes, sans succès. On les lui avait prises dans la précipitation ? A moitié dénudée et non armée, consciente du danger qu'elle courait, la jeune pirate quitta le dortoir en quête d'une arme. Sans succès. Toutes les pièces du navire étaient désertes et vidées de toutes les armes qui y traînaient en temps normal. Elle s'arrêta dans la cuisine, dont l'atmosphère n'était pas la même sans la présence du cuisinier, sans la fumée odorante et les rires gras des pirates attablés.

    Parvenue dehors, elle fut frappée d'horreur. Ces corps, ces morts qui jonchaient le sol, c'étaient ses amis, il y avait là James, l'apprenti du maître voilier, là le cuisinier, un énorme couteau serré dans sa main encore crispée, et là le capitaine… Les envahisseurs, qu'elle ne voyait que comme des silhouettes à travers son masque de larmes d'horreur et de colère, se félicitaient et allaient investir les cales, piller les réserves de son navire, le saboter. Tout détruire. Non, impossible. Sans chercher à se cacher, sans penser à sa vie, elle empoigna un sabre qui traînait et se jeta sur eux, hurlant sa haine et sa fureur. Ils avaient tout détruit. Ses rêves, sa famille, son univers entier s'écroulait. Elle en tua un, deux, trois, quatre, puis ce fut noir.

      - Elle se réveille enfin, regarde !

    Tout tanguait. Était-elle allongée ou debout ? Mal à la tête… Des voix grasses. Des gens. C'étaient ses ennemis ! Elle se rappelait, un peu… Vite un sabre ! Non, pas possible de bouger. Mal au crâne, horrible…

      - Elle a pas l'air en bon état, hein ?

    Des rires grossiers. Petit à petit, lentement, elle reprenait ses esprits. Où était-elle ? Pourquoi ? Elle n'était pas morte avec les siens… Elle était attachée, ligotée à quelque chose d'immense… Certainement le mât d'un navire. Comme elle avait mal… Ils avaient dû l'assommer. Ses vêtements déchirés et ses cheveux emmêlés devaient lui donner une allure de mendiante, mais visiblement, ils avaient quand même éprouvé l'envie d'épargner sa vie. Ce qui ne présageait rien de bon pour la suite. Le vent fouettait violemment son visage, comme pour la sortir plus vite de sa torpeur. Les liens qui la comprimaient la faisaient plus souffrir chaque seconde, sans parler de l'humiliation que constituait le fait d'être saucissonnée au grand mât d'un navire de pirates goguenards, elle, Scarlett, future grande pirate, destinée à un avenir si passionnant et riche en aventures… Il fallait partir, tous les détruire. Il lui fallait une vengeance.

    Pleine de ce nouvel orgueil de princesse déshonorée, elle les toisa, la tête haute -ce qui était atrocement douloureux, mais qu'importe- sans mot dire. Elle attendrait, sans réagir. Ils n'étaient que des animaux, créatures à la bêtise sans pareille qu'elle fixait, débordante d'un mépris royal et hautain. Cette attitude fut accueillie par un rire franc, bourru mais moins détestablement vulgaire que ceux qu'elle avait entendus jusque là. Tentant d'apercevoir l'homme qui en était la source, elle tourna un peu trop brusquement la tête, lui rappelant sa migraine et la décidant à attendre qu'il vienne en face d'elle, sans se tordre la nuque.

      - En voilà, une jolie prise... Mes félicitations, M. Burnt. Détachez-la, enfin, voilà une bien drôle de manière de traiter la favorite de votre capitaine...

    La corde cessa de la comprimer, mais aussi de la retenir. Plus faible que jamais, Scarlett, se maudissant de ne pouvoir garder un certain sens de l'honneur, s'effondra sur le plancher rutilant du navire. Après... Tout devint flou, encore un fois. le monde tournait autour d'elle tandis que l'emportait le géant à la force colossale dans un endroit où il faisait chaud et où elle fut allongée. Et puis, estimant que la situation pouvait difficilement être pire, elle se laissa tomber dans un sommeil contre lequel elle ne put se battre plus longtemps.

    * * *


    Le hurlement du vent la réveilla avant le froid. Elle entendait aussi les vagues gronder derrière elle. Elle n'avait pas ouvert les yeux, mais sentait que malgré sa faiblesse, malgré son corps transi qui ne répondait plus à ses ordres encore flous, elle avait réussi. Immobile, elle sentait maintenant le soleil brûler sa joue gauche. Et contre la droite, elle sentait le contact rugueux du sable. Une plage, enfin. Intérieurement, elle jubilait. Elle avait gagné. Elle était libre ! Pourtant, elle avait maintenant une nouvelle entrave : son propre corps, qui refusait malgré sa volonté et ses larmes de désespoir, de réagir. Ne pensant plus à rien, elle tenta de se trainer hors de la portée des vagues, réussissant à reprendre le contrôle de ses bras et à se hisser de quelques centimètres. Elle avait du sable dans la bouche, dans les yeux, dans les cheveux, sous ses vêtements en guenilles, trempés. Il lui manquait une botte. Sur son visage couvert de cette poudre fine et aveuglante, seuls deux sillons se creusaient, deux traînées formées par ses larmes d'épuisement. Il était si stupide de se retrouver à bout de forces si près du but... Elle s'effondra à nouveau sur la plage. Ne plus penser. Ne plus agir, et attendre le miracle ou la mort. Secoués de frissons incontrôlables, elle sentait la chaleur du soleil s'imprégner en elle, sans pour autant lui redonner assez de forces pour se relever.

    Et puis soudain... Un bruit distinct. Régulier. Des pas. Le miracle ? Possible... Un visage bienveillant, des boucles de jais se penchent sur elle. Pas un mot ne fut échangé, et pourtant...

    Pourtant, quand elle reprit connaissance, elle n'était plus sur la plage. Elle entendait le vent, hurlant toujours au-dehors. Elle avait chaud. Enfin. Elle était sèche. Un feu crépitait à côté. La jeune femme était dans un lit, sous une montagne de couvertures. Autour d'elle, des centaines d'objets étranges, de bocaux au contenu non-identifiable -tant mieux, sans doute...- et cette femme qui veillait. Ce même air maternel qu'elle n'avait jamais connu. Elle remit en place les couvertures, posa un bol fumant à côté d'elle et sortit de la bicoque.

    Alors Scarlett, après avoir constaté qu'elle était propre, et vêtue d'une chemise de nuit trop grande mais d'aspect neuf et propre, prit enfin le temps de penser, de se rappeler.
    Elle avait longtemps été la poupée du capitaine de ce navire, l'Endeavour. Il l'enfermait dans sa cabine, lui trouvait de jolies robes et passait la nuit avec, déchargeant parfois sur son pauvre corps frêle sa frustration, sa violence ou sa soif de femmes. Oh combien de soirs, lorsqu'il ronflait, elle avait rêvé de l'égorger... Mais il fallait attendre le bon jour, elle aurait sa vengeance. Une vengeance complète. Sur tous ces singes stupides qui constituait l'équipage. Cela arriva enfin, un jour de tempête. Dans la cohue générale, elle parvint à se faufiler hors de la cabine -sa cellule- et sabota la barre, saccageant avec soin les mécanismes, puis se faufila dans la cuisine où elle trouva de l'huile, un peu rance, qu'elle répandit dans toutes les pièces inoccupées -tous les matelots étant sur le pont-. Elle sortit ensuite du poêle plusieurs braises qu'elle jeta là, puis elle partit en courant. Peu lui importaient maintenant les pirates l'interpelant, ils allaient mourir. Elle grimpa dans une chaloupe, sectionna les cordages qui la retenaient au pont, et s'enfonça dans les vagues tumultueuses. Le reste, elle l'a oublié. Combien de temps avait-elle erré avant de se retrouver dans la cabane de la magicienne ? Impossible de le savoir pour le moment. Rassérénée par le potage brûlant qu'elle avala à grands traits, elle retomba dans un profond sommeil qu'aucune soif de vengeance ne troublait plus, à présent.

    * * *


      - P… Pardon ?
      - Je veux un navire, j'ai dit ! T'es sourd ou quoi ? J'ai de l'argent.
      - Mais… Tu es une… fille, ma jolie…

    L'employé puant et dégoulinant de sueur s'approche de la jeune fille, un sourire suave et fade aux lèvres. Elle savait qu'obtenir un bateau serait difficile, elle ignorait devoir en arriver à ces extrémités… Dégainer un lourd pistolet de bronze, le brandir devant l'ivrogne et envoyer d'une voix forte un "et alors ?" menaçant finit pourtant par avoir raison du détestable individu, qui appelle son maître d'un ton aussi traînant qu'après une nuit de fêtes et de débauche, ce qui est sans doute le cas, d'ailleurs.
    Scarlett, après s'être remise de son naufrage et avoir remercié la mystérieuse Sowanna qui lui a à peine adressé trois mots, a visité la célèbre île de Tortuga, a goûté à l'alcool, à la saveur des lèvres d'un serveur aussi aviné qu'elle, s'est acheté des vêtements dignes de son nouveau statut de femme pirate futur capitaine et s'est dirigée d'un pas énergique vers le chantier naval. Elle est enfin arrivée au terme de son voyage de simple pirate. Bientôt, elle sera capitaine. Il s'en est écoulé, des années, depuis le jour où elle a battu son capitaine en duel, la petite Scarlett. Maintenant éprouvée par la vie, marquée par deux naufrages, l'éternelle sans attaches tente de se reconstruire des repères grâce au trésor promis par son mentor qui lui en avait indiqué la cachette avant le jour de cet abordage tragique...
    Scarlett a appris à se défendre seule, elle a appris à séduire ou à menacer selon les circonstances. Ici, cela n'a rien d'étonnant vu le personnage, la menace est plus utile. Elle l'est d'ailleurs souvent, mais Scarlett ne se lasse pas d'apprendre à ces hommes sûrs d'eux les bonnes manières; elle n'est pas une décoration de salon ou une occupation d'une nuit. Elle est aussi féroce qu'eux tous, aussi dangereuse que n'importe quel capitaine réputé et mérite les mêmes droits qu'eux. Elle est capitaine pirate, au même titre qu'eux, et il est temps pour elle d'obtenir le respect qu'elle mérite et de devenir quelqu'un.

    * * *


    Le Prince des Tempêtes. C'est ainsi qu'elle l'a baptisé, son fier navire dont le pavillon noir claque au vent, menaçant. Ensemble, ils ont vaincu bien des vents contraires, bien des navires prétendus invincibles… Elle le sait, à présent. Rien ne l'arrêtera plus. Personne ne s'opposera à elle sous un prétexte sexiste ou superstitieux. Plus personne ne rira en la voyant, un pistolet à la main, menaçante. Elle hisse chaque jour ses propres couleurs, hurlant un sanguinaire "A l'Abordage !". On la connaît, peut être même jusqu'en Angleterre où les enfants sont friands d'histoires de pirates. Elle ne laissera plus personne prendre une décision à sa place, et personne ne gouvernerait sa vie. Elle est enfin libre comme l'air, glissant avec légèreté sur l'immense océan dont elle prévoit les vents mieux que personne, cet océan qui l'a épargnée il y a si longtemps et jetée dans les bras de pirates. Peu lui importent, les dangers ! A elle, la liberté et le lointain horizon ! Elle laisse son destin entre les mains de l'océan et des vents qu'elle aime tant à retenir dans ses doigts écartés, , les bras étendus, à la proue du navire. Elle est libre, pour toujours…

      - Capitaine, nous arrivons en approche de Tortuga.

    Un léger un hochement de tête suffit. Jan Steed Mainwaring, son second, malgré sa mauvaise réputation, est un homme d'équipage parfait qui lui obéit parfaitement et la comprend sans qu'elle ait à insister. C'est de ce genre de personnes qu'est principalement constitué son équipage. Des solitaires, des marginaux. Ceux dont on ne veut pas, ceux qui portent malheur, ceux qui détestent suivre des règles. Bien sûr –et tant mieux-, il existe aussi quelques marins normaux, à bord du Prince des Tempêtes, des pirates comme on s'attend à voir, un peu ivres pendant les soirées où ils chantent sur le pont, superstitieux, bien que Scarlett leur ait appris à la considérer non pas comme une femme mais comme un pirate –leur capitaine, de surcroît- et appréciant plus que tout les escales à Tortuga comme celle qu'ils feront ce soir. Elle aussi se prépare à la fête, à rencontrer quelques vieux ennemis qui s'étonneront sûrement de la voir sans trésor à chercher, et encore en vie. Il est temps de se remettre en chasse, laissant là ses doutes sur le mystère de sa naissance et de son arrivée sur la plage d'une île déserte, ses traumatismes et son manque de repères… Un pirate, ça résiste, moussaillon !



Scarlett Calypso Lewis | I'm not a woman, I'm a pirate.  Sanstitre3su
    Ton prénom/pseudo : Clémentine (mon pseudo est Tangerine)
    Ton âge : 16 ans
    Comment as-tu découvert le forum ? Je l'ai créé !
    Ta première impression : Hm... Ouaaaaah, tout c'qu'on a à faiiiiire...
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Dernière édition par Scarlett Calypso Lewis le Lun 2 Aoû - 21:27, édité 19 fois
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MessageSujet: Re: Scarlett Calypso Lewis | I'm not a woman, I'm a pirate.    Scarlett Calypso Lewis | I'm not a woman, I'm a pirate.  EmptyDim 1 Aoû - 20:29

    Et t'es plutôt gringalet ou baraqué ?
    La première chose qu'on ne manque pas d'observer chez une personne, c'est son allure, sa carrure. La démarche de Scarlett est assurée, fière malgré sa petite taille et son corps svelte, un peu trop maigrichon. Ses formes, assez faibles, ne sont ni accentuées, ni spécialement mises en valeur par son accoutrement, mais les hommes semblent tout de même lui trouver du charme, à cette gamine mal habillée aux genoux impudemment dénudés...
    Pour commencer, son insolence, certainement. Ce défi des règles de la bonne société s'imprime même dans son apparence. Ces vêtements étranges et provocants, une veste courte, des bottes et une jupe dénudant ses jambes fines et rendues mates par le soleil, ces cheveux bruns bouclés par les embruns, lâchés au gré du vent et ce sourire de défi souvent fiché en travers de son visage d'ange, c'est vrai, lui donnent un caractère atypique.
    Le visage... Parlons-en ! Il est d'une finesse certes rare, et surtout dénué de tous ces artifices et peintures dont les élégantes et les filles de joie de Tortuga se parent, caricatures vivantes des Européens dont elles ne connaissent que des clichés. la peau du visage de la jeune femme, au contraire, n'est orné que d'un bronzage "vulgaire" et d'yeux dont la nuance est entre le bois de cerisier et l'or fin, illuminés d'une étincelle de vitalité et de jeu enfantin. Il n'est pas rare que ses lèvres fendues par la sècheresse des vents se plissent en ce sourire qui fait tout son charme et rend ivres de rage les plus orgueilleux, bien que se froncent souvent des sourcils fins sur un regard buté et renfrogné, ou simplement coléreux, selon la situation.
    Ayant pour seuls bijoux ses armes qu'elle garde toujours à porté de main, Scarlett n'est pas un être extrêmement coquet, mais elle est attachée à l'hygiène et tient à laver tous les jours sa peau dorée de soleil, contrairement à la plupart de ses marins, qui ne semblent pas gênés par leur odeur corporelle...
    Souple et gracieuse, sans vraiment y faire attention, Scarlett participe souvent autant à la navigation que n'importe lequel de ses marins et a par conséquent acquis, malgré sa frêle stature, une musculature correcte qui lui permet de défier un homme sans problème, ce qu'elle fait volontiers, bien sûr.

    T'es pas du genre à tenir tête au capitaine, au moins ?
    Si vous avez lu l'histoire de la jeune capitaine, vous vous serez sans doute rendu compte des traits principaux de sa personnalité. Récapitulons ensemble : Scarlett est un être déterminé, qui va jusqu'au bout de ce qu'elle entreprend. Quand elle prend une décision, quelle qu'elle soit, il est difficile de l'en faire démordre. Par conséquent, elle éprouve une sorte de mépris léger ou de pitié -selon l'individu- pour les êtres de la demi-mesure, personnages sans envergure qui n'ont pas le cran de faire ce qu'ils veulent.
    On peut aussi remarquer chez Scarlett son incroyable impulsivité, on a souvent du mal à savoir si elle réfléchit vite ou agit d'instinct. Souvent, c'est plutôt le deuxième cas. C'est un être d'improvisation, qui se fie à ses réflexes et à son sens de l'action. Car l'action, Scarlett connaît. Légèrement hyperactive, elle ne déteste rien autant que l'oisiveté et est allergique aux liens, aux cages et aux barrières diverses. Obsédée par une envie irrépressible de liberté, elle peut se montre destructrice si cela est nécessaire pour briser d'éventuels barreaux, qu'ils soient réels ou sentimentaux.
    Pouvant être aussi puérile qu'un enfant voyant la mer pour la première fois, c'est un personnage à plusieurs facettes qui ne cesse de s'émerveiller et de rêver. Et qui dit rêve, pour elle, dit but à atteindre. Inévitablement. Et ces objectifs vite atteints renforcent une forte confiance en elle qui lui sert de protection contre les gouffres qu'ont laissé en elle les troubles de son passé. Légèrement orgueilleuse, c'est un capitaine juste, qui sait être sévère envers ceux qui désobéissent. Presque autant qu'à sa liberté, elle tient à être considérée comme égale à n'importe quel homme. Inutile de tenter de lui marcher sur les pieds, de l'écraser ou de se moquer d'elle, vous seriez vite mis hors d'état de nuire. Ajoutez à cela une fâcheuse manie de provocation suggérée qui ajoute encore à un charme certain que la jeune femme utilise bien souvent. Collectionneuse d'amants, ne lui en voulez pas trop. Elle aime et se lasse tout aussi vite, se sépare et abandonne sans souffrances. Une vraie relation suivie pendant plusieurs mois, avec une seule personne, c'est une barrière, vous voyez ?
    Personnage ambigu, la jeune Scarlett. Partagée entre la sévérité que lui imposent sa condition, ses engagements envers elle-même et son passé et la personnalité infantile, séduisante et joueuse qui fut la sienne il y a longtemps, elle peut changer aussi rapidement d'humeur que la Mer elle-même. Méfiez-vous de l'enfant des océans...
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Scarlett Calypso Lewis | I'm not a woman, I'm a pirate.

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